L'ouvrage
regroupe les textes d'un colloque organisé à Montpellier, pour rechercher
ensemble la vérité occultée sur les "non-dits", les "tabous
interdits". Dans la première partie, la famille traditionnelle du Sud de
la Méditerranée est décrite dans des situations de mutation rendues possibles
par l'accès à l'école et par l'émigration. Les femmes passent de la soumission
à une prise en main de leur devenir [1].
Dans la seconde partie, on voit que le changement est à l'oeuvre partout même
dans la struture traditionnelle. Les femmes aspirent à devenir au plus vite
mères, et mères de garçons. Elles enferment leurs fils dans les rets de leur
tendresse [2]. Par
ailleurs, la fille intervient dans la filiation andogamique. Derrière la
tranmission ancêtre - père - fils s'en ache une autre père - fille (devenue
mère) - fils, qui exclut l'époux considéré comme un intrus [3].
La situation de la femme du Maghreb est plus complexe qu'il n'y paraît. Des
propositions sont avancées pour sortir de l'état de guerre des sexes. On peut
voir en quoi les lois, comme le Code de la famille algérien est une tentative
pour bloquer le changement à l'oeuvre dans la société. Pour sortir des peurs et
des fantasmes, il faudrait une reconnaissance mutuelle. La violence du fils
intégriste serait une tentative pour restaurer le patriarcat chancelant et le
remettre à la mère [4].
Les femmes composent avec les modèles de société et les doiscours qui veulent
les contenir. Leurs démarches pour se faire une identité et une place dans une
société d'hommes révèlent une complexité qui met à mal les clivages
habituels [5]. On
peut constater des changements comparables dans d'autres sociétés
méditerranéennes: en Espagne et en Grèce [6].
On peut regretter le faible nombre des études sur la rive Nord de la Méditerranée,
ce qui aurait permis plus de comparaison.
Zineb Ali-Benali
[1] Cf. les textes de A. Serhane et de A. Chaouite.
[2] La violence et la mysoginie seraient une réaction de défense contre la mère dévorante.
[3] Cf. les textes de M. Chebel et de G. Granguillaume.
[4] Cf. le texte de S. Khodja.
[5] Cf les textes de R.Touabli et D. Morsly.
[6] Cf les textes de M.-A. Rôque et K. Kazaris.