Dore-Audibert, Andrée et Khodja, Souad (Dir.), Etre femme au Maghreb et en Méditerranée, Paris, Khartala, 1998, 252 p.

L'ouvrage regroupe les textes d'un colloque organisé à Montpellier, pour rechercher ensemble la vérité occultée sur les "non-dits", les "tabous interdits". Dans la première partie, la famille traditionnelle du Sud de la Méditerranée est décrite dans des situations de mutation rendues possibles par l'accès à l'école et par l'émigration. Les femmes passent de la soumission à une prise en main de leur devenir [1]. Dans la seconde partie, on voit que le changement est à l'oeuvre partout même dans la struture traditionnelle. Les femmes aspirent à devenir au plus vite mères, et mères de garçons. Elles enferment leurs fils dans les rets de leur tendresse [2]. Par ailleurs, la fille intervient dans la filiation andogamique. Derrière la tranmission ancêtre - père - fils s'en ache une autre père - fille (devenue mère) - fils, qui exclut l'époux considéré comme un intrus [3]. La situation de la femme du Maghreb est plus complexe qu'il n'y paraît. Des propositions sont avancées pour sortir de l'état de guerre des sexes. On peut voir en quoi les lois, comme le Code de la famille algérien est une tentative pour bloquer le changement à l'oeuvre dans la société. Pour sortir des peurs et des fantasmes, il faudrait une reconnaissance mutuelle. La violence du fils intégriste serait une tentative pour restaurer le patriarcat chancelant et le remettre à la mère [4]. Les femmes composent avec les modèles de société et les doiscours qui veulent les contenir. Leurs démarches pour se faire une identité et une place dans une société d'hommes révèlent une complexité qui met à mal les clivages habituels [5]. On peut constater des changements comparables dans d'autres sociétés méditerranéennes: en Espagne et en Grèce [6]. On peut regretter le faible nombre des études sur la rive Nord de la Méditerranée, ce qui aurait permis plus de comparaison.

Zineb Ali-Benali


 



[1] Cf. les textes de A. Serhane et de A. Chaouite.

[2] La violence et la mysoginie seraient une réaction de défense contre la mère dévorante.

[3] Cf. les textes de M. Chebel et de G. Granguillaume.

[4] Cf. le texte de S. Khodja.

[5] Cf les textes de R.Touabli et D. Morsly.

[6] Cf les textes de M.-A. Rôque et K. Kazaris.