Cher Monsieur,
        bonjour à vous ! je vous adresse la sixième partie de " sous peine de mort " et grand merci à vous de ce que vous faites des textes que je vous envoie et continuerais à vous adresser si cela ne vous donne pas trop de travail -
         à bientôt
         messaour boulanouar                       
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84  ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
le soir tombe toujours au moment où la peur
étend
            comme une vigne au dessus de tête
ses branches de douleur
 
j’habite
un long pays de vieux silence
 
j’ habite
               un merveilleux pays
où la passion du jour et de l’éclair strident
commande
au songe clair de vivre
s’impose
à tous les yeux blessés
 
mais lui
mon pauvre frère l’homme est parfois si mesquin
que nous doutons parfois de la douceur de vivre
que nous pleurons parfois amertume en la bouche
d’ être soudain
                       sans voix
                                       et sans humain langage
que nos chagrins de nuit
laideur vécue comme une plaie
qui pue la mort
sur toute la distance aveugle
que nous somme tentés de mettre à la poubelle
tout ce pourquoi
nous avons cru juste de vivre
                      juste d’aimer
à perdre haleine et vie les hommes exploités
                                les hommes pétrifiés
                                tous les hommes jetés
hors de leur propre force
hors de leur propre danse
hors de leur propre image
 
tout ce pourquoi
nous tous
hommes fous de ce temps
nous nous sommes heurtés à leur prison de haine
dressée
entre le monde et nous
jugés d’avance
                        inaptes
au doux bonheur de vivre à la hauteur des hommes
 
tout ce pourqoui
nous aux ongles blessés d’avoir gratté sans fin
le mur de la caverne atroce
le mur de la cellule infecte
nous aux yeux délavés par le spéctacle étrange
des hommes pris de froid
 
nous aux larmes de sang
                                      perclus
                                      dans l’hiver au chagrin
à l’heure grise
des hommes pris par le vacarme
du monde qui s’écroule autour de leur vengeance
 
à l’heure juste
où monte un autre monde à l’assaut de l’humain
 
nous connaissons
                            le chant désert
                                                    l’amour blasé
                            minuit
                                          dans l’ inertie du jour
                            minuit
                                          aux algues solitaires
                            minuit
                                          aux froides tentacules
                            minuit
                                          qui ne veut pas mourir
 
 
nous connaissons
                            la mort
                                         aux ignobles potenses
                            la mort
                                         aux multiples étoiles
                            la mort
                                        à l’aube
                                        au pied du mur sanglant
 
nous connaissons
la joie
de dire au monde entier le nom de notre exemple
de dire à tous les gens
que notre espoir avance
que nous quittons ce temps de mort et de démence
pour un plus beau rivage où vivre est un véridique
 
 
 
85  ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------       
 
vous savez bien
que vous êtes des loups tentés de chair humaine
que le grand feu de glace où nous gisions malades
se transforme en révolte
                                    que vous ne pouvez rien
contre la vigne du sang juste
qui multiplie
les raisons de chanter
                                    que vous ne pouvez rien
contre le blé qui lève entre leurs mains tenaces
la blondheur de sa joie
 
blondeur
qui monte en frissons de douceur dans la lumière
enfance dans nos yeux fertiles
enfance aux lendemains de chansons et de roses
enfance aux vertes rives
où l’homme se décide à prendre dans ses mains
sa vie
pour l’ordonner
et pour la mettre au clair sans ce monde possible
aux tueurs du mensonge où l’homme est exploité
où les pauvres pouilleux dont j’exalte la force
savent déja que sur la terre
où votre nuit semble à jamais
en place
rayonne rouge ardente étoile
la vigne de leur sang fertile
car déja sur la terre
le jour s’installe dans leur maison de noble éclair
et lime
calme et patient
les tragédies nocturnes
                                    qui furent son destin
 
 
 
86 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------                                                                                                                 
 
 
j'ai vécu dans la peur au temps fou du silence
quand la crainte vivre était l’enfer commun
 
j’ai connu le silence aux floraisons subites
aux lèvres de l’angoisse où se dessine un cri
sanglot de mort brutale
                                  qui brise en la poitrine
ce mourir sans visage à toute heure du temps
 
douleur de se mentir à l’aube
sur la bouche d’outrui
et rampe au plus bas de soi même
un homme comme un chien où meurt notre altitude
 
j’ai connu ce malheur qui pleuvait sur mes nerfs
hors de toute ma force
où chair brisée neige coupable et jour violent
je me construis
grave et sonore enclume où le marteau se brise
au plus secret de ma faiblesse
au lieu de mon épreuve
à l’heure où l’étranger marchait sur ma lumière
m’écrasait de son ombre et gravissait mon sang
dans un torrent de glace
où ma réplique
n’était plus un refuge où me cacher des autres
 
réplique 
combat
hauteur où je plantais ma vigne
            sur mon côteau paisible
hauteur où je gagnais mon pain
            au plus haut de ma fête
où je m’impose au maitre et donne un sens de feu
qui me couronne humain dans toutes mes démarches
 
 
 
87 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
j’ai vécu dans la peur au temps fou du silence
que l’on tissait sordide autour de mon visage
dans un vacarme infecte
de nuit sanglante et de torture
                                                affreux reptile
homme au regarde grisâtre et dur
                                                pauvre uniforme
douleur sans lendemain de joie
pétrie
de mort obscure
où nous chantions sevrés
de notre propre image où nous étions de l’ombre
 
j’ai marché dans la peur
j’ai chanté dans la peur
où j’ai connu sans halte
dans la tristesse
le froid de vivre et le mensonge
toutes les peurs
la peur de vivre
la peur de travailler pour rien
pour les nantis
pour les repus
la peur de voir mon sang se changer en devises
 
de voir ma vie
se transformer en cauchemar sanglant et triste
 
de voir ma rue détruite
de voir mourir les yeux où notre enfance veille
pourris
crevés de nuit
 
la peur
de ne pas être
 
la peur
de n’être pour toujours que mon propre fantôme
perdu dans la pierraille où je ronge mon sang
pour signifier
mourir dans un désert de pierre
mourir sans comprendre ma mort
 
mourir
dans un nuage
sans aucun sens humain sans aucun espérence
 
mais j’ai vaincu la peur
où je n’étais que chair malade
que vie rompue de nuit liquide
que terre sèche en proie au sel
 
pour être
sans plus jamais me taire
sans plus jamais fermer le livre
où chaque Page
ouvre le sang à l’aube en fête
où je me fonde humain sans nul autre lignage
 
 
88 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
O vous que j’aime
ne laissez pas le froid vous engourdir le coeur
ne laissez pas mourir les fleurs de vos jardins
le chant appris à l’aube
la braise sous la cendre froide
 
sachez
que le vieux monde existe et se prolonge encore
par la nuit du chômage où l’on perd son vaisge
par la misère au coeur de louve
                                                  par la violence
aux yeux pourris de lune atroce
                                                  et la prêtraille
qui sermonne le pauvre et l’envoie paitre au ciel
dans les verts pâturages
 
sachez
que le vieux monde existe encore
pour durer contre vous comme un mal sans remède
                                 comme pluie de sang triste
 
pour durer contre vous
maitre de votre espoir
          de vous et de vos mains
maitre du songe simple où vos yeux sont blessés
pour durer contre vous logés dans la tristesse
des taudis sans fenêtre et des saisons de glace
 
frères de songe au chemin clair
les loups disparaitront comme l’herbe mauvaise
 
le jour viendra panser la plaie
que nous avons au coeur
et nous pourrons
braver
les neiges de l’absence
vivre et mourir sur terre et sauver notre image
 
mais saurons nous jamais
palper de joie le coeur du peuvre
et grandir dans les yeux de toute enfance claire
 
renaitre
vergers sonores
printemps rugueux et vrai comme amandier en fleur
 
renaitre
amour en marche
 
hommes clairs de courage homme vrais de lumière
et source douce
où nous pourrons parler
de tout ce qui nous aide à vivre
 
ce jour viendra
nous apprendrons ensemble
la joie d’être sur terre un éclair d’innocence
 
la mort
la vieille mort
qui tue les pauvres gens avec des armes neuves
 
la mort
nous deviendra étrange
 
 
89  -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
m’endormir face au ciel par un jour de printemps
au bord
de la rivière
et laisser ma pensée couler comme eau calme
vers la mer fraternelle aux hommes de frontière
 
m’endormir face au ciel par un jour de printemps
et laisser ma mémoire
se noyer dans ce bruit qui ressemble au silence
et regarder
les nuées se dissoudre en l’azur
et noyer dans mon ciel intéreur
les soucis de ces jours vidés de leur substance
leur dernière raison de survivre en mon coeur
 
m’endormir face au ciel par un jour de printemps
au creux
de quelque vieux mensonge
 
et ne plus rien connaitre
de vos haines de chiens
 
 
90  -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
c’est pour avoir connu la fuite des regards
                                la fuite des nuages
                                la fuite des paroles
que nous sommes punis à demeurer plus nus
que le nuage et la parole
et le regard de l’homme où se déchire un monde
 
c’est pour avoir conu l’exil et sa tristesse
qui sillonnent les corps de la patrie en peine
que nous chemins fermés se taisent dans la nuit
 
c’est pour avoir connu le temps de long mépris
la nuit aveugle
et les chansons des nids de l’impossible amour
que nous ne pouvons plus
nous taire
et laosser faire
les hommes sans pardon les hommes sans honneur
qui ont vendu leur âme et leur plus haute image
au tarif de la honte et du mépris de l’homme
 
c’est pour avoir été trahis
                            trompés
                            brusqués
que nous pleurons parfois l’amitié des prisons
les ombres de ce temps où nous fûmes blessés
marqués
de rouges cicatrices
parmi les tragédies du sang
                                versé
au nom de bien
au nom du ciel
au nom de dieu
au nom de l’or
au nom de rien
que nous aimons chanter la légende du peuple
aux choses indicibles du jour qui nous habite
                                et de l'horreur  infecte
où nous errons en mal de vivre en un seul jour
toutes les roses
tous les jerdins
tous les vergers
tous les signes humains
                                    tressés
                                    pour effacer l’horreur
l’épine
dans l’amitié confiante
la boue graciée
                       la boue qui recommence encore
dans l’inertie du jour
 
un cri perce la pierre où dorment les oiseaux
et les barques lascives
 
un cri perce la pierre
de l’enfance oubliée sous les algues du temps
 
un cri neige sur terre et pénètre les coeurs
des maisons endormies sous le gel du silence
que déchire un oiseau
                                    moment fragile et clair
un cri touche la terre
 
nous changeons de maison
                                        de voix
                                        de songe de langage
et nous changeons de peau
et nous gagnons
la vie
 
mais vous
                monnaie incuse épouvantails de mort
où l’homme est un infirme
en mal
            de patrie intérieure
 
avec des mains de neige tendre
vous faites des poings pour frapper les visages
 
de nos outils
vous faites des engins de mort
des sourterrains pour notre mort
 
mais nous vivons
nous calcinons des fibres de l’angoisse sourde
et nous passons
ivres de mort vaincue
ivres de vivre
contre ce monde
rongé de lèpre et de blancheur
                                en proie
aux fêtes du bonheur
que notre rage invente pour survivre au froid
où notre peuple a pris naissance
pour chanter sa lumière en la douceur de vivre
en son lieu de printemps au visage exemplaire
 
90  --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
frère
homme écorché de vivre
forggeron du bonheur dans l’acier des prodiges
soldat de guerre juste
orfèvre de l’histoire
terrien au doux visage
chômeur au regard simple malgré les outrages
voleur des certitudes claires
 
je vous parle ce soir pour apprendre de vous
le front de suie
                        le front humain qui s’illumine
 
je viens
pour apprendre de vous l’orage et la tempête
face au crime du monde
 
à l’heure
où l’on égorge autrui au profond des prisons
 
à l’heure
où nous devons chanter pour démasquer la haine
on marchande le sang
 
on négocie
avec les assassins du peuple
ce que coûte l’absence et le poids du silence
où je tourne mes yeux
où mon regard se porte
la terre est un volcan
 
je regarde en ma mémoire
                              un cri
 
est il un coin secret
où nous pourrons dormir dans un jardin de paix
car il neige sur terre du feu
des bombes au phosphore
car le malheur est gris
car la faim est atroce
car la rouille de vivre est un automne absurde
 
en vous
en nous
en tous les gens
surpris de nuit lugubre un homme est prisonnier
                                 un homme est sans espoir
 
il est temps de chanter notre temps de justice
 
car le temps est venu
de dire
nos certitudes simples
nos certitudes de jeunesse en armes
 
car le temps est venu
de dire
que l’homme est un soleil fécond
que l’on ne peut souiller sans briser le miroir
et sans ternir la source
où nous boirons un jour l’espoir des multitudes
l’espoir des pauvres gens à la langue déserte
notre espoir en fureur
 
un âtre
pour nous assoir autour
présence dans la steppe triste du vieux monde
où nous serons le lieu de toute chanse humaine
 
 
91 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
j’ai de la peine à vendre
à troquer contre un rien
sourire en fleur présence humaine
main de douceur tendue vers ma plaie d’ombre nue
peine à geler rire et chansons de perles tendres
 
peine à offrir
comme un boquet de fleurs de nuit
 
ornez en vos sépulcres
amateurs de tristesse
endormis dans la peine à vous briser sur place
 
qui veut souffrir à vide
                       à bon marché
qui veut de mon poison mortel
 
qui veut
vivre avec moi
la destruction de l’espérance
 
ô peine
ô vague obscure et froide
 
flocons de vieux silence que mon coeur abrite
un temps ignoble et vain plante en ma vie sa haine
ma vie foire de fous
                            où je ne connais plus personne
 
ô peine
ô lourd opium
où nous années perdirent leur couleur vivante
que puis je faire sinon me taire
                                            et rendre l’âme
 
et que le coeur éclate sous le gel nocturne
si nous ne savons plus l’abriter du malheur
 
et que la mort
nous prenne notre unique enfant
si nous ne savons plus chasser de nos refuges
ce spectre froid et noir
 
et que la lamp éteinte
n’éclaire plus aucun visage
 
 
92  --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
à l’horloge impassible
où le temps se dévide
en heures de tristesse
en jours de lente joie
quelque chose me happe
quelque griffe inconnue
 
je me regarde en peine
où gisent des cadavres
homme brisés
                        perclus
                                    de solitudes creuses
rendus
mangés de nuit et de blancheur
 
leur mort rythme mon sang
je n’oublie pas leur sang
 
leur mort rythme ma peine
comme une eau noire
que nul espoir ne lisse 
sombre chemin où nul ne passe
 
j’ai tant denuit au coeur que nul être sur terre
m’entendra mon silence
car nul être sur terre
ne peut rêver pour mon visage
qui ne peut plus rêver des moissons de bonheur
qui se dressent partout hors des cavernes noires
où je pleure en secret le plus lointain rivage
 
fusil
je suis à ton service
pour toute guerre au crime
 
soleil
je suis à ton service
pour toute guerre à l’ombre
pour effacer du jour
ces paysages
où l’homme est un bandit un mercenaire ignoble
 
ces paysages
où l’homme est devenu plus petit que lui même
 
j’ai tant de nuit sur la conscience
que je l’abrite dans la drogue
que je pourris mon sang
que je me noie en toute neige
que je me fuis
 
pourtant
 
sur mon chemin naissent des fleurs
et des chansons
et des visages
et des moissons
et des villages
 
sur mon chemin naissent des joie
des rires des merveilles
sur mon chemin naissent des rêves
                        naissent des hommes bons
hommes au coeur neigeux promis au feu de vivre
et de combattre
pour les matins promis à leur minuit de peur
pour toute la douceur que contiendra leur vie
 
hommes promis au feu de vivre
 
prenez moi par la main
ne me laissez pas seul
restez
           sur mon chemin
lavez mes yeux
lavez mes mains
lavez mon coeur
 
restez
sur mon chemin de tendresse et de songe
sur mon chemin de peine et de lumière
 
restez
sur mon chemin
 
restez
dedans ma vie
 
ne me laissez pas seul
entre les mains de mes fantômes
 
 
93 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
mon sang
               mon espérance
 
je vous donne mes yeux pour faire aimer la vie
par tous
pour la chanter
aux hommes pris de haine
 
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
un peu de moi qui passe
dans le secret des roses
dans le printemps vorace
 
un peu de moi qui passe au coeur de la jeunesse
au plus froid de l’hiver où sont mortes les mains
 
un peu de moi qui passe
dans l’amandier en fleur
dans le sillon
que l’âge imprime au front de l’homme sans défense
 
un peu de moi qui passe
dans la colère qux larmes froides
contre la nuit aux saisons dures
 
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
mon jour
              mon espérance
mon temps de neige et de franchise
 
quand j’écris un poème
j’agrandis mon domaine
 
je porte au loin ma force et mon pouvoir secret
l’honneur de mon visage
l’honneur de ma patrie humaine
pour agrandir le cercle où je promène une ombre
de joie vivante
où je respire à l’aise et chante
un chant à ma hauteur de peuple et de montagne
 
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
pour apprendre de vous ce que je vous enseigne
pour vérifier mon coeur
au feu
           que vous portez
           que vous aimez plus que la vie
           que je vous lis comme un journal
où je traduis pous vous dans le jour prolétaire
l’espoir que vous portez comme un outil d’acier
 
je vais plus loin que votre rêve
je vais au lieu de grâce claire
où l’herbe fait le bon de sa fraicheur de femme
où la nuit nous apprend le langage des veilles
où la mort ne surprend que les hommes de proie
 
je vais au lieu de source calme
                                              où tout enchante
où l’arbre clair déploie son ombre sur nos corps
où vivre n’est plus une aumône
où toute chose enchante et nous attache à vivre
ce temps de grand soleil où l’âme entière exulte
où naitre est un visage
 
éclair
dans le verger du maitre
bravoure d’ombre juste où gagner notre image
est l’étoile authentique en l’orbe des racines
où nous fûmes au monde
un cri
dans l’ombre de la pierre
silence imputrescible
eau noire et solitude
 
un cri
au temps de grand soleil où naitre est un visage
éclair durable et beau qui nous annonce à l’aube
au ciel en transhumance et nous garde en éveil
 
 
94 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 
 
 
vous avez déchiré l’aurore
où mon enfance
inventait dans un chant des faces innocentes
et vous avez brisé mon chant
barrant ma vie comme une rue
barrant ma rue
comme une ville infâme où ne pourrait passer
nulle chanson
 
ô monstres éperdus dans mes joies matinales
 
vous pourrissez le monde
sans vous douter de rien
 
 
95 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
moi souci de lumière
moi tendresse égagee dans un monde de pierre
moi long refrain de joie interdit de parole
moi danse de bonheur apprise dans la crainte
moi confiance agitée de doute et de chagrin
 
je sens
la nuit perdue
se défaire en mon ciel et se défaire autour de moi
toutes les ombres du mystère
de vivre et de mourir à l’heure du printemps
 
je m’aventure
au profond du mystère où s’égarait mon frère
dans sa prison de lianes mortes
 
je m’aventure
à vivre tous les âges
des pierres du malheur terrestre
des hommes de mon temps de leur légense claire
 
où je découvre
des hontes sous l’honneur factice
des hommes sans honneur
et du venin
en pleine bouche de l’enfance
 
où je découvre
le merveilleux
le merveilleux sourire
des enfants pris au jeu d’inventer des idoles
et des fables de joie où l’on est un seigneur
un juste
qui se promène dans sa vigne
heureux de son secret
                                   fermé
                                   aux démissions de vivre
pour chanter sa lumière en la douceur de vivre
en son lieu de printemps au visage exemplaire
heureux de son secret
de ses futures danses
 
j’ai rencontré
des gens traqués par la crapule
des gens
                        qui vivaient nus
avec un froid méchant au coeur
 
j’ai rencontré
des solitaires
des loups masqués de gentillesse
des hommes sans figure
et des hommes masqués par leur propre figure
 
depuis ce temps
je n’entende plus mourir ordre à face humaine
néant triste et confus aux larves sans courage
 
je ne veux plus
                          que l’on destine à la tristesse
nos moissons de lumière et nos saisons de joie
que l’on destine l’homme à demeurer sous terre
des yeux pourris
du sang hurlant dans la ténèbre
défaite    atroce où je me pleure
dans une ville en cendre où rien ne sert d’aimer
 
je n’entends plus mourir
mais vivre
à ma hauteur de vigne
dans la rencontre claire où le peuple s’affirme
 
jeunesse contre l’ombre infecte
où je meurs de silence
 
jeunesse où la lumière engendre
l’orge en la terre pauvre où vivre est lumineux
l’orange aux franges de l’hiver
l’amour comme un verger sonore
fleur nue d’être soi même herbe au soleil humain
herbe rebelle au crime et terre étrange à vivre
sans plus mourir du songe où je suis un infirme
 
jouet
de mes objets
 
objet
de ma fatigue
 
toupie
aurore
masquée de nuit brutale
rongée de cendre noire où je m’affirme en fait
homme au pouvoir solaire
justice atteinte d’ombre et rêve au doux miroir
où neige
un amandier en fleurs au pouvoir de printemps
 
96 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
frère au soleil humain
racle la rouille qui t’enferme
et parle
 
dis nous
la terre en crue
trace d’éclair subtile où nous tissons de cris
nos jours de laine noire
nos pauvres jours de suie
les jours
que notre enfance en feu
brûlait de givre dense et de tendresse d’arbre
 
dis nous
la joie qui nous habite en l’étreinte de sable
ô frère tendre
dont s’exténue le songe d’être un homme libre
parole douce à vivre
 
écoute
la vie bornée d’excuses sans frontière audible
la vie martyre
se taire sous la pluie de mort
quand la saison sauvage
                                    multiplie les cadavres
et donne au feu ta vie le temps de vivre humain
dans notre halte claire où l’herbe pousse dense
 
au feu
notre espérance armée d’écume et d’ombre vierge
 
au feu
les grâces du printemps sonore
où la couleur d’antan sèche au soleil coupable
 
frère au soleil humain
avance
happe l’éclair fertile
qui nous invente une âme
au lieu de source vive où germe en la candeur
douceur fébrile
                         la fleur de l’impossible amour
 
ô fruit de sang
neige impure où je dors mauvais rêve de l’arbre
ferraille atroce
où brâme en la verdure en feu
l’espoir hagard
l’espoir
              couleur de sang traqué de mort insane
l’espoir sonore
où je m’éveille
                    cristal
au seuil de la parole
contre quiconque rampe aboie
                                               hurle à la haine
là bas
hors de l’humain
où les autres sont pris de vin et de lourdeur
où les yeux sont fermés sous le gel du dehors
où rien ne sonne plus contre la vitre claire
qui servait de miroir aux rêves de l’enfance
 
là bas
           hors de l’humain où je m’éveille en feu
pour dessiller les yeux que je brusque de jour
 
j’avance
arbre pris de tourmente en la douleur de vivre
homme pris de vengeance à l’encontre du maitre
 
j’avance
face à la vieille haine
qui se raconte au monde
comme la crainte des fantômes
 
j’avance
espoir en âge
d’être splendeur rebelle et candeur sans pardon
d’être lumière en armes
                                   tendresse dans la nuit
qui brave en nous le dire et la merveille d’être
 
espoir en âge
d’être enfin la couleur qui tue l’ombre servile
et nous ramène au jour
                        au songe
                        où la douceur se gagne
                        au front
                        où le printemps inscrit
en premier lieu
                        le pain
                                 dans la brassée des jours
l’offre du fruit limpide où nous convie la sève
 
espoir en âge
d’être larme et sourire et fleur anthropophage
culte de l’astre humain
de la source à l’étoile et de l’herbe au nuage
de ma chanson de pluie à ma douleur d’esclave
 
j’avance
terre à vivre au printemps où la douceur inscrit
son nom de perle
sur toute chose humaine en voie d’être légende
pierre vive et drapeau
                                    hauteur en l’aube verte
qui hante nos prairies d’écume
nos rues de neige simple où le printemps consume
toute mémoire
de l’ombre où nous fûmes parqués
hors de toute confiance
hors de toute guidance
hors de toute espérance
 
j’avance
mais maintenant
l’hiver bâillonne les oiseaux
la terre est sourde et sans écho de l’aube grave
qui sillonnait nos corps au rêve sans frontière
 
nous parlons bas de notre enfance
nous parlons peu
et nous taisons l’espoir qui vibre sous le givre
 
l’âpre saveur de vivre
saigne au soleil où notre danse
vieille clameur du sang qui nous comble d’espace
parcourt de cris la ville
et brise
les grandes harpes du silence
et les froides statues
où l’âme saigne
d’être un oiseau de nuit chagrin de ronce acarpe
ciel pourri d’amertume
 
je m’égratigne au givre à la couleur des choses
au temps malade au jour défait de peine absurde
 
je m’égratgine
au plus charmant visage
au vide
qui nous cerne d’absence
 
je m’égratigne aux yeux du pauvre au ciel hagard
au soleil noir de cendre aux larmes du mendiant
à la fraicheur du songe en voie d’être un visage
aux arbres nus de froid du ciel en transhumance
 
je m’égratigne au soir qui saigne en la mémoire
quand je parcours
de ma stridence claire
la nuit la grand nuit coupable
                            où l’on hurle à la mort
 
mais je m’invente
                            humain
jour aprés jour fertile au soleil noir de sang
 
tant pis
si la couleur est morte aux vitres de la haine
si nous ne trouvons plus de pierre où nous cacher
des ombres sacrilèges
 
tant pis
un homme avance
douceur face au couteau du gel
                                              clarté en armes
prête à nourrir d’éclat la vieille nuit acarpe
où nous clamons
fierté de l’âme qui s’enchante
                                            au vivre intense
où le printemps secret
nous lave des ordures froides
et des craintes sans nom que nous légua l’hiver
 
un homme avance
jour aprés jour fertile au soleil noir de sang
 
il parle
sa main noue les étoiles
il s’attache aux oiseaux à la couleur des choses
                                   au cri de l’aube en croix
qui brave en la verdure où la douceur s’apprend
la main du tortinnaire triste
                                             au jour aveugle
 
un homme avance
sa main guérit du crime
et plonge en nous sa joie au long cri deciel bleu
 
on s’interroge
                    sur nos saisons de lune atroce
                    sur nos dahlias de neige en armes
                    sur nos visages
                                            où l’ombre saigne
                    sur notre espoir sur nos vendanges
 
on s’interroge
                    où sont les jours de la jeunesse
                    où nos pressions la grappe mûre
                    de notre coeur de vigne en fête
 
on s’interroge
                    où sont les jours de feinte noce
où nous buvions sans fin le vin bleu des étoiles
sans crainte du ciel noir qui nous hantait de mort
 
 
97 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
prononce terre
 
voici la glaise qui nous quitte
l’herbe qui danse en l’aube verte
dessous la cendre où nos martyrs
sont de la braise en la mémoire
 
la neige s’ouvre au nouveau songe
où le printemps plante son astre
jour aprés jour la nuit se farde
et meurt de vivre en l’aube frèle
 
j’oublie la pierre d’ombre intacte
que porte au cour mon frère pauvre
moi je m’en vais ronger l’étoile
dont je demeure l’âpre adepte
 
j’oublie la neige au soleil grave
où la mort place ses coquilles
pour nous brûler en haine atroce
pour nous frapper en plein visage
 
j’oublie la mort qui nous entoure
où l’oeuf pourri de la vengeance
pue dans la nuit au sang fertile
malgré l’espoir qui rêve à l’aube
 
j’oublie la pierre où je m’ennuie
ombre au soelil putride et blème
je ne peux luire en ce désordre
où l’enfant pleure une aube mûre
 
j’oublie la nuit qui me couronne
des ronces de son crime ignoble
à l’heure grise où l’aube sonne
contre la vitre au gel strident
 
j’oublie la crasse et la vermine
l’oubli de vivre contre l’ombre
la peur de luire dans leur ville
face au malheur sombre le songe
 
j’oublie quel astre est ce visage
qui vient de loin nourrir l’extase
baignée de lune o vierge extase
dans ma poitrine un enfant pleure
 
j’oublie la mort qui nous traverse
de soleil triste et froid la mort
qui porte un nom d’oubli la mort
la grande fleur anthripophage
 
prononce terre
 
douleur au soir rongé de rouille
terre au soleil en sang malheur
sur toute fleur qui nous répète
sur toute danse où notre ancêtre
 
nomme un visage à fleur de source
nomme une étoile qui nous hante
au clair de lune où les sorcières
nous ont promis la terre entière
 
ô nuit de cendre et d’épouvante
l’ oiseau strident de la clairière
traque la peur qui nous submerge
la porte vierge s’ouvre à l’aube
 
il fait un temps de neige absurde
vitre envahie denuit mortelle
qui ne reflête en rien les êtres
je dors pesant de nuit fertile
 
nous irons vivre au lieu d’espoir
un jour d’épreuve et d’amertume
au soleil grave où l’arbre dense
connait la joie qui nous habite
 
il fait un temps de crime un temps
à fuir ensemble dans la pierre
où la pluie noire troue le corps
et nous transperce d’amertume
 
entrons dans la pierre interdite
fuyons la mort dessous la terre
fuyons le jour sans pain le jour
qui nous égorge en pleine ville
 
cachons nous vite dans la pierre
le temps est noir comme la peste
qui rôde autour de nos repaires
où la soif brûle les poitrines
 
affres de l’ombre sur les places
danse macabre au soleil jaune
la neige hirsute est sans visage
plus de maisons ni de frontière
 
il fait un temps de nuit marâtre
mais dans la pierre sans fenêtres
notre espérance veille en l’ombre
où nous gardons l’étoile grave
 
prononce vivre
 
quel est ce vivre qui nous saigne
et nous assigne un lieu de terre
où notre espoir ferme la bouche
et meurt de soif dans sa cellule
 
quel est ce vivre au sang violent
où notre enfance est sans visage
au grand miroir où l’âge en sang
apaise en nous le vent de sable
 
ce sable dans ma gorge éteinte
mord la chanson qui nous habite
à l’heure grise où l’on se tait
grand ciel fermé comme un visage
 
l’espoir qui n’a pas eu chance
traine sans fin sa morne étoile
dans sa prison de neige absurde
fontaine où vont nos tourterelles
 
boire à l’envie le goût de vivre
garde le songe ancien le songe
où je m’éteins pour luire à l’aube
la fleur qui fend la pierre d’ombre
 
scintille et neige en la grisaille
où l’herbe chante sous les ruines
le temps de vivre hors de la haine
dans mon corps coule une eau glacée
 
la fleur nocturne qui nous hante
glisse outre peine et long silence
le froid de vivre est sans visage
ô nuit chanvre d’oubli morose
 
couleur d’absence au goût de fer
l’ombre s’écrase en notre danse
l’aube scintille en notre espoir
quel beau miroir que l’aube mûre
 
où notre enfance au goût d’armoise
chantait sereine au soleil grave
malgré l’automne au ciel en fuite
douleur de vigne au ciel en cendre
 
l’automne triste aux mains de sang
porte l’amour dans sa complainte
où l’oiseau joue sa chance frêle
 
prononce vivre
 
pas aucune ombre où je ne vibre
contre l’ordure à face humaine
pas de printemps où je ne saigne
d’être un silence face au crime
 
pas aucune ombre où je n’invente
contre la haine qui m’exploite
un beau silence où la joie brûle
l’oiseau maudit de nos défaites
 
nous avançons vers la lumière
où nous lisons tendresse d’algue
qui nous appelle hors du miroir
où notre enfance est sans visage
 
vers la douceur qui nous prolonge
un arbre tend ses bras d’espoir
mais quel soleil de mort brutale
troue notre danse au ciel en fête
 
tous les chemins truqués de haine
se sont perdus sans la compagne
au temps joyeux des grenaisons
ah qu’avons nous à vivre d’ombre
 
dans la campagne où les fantômes
se sont brouillés au clair de lune
secret comme étoiles en transe
un homme veille sous la cendre
 
terre étrange où je meurs silence
loin des oiseaux de l’aube verte
un arbre ouvre en la nuit un songe
le temps de vivre est sans parole
 
mais nous tissons de fibre ardente
un chant de neige tendre un chant
outre frontière et mort jeunesse
où nous parlons hors du mensonge
 
ah terre où nous parlons de vivre
ouvre en la pierre d’ombre un ciel
où nous pourrons luire à notre aise
 
prononçons terre à vivre
                                      demain
 
 
 
98   --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
dans l’âpre lumière
où la nuit se farde
pour plaire au matin
branché sur la mort
 
au seuil du silence
où la soleil grave
nous attend à l’aube
qui brouille l’espace
 
il peut naitre humain
en l’arche d’alliance
l’oiseau du silence
qui garde nos larmes
 
le printemps verdoie
et nous cerne d’ombre
pleurons les oiseaux
l’amandier respire
 
l’herbe sous la neige
saigne sur la pierre
où la mort nocturne
nous blesse au visage
 
dans la fleur du sang
où la nuit scintille
au lieu de feuillage
où sont les oiseaux
 
mort pourrie de larmes
veille sous la pierre
dans l’oubli sans fin
où sont nos racines
 
lieu de mort subtile
où l’aumône est simple
l’hostie merveilleuse
saigne sur le seuil
 
entrez dans la pierre
où le soleil saigne
entrez sous la terre
où sont les oiseaux
 
grignotez la rouille
mangez vos cadavres
l’effroi guette l’aube
que la mort suscite
 
clarté d’arbre libre
où j’oublie de vivre
pour luire en secret
en la pierre d’ombre
 
grande neige hostile
où l’ombre s’effrite
en l’instant fertile
qui garde en l’étoile
 
pouvoir de printemps
où la source éclaire
l’arbre nu qui veille
l’oiseau que je nomme
 
lieu de mort confuse
où la nuit nous dicte
son cri de sel blan
contre l’ombre infâme
 
l’oiseau pris ai piège
s’éteint dans la pierre
qui broie notre espoir
de tendresse en gerbes
 
la nuit feint de luire
pour tromper l’enfant
qui joue sa tendresse
contre l’ombre infâme
 
je veille en la pierre
où mon coeur surprend
l’aigle et la gazelle
l’éclair et la poudre
 
je veille en la pierre
pour un plus haut vivre
pour un jour plus dense
l’espoir nous protège
 
connaissez vous l’ombre
d’être un cri de haine
où l’on cest plus rien
dans l’arche d’alliance
 
connaissez vous l’ombre
où l’ancêtre en armes
pleure dans la source
où boivent les goules
 
connaissez vous l’ombre
d’être un ciel en peine
source d’ombre infecte
où pleure un fantôme
 
nous savons que l’ombre
est un spectre hirsute
qui nous quitte à l’aube
sous l’arche d’alliance
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
99  ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 
 
 
j’ai failli sans raison me perdre dans la foule
dans l’étang du silence où nulle algue ne germe
tracer ma mort comme un secret
aller
aux ronces de l’étrange
à l’ombre sans pardon creusant l’espoir commun
 
j’ai failli sans raison me perdre dans la foule
travailleurs de la terre ouvriers sans chemins
hommes au chant lucide
              au long secret de pierre
nous sommes les rêveurs diurnes
les oiseaux prisonniers du mal de ne pas vivre
en la claire altitude
 
                                    trouons la nuit brutale
                                    trouons la mort infecte
vivons
le soleil reste à boire
 
nous tracerons sur terre
notre splendeur future au grand soleil humain
 
et vous
ne croyez pas les fous les endormeurs publics
 
aimez le jour
que nulle nuit n’entache
 
aimez la pierre
qui pleure de souffrance
 
quand voud dansez parfois leur danse sacrilège
au son de leur musique fausse
pensez un peu à vous
                                cherchez
                                trouvez musique et danse
 
laissez les au malheur
 
la joie
la joie vous dicte par ma bouche
ses nostalgies
charge d’eau vive et d’étincelles
sa nuit de femme en proie au cri brutal de l’être
sa chanson mûre en proie au dernier cri de source
 
la joie
la joie vous dicte par ma bouche
que toute peine est un cercueil
 
 
100  ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
si vous saviez
que vous pourriez un jour
franchir la fausse énigme
du grand miroir sans tain qui happe votre image
à l’heure triste et noire où vous passez le pont
 
si vous saviez
que vous pourriez un jour dans un éclair de sang
brûler la mort et ses fantômes
la mort sournoise qui vous hante
sous couleur de chagrin de sable et de mensonge
herbe sèche et ciel noir
neige au soleil en ruine
pierre triste où je luis contre haine et servage
 
si vous saviez
ce que vous pourriez être un jour
flamme au regard en fête offrete comme un fruit
couleur claire où l’espoir nomme l’amour humain
comme une fleur possible
                                       éparse
                                       en l’attraction de l’aube
 
si vous saviez que vivre
nomme l’azur qui veille au lieu de source claire
l’azur
qui vous répète au jour douceur gnoflée de sêve
joie de franchir la mort
                      la peur
                                   la nuit des subterfuges
ombre et mystère atroce
d’être un fantôme en vie dans la ville en rumeur
d’être un siècle de sang où l’on tue votre espoir
un spectre que l’on fuit
 
si vous saviez que vivre embrase en nous le temps
comme un soir de supplice
                                        qui vous engage
                                                                à luire
 
si vous saviez
ce que chaque printemps condamne en nous de mort
vous viendriez vers moi du bouge où l’on outrage
au noir minuit
la fleur de l’être libre au clair soleil de l’âge
vous viendriez vers moi du ciel gardé de rouille
du noir minuit de pierre
où l’on vous tue
de haine
 
vous songeriez peut être
au ciel blème où je dors dans la nuit sans rivage
au cri de source éteinte
                                    dans la prairie en peine
au verger gris de cendre où nous errions sans âge
 
vous aimeriez
le chant
de la clémence où l’ombre ouvre au soleil ses bras
le bruit de foule en crue que notre herbe secrète
hisse au soleil en croix du plus haute vivre humain
 
vous aimeriez mon temple
                                        neige noire où je veille
contre leur loi de nains
contre la pluie de honte
l’amour
            sans sépulture
et les chansons du crime où l’on se perd sans être
 
mais vous ne savez rien
détournez vous du siècle où vous n’avez que faire
et prenez pied sur terre au lieu ferme où naguère
l’ancêtre au soleil ivre
                                     planta sa nuit de pierre
sa force d’arbre
sa joie criblée d’étoiles
 
 
101  -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
venez
de tous les coins du jour
rendre sourire aux lèvres
feindre couleur et grâce
je suis astre en déroute
 
venez
j’attends de vous la joie
le pain blanc de l’espoir
j’attends de vous l’amour
au soir bleu de silence
 
venez
ouvrez le livre d’ombre
où nous yeux sont entrés
prendre couleur au rêve
n’oubliez que la haine
 
venez
mes yeux las de vos yeux
ces trous de mort totale
se font cris de foontaine
où je parle aux oiseaux
 
venez
ma guitare est en deuil
en marche dans un corps
pris au piège où l’amour
prend visage en l’espoir
 
venez
j’ai peine à vivre peine
peine à mourir de haine
je meurs fous d’amertume
car je meurs sans visage
 
venez
la mort qui stagne amère
au coeur des grenaisons
brûle en nous un espoir
au chant clair de faucille
 
 
102  ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
l’eau verte du silence
un oiseau fait la fête
un enfant nous répète
au ciel d’écume intense
 
je tiens tête au silence
et vous parle sans dire
quel chamin me traverse
au grand matin de neige
 
prenez mon sang hirsute
prenez ma force altière
je m’enfante dans l’herbe
au soir bleu d’amertume
 
 
103  ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
 
à cause
de la chair de nos blés de notre espoir concret
de la candeur qui joue dans la rue de l’enfance
de la douceur qui fuit le jardin noir du maitre
on nous à fait
                    violence
 
à cause
du voeu de vivre humain qui sarcle de main pure
les chardons que la nuit aux neiges transparentes
entasse dans la ville où nous tressions nos lois
on nous à fait
                    violence
 
à cause
des vergers de nos mains des arbres du printemps
de la chanson de pluie où nous dormions sereins
dans l’instant du poème éclair durale et tendre
on nous à fait
                    violence
 
à cause
de notre chance d’être entre l’ocre et l’azur
un lieu de grande fête où nous étions l’amour
face à la nuit mortelle au signe de tristesse
on nous a fait
                    violence
 
 
à cause
de l’herbe qui grimpait à l’assaut du désert
de la joie de felurir dans l’instant vertical
nourrir de printemps pur les orphelins de l’aube
on nous a fait
                    violence
 
 
à cause
de notre juste enfance aux chaudes cohérences
de notre taille humaine à l’horizon du vivre
où nous voulons gagner la terre à notre cause
on nous a fait
                    violence
 
 
à cause
des perles de tendresse dans les yeux en fête
des stances de lumière où nous fûmes l’amour
de la fleur nue vibre dans le cri de l’aube
on nous a fait
                    violence
 
à cause
de la frairie constante où l’herbe se défend
d’être un songe mortel un piège de gel noir
fraicheur anthropophage et subterfuge d’ombre
on nous a fait
                    violence
 
à cause
de la nuit transgressée par la vaillance pure
de nos matins de neige et de printemps subtil
âme ouverte au soleil des steppes intérieures
on nous a fait
                    violence
 
à cause
de la lumière en fête où nous goûtions au songe
d’être un verger humain au creux de l’aube verte
tendresse imputrescible où l’oiseau nous répète
on nous a fait
                    violence
 
à cause
de la splendeur future où nous aurons le temps
d’être puissance d’aigle en la hauteur sereine
toute frontière éteinte en la joie prolétaire
on nous a fait
                    violence
 
à cause
de notre vieux silence aux branches éloquentes
écorce où notre frère avait planté son signe
comme un éclair brutal dans la caverne atroce
on nousa fait
                    violence
 
à cause
de ce que nous disions sous les larmes du saule
aux hommes sans pouvoirrongés de nuit secrête
au temps où nous vivions outre lumière et mort
on nous a fait
                    violence
 
on nous a fait
                    violence
parce que nous étions les orphelins de l’aube
la lumière intangible où la tendresse exulte
 
parce que nous étions ancrés dans l’équilibre
que la douceur ornait de neige et de verdure
 
parce que dans la pierre où le soleil explose
nous étions la présence et la larme nocturne
 
parce que nous étions un printemps sans rivage
au long des jours brûlés de neige nostalgique
 
parce que nous étions des millions de fenêtres
et des millions de seuils en l’altitude claire
 
parce que notre sang nous parlait de merveille
où vivre était l’amour aux danses miroitantes
 
parce que nous aimions dans la hauteur du soir
nommer l’étoile éteinte qui nous hante encore
 
parce que nous vivions hors de la nuit coupable
d’écorcer le printemps sur les places publiques
 
on nous a fait
                    violence
par la faim et la soif par la misère en loques
par la mort sans écho de nos meilleurs visages
par la ronce nocturne où nous errions sans âge
hors de nos lois de sel et de juste espérance
hors du travail vivant pourri de boue étrange
où notre étoile en sang mordue de peste noire
était triste à mourir ay creux de notre deuil
parmi l’espoir commun qui surmontait la mort
pour imposer sa gloire
                                   arbre au soleil humain
 
sur toute terre
où vivre est cet oiseau serein
qui niefrontière d’ombre et lumière en prison
et rayonne en nos mains
                                    éclair
                                    face au fusil du maitre
qui tentait de cloitrer notre pourpre étincelle
dans la tourbe des jours vécus dessous la peur
sous la cendre des lois
                                    ô nuit de fer atroce
où nous fûmes l’éclair qui affûtait les songes
où nous fûmes de gloire
                                    arbre au soleil humain
 
sur toute terre
au temps des grenaisons subtiles
où vivre est cet oiseau qui nous répète enfants
au soir pris de violence
                                   enfants
                                   aube mûre en la fange
douce chanson de pluie dans les vergers futurs
brisure
entre servage et gloire
au lieu de toute chance où vivre est ce visage
qui hante en nous
l’éclat
de la blondeur des blés enfin sûrs du supplice
 
et maintenant
chair brûlée de lumière
arbre au chemin de sang
zénith
au soleil juste
instance d’être un âtre au milieu de la steppe
et grande nuit mortelle où la tristesse écoute
grandir hors de la mort les moissons de demain
 
voici que nous partons vers la dernière épreuve
terre où l’oiseau serein de notre sage enfance
conte au soleil en peine ce qui viendra demain
nous consoler du crime au plus haut de la fête
 
voici que nous passons la nuit
                                   à nous parler d’étoiles
                                   à nous cribler de fêtes
à luire
terre au soleil martyr face à la nuit marâtre
espoir en sang
qui vous cravache l’âme et reconnait les siens
épars
dessous la cendre morte en leur minuit funèbre
 
voici la terre en crue l’herbe prouve sa force
et la douceur s’incarne en l’éclat du supplice
saigne jésus sur terre où la lumière est noire
la source pleure en vain le jour absent du jour
l’astre défunt
lumière encore en acte dans la nuit de fonte
où le silence est crime en l’adieu de l’aurore
 
ô sang de nos martyrs
rose éclose en la nuit qui nous creuse le corps
parle
 
brûle l’herbe d’oubli qui nous peuple de mort
brûle la nuit confuse
                                refuse
                                d’être un silence triste
objet de peine hirsute au lieu de l’aube verte
refuse
le piège d’ombre et la prébende
refuse
d’être une chose
au bazar du vieux monde
                                    refuse
                                    d’être un outil de mort
un oui docile
que l’on extirpe au jour
pour justifier la haine orner la dent du crime
réduire l’herbe où la tendresse
clame l’amour fécond
l’amour
qui trace dans la nuit brutale
le signe grave
qui brusque en notre sang la peur
où l’on hiverne au long de l’âge
 
ô sang de nos martyrs
rose éclose en la nuit qui nous creuse le corps
parle
 
la nuit se tait à notre approche
la braise veille dans la pierre
et sous la cendre où notre étoile
garde la fleur au sang fertile
un nouveau jour se fait chemin dans notre amour
un nouveau jour consume l’ombre et nous exalte
 
l’écho du dire atroce
frémit de joie liquide
 
l’arbre éloquent respire
et parle enfin de l’aube
 
l’oiseau nous compromet
stridence dans l’azur
 
je nomme un beau visage
il questionne son ombre
 
je nomme un ciel ardent
il exulte au printemps
 
l’azur explore l’ombre
la nuit quitte nos yeux
 
j’ouvre mon livre humain aux pages d’espérance
et je rencontre un astre au transparent silence
et je renconte en place homme pauvre à l’encan
mon frère au coeur pesant dessous la cendre morte
 
j’ouvre mon livre humain aux pages de tendresse
et nulle ombre n’étreint l’azur au grand silence
qui nous peuple d’amour et nargue les rapaces
que l’arbre sans chemin délivre en notre espace
 
plus rien ne nous défait d’herbe sèche et d’ennui
plus rien ne souille plus nos yeux plus de mensonge
nous venons de trés loin la mort nous est étrange
et nous savons par coeur ce qui nous reste à vivre
 
dépasser l’ombre inscrite au front du mercenaire
brûler la nuit marâtre aux ronces de gel noir
brûler chardons du crime atroce et toute haine
où vivre est sans visage en l’étang du ciel vide
 
ce qui nous reste à vivre oublie la mort brutale
et glane dans la neige en sang
                                 en fête
                                 la senteur du printemps
qui rue dans notre ville où la splendeur future
sauve les yeux où l’astre songe
luire en la fleur sauvage
à fleur de source
gagner
le plus beau ciel humain
 
moi je m’en vais là bas dans la clairière verte
rejoindre mon semblable
                                    dans la mémoire enceinte
au lieu de terre grave où sont couchés les miens.