EXPRESSIONS MAGHREBINES
Revue de la
Coordination Internationale de Chercheurs sur les Littératures du Maghreb
(CICLIM)
Expressions maghrébines
Revue de la Coordination
internationale des chercheurs sur les littératures du
Maghreb
www.limag.com/em.htm
A paraître:
Vol. 10, nº 1, été 2011:
DISPOSITIFS AUTOBIOGRAPHIQUES ET EPISTEMOLOGIES TRANSVERSALES
Dossier coordonné par Alfonso de Toro
Actuellement, une nouvelle vague déferle sur la littérature et
les sciences littéraires : la mémoire et la construction de l'histoire
personnelle/individuelle. Après avoir été confrontée
à la crise de la représentation qui a eu lieu dans les années
70, l'histoire est désormais confrontée à la crise de la
mémoire dans l'écriture. Si on a jusqu'ici cru trouver en l'écriture
un Heimat ou un home, l'écriture est confrontée depuis Bhabha
au concept de l'unhomely, cet espace énonciatif émergeant de l'interface
des systèmes, des conflits et des cultures.
Les discours historico-individuel et historico-collectif actuels ont eu lieu
dans la littérature, dans la culture et dans la pensée maghrébines
pour diverses raisons dont la plus évidente est la confrontation des
auteurs maghrébins avec la langue de l'Autre, la langue du colonisateur,
la langue hégémonique : le français. Cette confrontation
a soulevé de nombreuses questions : " Qui suis-je ? ", "
D'où je parle " ?, " Quelle est ma langue ? ", "
Quelle est mon histoire ? ". Elle a également soulevé deux
questions qui marquent particulièrement la littérature autobiographique
ou historique maghrébine : les questions du 'Je' et de l'historiographie
qui sont étroitement liées l'une à l'autre.
Ces questions se posent toujours aujourd'hui mais elles sont conditionnées
par d'autres facteurs tels que les débats de la postmodernité
et de la postcolonialité, le processus de la mondialisation, les divers
types de conflits dans le monde et les grandes migrations. Ces facteurs ont
substantiellement changé les concepts traditionnels de nation, d'identité,
de culture, de texte / textualité, de genre et de réalité.
Il en résulte un nomadisme permanent obligeant à créer
des hybrides, des mental maps et de nouvelles cartographies culturelles qui
ont envahi les topographies géopolitiques et les frontières entre
les disciplines. Le Maghreb illustre bien ce phénomène avec sa
cartographie millénaire de passages de toutes sortes, à l'interface
de l'Orient et de l'Occident ainsi que des épistémologies. Il
est un laboratoire ethnoculturel où des auteur(e)s ont produit une littérature
d'une grande richesse.
Ce dossier d'Expressions maghrébines se consacrera au panorama diachronique
systématique et théorico-culturel des stratégies narratrices
autobiographiques dans les uvres d'auteur(e)s maghrébin(e)s. Il
s'appuiera sur des bases épistémologiques, c'est-à-dire
les structures profondes des discours qui génèrent la graphie
de soi (autobiographie). Dans ce dossier on part de la conception d'autobiographie
comme un anti-genre stratégique qui joue avec divers éléments
de construction du 'Je' et de l'histoire dans la tradition de Leiris, Barthes
et Khatibi ainsi que Duras, Brossard, Doubrovsky et Robbe-Grillet.
L'autobiographie s'inscrit dans ce que nous appelons transversalité qui
résulte d'un parcours, d'un dialogue au cur des objets et des disciplines
et d'un travail sur l'interface de diverses cultures, identités et disciplines.
La transversalité repose sur trois concepts-clés. Premièrement,
elle repose sur la transculturalité, ce recours à des modèles
culturels ou à des traditions culturelles qui ne sont pas générés
en fonction de leur culture d'origine ou de leur identité propre, mais
qui, au contraire, appartiennent à une autre culture, à une autre
identité et à une autre langue, et forment ainsi un champ hétérogène.
Deuxièmement, elle repose sur la transtextualité, ce dialogue
stratégique recodifiant des subsystèmes et des domaines partiels
issus de diverses cultures et de différents champs du savoir, sans pour
autant que les questions de l'origine, de l'authenticité ou de la "
compatibilité " culturelle aient une importance de premier plan.
Troisièmement, elle repose sur la transdisciplinarité, ce recours
à diverses disciplines (études littéraires, théâtrales,
historiques, anthropologiques, sociologiques, philosophiques, de la théorie
de la communication, approches structurales ou poststructurales) ou à
certains aspects d'une théorie, où seules la fonctionnalité
et la productivité esthétiques et sociales sont au centre de l'intérêt.
En nous inspirant des recherches récentes, nous différencions
deux types de discours textuels ou romanesques dans l'autobiographie transversale
: le " méta-auto-texte " et le " méta-bio-texte
". Dans le premier cas, il s'agit de la réflexion sur la construction
du discours textuel ou de la graphie de l'auto, c'est-à-dire de l'aspect
pragma-sémiotique de la bio-graphie, faisant du texte ou du roman une
construction discursive. Dans le deuxième cas, il s'agit de la réflexion
sur la construction de l'histoire du Je et de la vie (bio). Ces deux types traitent
en commun de l'écriture comme source de toute représentation et
de construction ainsi que de la relation entre oralité et écriture.
Les articles ne devront pas dépasser 40.000 signes, espaces inclus (6.000
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