EXPRESSIONS MAGHREBINES
Revue de la
Coordination Internationale de Chercheurs sur les Littératures du Maghreb
(CICLIM)
Expressions maghrébines
Revue de la Coordination
internationale des chercheurs sur les littératures du
Maghreb
www.limag.com/em.htm
À paraître :
Vol. 8, nº 2, hiver 2009 :
Métropoles maghrébines
Dossier coordonné par Alison Rice
Les villes ont toujours été les lieux privilégiés
des rencontres franco-maghrébines. C'est dans les espaces urbains, beaucoup
plus que dans les espaces ruraux, que les populations françaises et maghrébines
se sont côtoyées le plus souvent. Sous la domination française,
les pays du Maghreb ont connu un taux d'urbanisation fulgurant. Depuis les indépendances,
les populations maghrébines expatriées dans les grandes villes
françaises ne cessent de s'accroître. Ces dynamiques ont donné
lieu à des effervescences culturelles - littéraires, cinématographiques,
musicales... - auxquelles seront consacrées ce dossier d'Expressions
maghrébines, qui focalisera sur les retombées culturelles de la
présence maghrébine dans l'espace urbain français.
" Paris est, depuis deux siècles, une capitale arabe ", affirme
l'éditeur dans la présentation du Paris arabe, ouvrage paru en
2003. À l'instar de Paris, d'autres villes françaises pourraient
se décrire avec l'adjectif " arabe ", qu'il s'agisse de Marseille,
Toulouse, Lyon ou encore Strasbourg. Dans leurs uvres littéraires,
divers écrivains mettent en scène des centres (ou des périphéries)
urbains français et mettent en avant les populations maghrébines
qui les caractérisent. On pense par exemple au Paris de Leïla Sebbar
ou de Tahar Ben Jelloun, au Lyon d'Azouz Begag, au Toulouse de Magyd Cherfi
ou bien au Strasbourg d'Assia Djebar. Les versions textuelles de ces villes
varient considérablement selon la perspective de l'auteur. Mais il est
clair que sous la plume de chacun de ces auteurs d'origine maghrébine,
les métropoles situées en France perdent un peu de leur lueur
" franco-française " pour montrer les lumières "
franco-maghrébines ".
Les villes qui apparaissent dans les livres sont aussi des lieux privilégiés
du cinéma, et les films qui se déroulent à Paris ou à
Marseille livrent au spectateur des visions de plus en plus variées et
diversifiées, montrant que ces métropoles ne sont pas uniformes.
Nous pensons à Salut, cousin ! de Merzak Allouache mais aussi à
Chaos de Coline Serreau ou même à Caché de Michael Haneke.
Les villes figurent également au cur des chansons de hip-hop et
de rap en langue française ; Paris et Marseille viennent tout de suite
à l'esprit grâce aux artistes comme IAM, Khaled et Cheb Mami. Leurs
créations musicales sont accompagnées de paroles étroitement
liées aux environs urbains dans lesquels ces auteurs baignent.
Nous nous inspirons de Jacques Réda qui s'interroge sur ce que signifie
" écrire une ville " en nous posant la question de ce que signifie
" écrire une ville maghrébine ". Cette question devient
de plus en plus pertinente dans une époque de " mondialisation "
où le caractère des villes est fortement marqué par les
diverses (im)migrations. Si l'on peut bien décrire Paris comme "
arabe " depuis deux siècles, la capitale française est autrement
" arabe " aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a seulement vingt
ans. Comment peut-on écrire une métropole maghrébine ?
Il nous reste à plonger dans les divers textes - littéraires,
cinématographiques ou musicaux - pour le découvrir.