Expressions maghrébines

Revue de la Coordination internationale des chercheurs sur les littératures maghrébines

www.limag.com/em.htm

Vol. 6, no 1, été 2007

Images, imagination : Algérie

Dossier coordonné par Mireille Rosello

Que deviennent les images (la photographie, le dessin de presse, le cinéma ou la télévision) lorsqu’elles sont produites par le peuple et la diaspora d’un pays qui se voulait le fruit d’énergies politiques libératrices et anticoloniales mais qui s’est raidi autour d’unicités linguistiques, sexuelles, religieuses ou ethniques ? L’image rêve-t-elle alors que l’imagination plutôt que la nation lui serve de guide ?

Rien de plus rassurant que de se dire, en adoptant la célèbre formule de Derek Walcott : « My only nation is imagination ». Mais toute formule se heurte aux limites du formulaïque et il faudrait justement se demander sur quoi bute l’espoir que suscite le rapprochement poétique entre imagination, images et nation.

Quel serait l’équivalent algérien de l’imagination si l’on entend par ce mot un processus, un mouvement double de mise en images de la nation (une fabrique d’images) mais aussi de surveillance de l’image par la nation ? Quel processus d’imagination est-il mis en œuvre dans les films ou la télévision mais aussi la photographie, la BD, le dessin, le théâtre ou la littérature ?

Le rapprochement entre image, nation et imagination nous demande de nous souvenir que la nation est elle-même un produit de nos images. Mais inversement l’image que je peux avoir de ma nation est limitée, peut-être même cernée par le national lorsque la culture se fait contraignante et nationaliste. L’image libérée serait celle qui s’imagine au-delà des contraintes que l’on impose non seulement à la définition même de l’image mais aussi aux relations officielles, officieuses ou même dissidentes qu’entretiennent nation et imagination. Comment sans cesse concilier, déranger l’opposition entre ce que l’image fait de la nation et ce que la nation fait de mes images ?

Les textes recueillis dans ce volume se poseront donc les questions suivantes :

·        De quelles images l’imagination est-elle nourrie ? Le cinéma algérien a-t-il contribué à nous offrir de nouvelles allégories ou à contrecarrer la tendance à l’allégorisation ?

·        Dans quelles disciplines, au sein de quelle formation culturelle faut-il chercher une mise en images, une imagination algérienne libre ? Où les images de la sexualité peuvent-elles se dire libres ?

·        La culture dite populaire (télévision, presse, théâtre) invente-t-elle d’autres images susceptibles de créer un autre national, d’autres communautés ? L’humour grinçant des dessinateurs ou auteurs satiriques qui épinglent les travers typiquement algériens sont-ils d’autant plus nationaux qu’ils s’opposent à ce qui dans la nation est risible et inacceptable ?

·        Quels rôles jouent les images littéraires dans ce schéma ?

Date limite pour la soumission des articles: 30 juin 2006.

Les articles ne devront pas dépasser 40 000 signes (6 000 mots). La ponctuation, les notes et les références doivent être conformes aux normes appliquées par la revue (http://www.limag.com/em/GuideDeRedaction.htm). Les demandes de renseignements complémentaires et les articles complets doivent être adressés par courrier électronique à la présidente du comité scientifique de la revue : Marta Segarra (martasegarra@ub.edu).