AZOUZ BEGAG DE A À Z
Abigail Descombes – « Harki de la plume » ?
Processus d’intégration et procès d’intention dans les romans d’Azouz Begag
Dans les romans d’Azouz Begag,
les personnages français d’origine algérienne voient souvent leur double appartenance
déniée à la fois par la société dominante et par leur communauté d’origine.
D’un côté, du point de vue de ceux qui, dans la communauté algérienne, prônent
une conception exclusive de l’identité, les réussites scolaires puis professionnelles
des Azouz et des Amar deviennent autant de preuves de leur trahison. D’un autre
côté, au racisme individuel de certains Français « de souche » s’ajoutent
des jugements et des condamnations qui révèlent également, au niveau des institutions,
un refus profond de la différence algérienne. Exemples : le non-lieu suite
au meurtre de Mourad, le frère du narrateur de Quand on est mort, c’est pour
toute la vie ; le sujet brûlant d’actualité qu’est la double peine
dans Ahmed de Bourgogne. En mettant son stylo au service des « exclus »,
l’écrivain « intégré » que se veut Begag peut-il transcender la vision
dichotomique que tous veulent lui imposer, pour écrire une réalité française
qui inclue la différence algérienne ?
Mots-clés: Begag, identité, intégration, exclusion,
double peine.
Regina Keil-Sagawe – La Rencontre
inattendue du zèbre et de la vache… Azouz Begag
et ses avatars allemands
La communication tente de dresser le bilan de la réception
d’Azouz Begag, « beur modèle »,
dans les pays germanophones (Allemagne/ Autriche/ Suisse). Dans une première
partie, sera démontré sa forte présence sur le marché du livre scolaire, notamment
dans les manuels de civilisation française, entre 1992 et 1999, déjà. Ce qui
contribue à sa perception comme auteur de jeunesse et oriente, par la suite,
de 1993 à 2000, le choix éditorial, détermine le mode de traduction et le genre
de prix littéraires octroyés à Begag, en 1998 et 1999, pour Le Gone du Chaâba,
version allemande. Les problèmes de traduction posées par ce roman, comme,
à la suite, par Béni ou le Paradis Privé, dans une perspective interculturelle,
avec, comme public-cible, un public de jeunes, seront détaillés dans la
2e voire 3e partie de ma communication: jeux de mots, xénolecte,
polyphonie linguistique, métadiscours linguistique ainsi que la question épineuse
de la « political correctness »
– surtout par rapport à la notion de « Dieu/Gott/Allah ».
Mots-clés: Begag, Allemagne, réception, traduction,
littérature de jeunesse.
Michel Laronde – Le Voleur
d’écriture : Ironie textuelle, ironie culturelle chez Azouz Begag
La question pourrait être la suivante: comment le personnage
d’Azouz-Beni s’approprie-t-il le canon littéraire
français afin de le détourner dans la perspective d’une initiation à l’écriture
du futur écrivain Azouz Begag? Utilisant deux
scènes scolaires tirées des deux premiers romans, Le Gone du Chaâba et
Béni ou le Paradis privé, l’article montre comment la manipulation des
stéréotypes culturels acquis pendant la période de l’école primaire fournit
un poste d’observation privilégie à parti duquel l’écrivain Azouz
Begag construit une sociocritique de la culture française.
Au bout du compte, cette lecture pose des questions sur la place particulière
des littératures des immigrations dans le contexte d’une postcolonialité
interne à la France et de leur rôle dans une redéfinition de l’espace de la
francophonie.
Mots-clés: Begag, scolarisation, stéréotype, ironie,
sociocritique.
Mary McCullough – Who’s Mocking
Whom? Representing
the « Beur » Stereotype
in Béni
ou le Paradis privé
Béni, le protagoniste de Béni ou le Paradis Privé,
doit faire face au mépris envers les enfants d’immigrés Nord Africains qu’ont
certains membres de la population majoritaire. Il doit choisir entre l’opposition
(transformer le système de l’intérieur) et la révolution (renverser le système
opprimant), selon les termes du modèle proposé par Ross Chambers dans Room
for Maneuver (1991). Ici, le « système opprimant »
peut être défini comme des stéréotypes ethniques et linguistiques que certains
(tels que les forces de l’ordre et le corps d’instituteurs) imposent sur Béni.
Le stéréotype du Beur en tant que linguistiquement et culturellement ignorant
est renversé. En démontrant ses connaissances, Béni déstabilise les notions
sur les spécificités des immigrés. En présentant des personnages qui renversent
et se moquent des stéréotypes, Begag démontre que la représentation du Beur
ne peut pas être réduite à des notions simplistes d’agresseur et d’agressé.
Mots clés: Begag, Béni ou le Paradis Privé,
stéréotypes, langue, discrimination.
Hassiba Lassoued – Le Verbe, miroir
social dans Béni ou le Paradis privé d'Azouz Begag
Béni ou le Paradis privé d’Azouz
Begag a la particularité d’être à la fois un témoignage sociologique
où le lecteur prend conscience du dérapage du jeune en milieu défavorisé mais
il a surtout la particularité de mettre en lumière un certain type de parler.
Aussi, à l’aide de la socio-linguistique, j’ai tenté de rattacher
les niveaux de langue aux diverses strates sociales où finalement, seuls les
individus ouverts au monde possèdent la clé de la compréhension.
Mots-clés: Begag, socio-linguistique,
culture des banlieues, identité, racisme.
Hafid Gafaïti – Azouz Begag
ou l’écriture et l’intervention sociale
Dans cet article, Hafid
Gafaïti montre que si les textes
de la plupart des écrivains « beurs » ont été souvent réduits à leur
dimension autobiographique ou de témoignage, tout en s’inspirant parfois de
près du vécu ou de l’expérience de l’écrivain et en produisant une parole et
des discours sur la France et la communauté immigrée d’origine maghrébine, les
textes d’Azouz Begag ont toujours opéré selon
un mode qui subvertit les catégories dans lesquelles la culture et la production
des « beurs » ont été enfermée par les stéréotypes, la critique et
les institutions.
Sur la base d’une exploration des romans et des essais d’Azouz
Begag, Hafid Gafaïti
analyse comment l’intervention par l’écriture,
le travail scientifique et le travail sur la langue doublée des interventions
de l’écrivain dans l’espace social et médiatique a pour résultat de transcender
la vieille problématique de l’engagement ou la question de la fonction de la
littérature, du rapport de la création artistique et de l’action dans le champ
de l’Histoire. Il conclut son étude par une réflexion sur la figure paradoxale
de l’écrivain telle qu’elle s’affirme dans les derniers écrits de Begag.
Mots-clés : Begag, « beurs », stéréotypes,
engagement, écriture.
Hédi Abdel-Jaouad – « Humour
au Beur noir » dans Quand on est mort, c’est pour toute la vie
Que l’humour soit le plus grand ressort de l’écriture d’Azouz
Begag est évident rien qu’à la lecture des titres de ses romans.
Mais c’est tout particulièrement dans son roman Quand on est mort, c’est
pour toute la vie que nous avons l’exemple le plus parachevé de l’humour
begaguien, un humour amer comme le suggère le nom
du narrateur-protagoniste Amar, bref un « humour
au beur noir ». L’intitulé du présent travail met ainsi en exergue les
deux traits distinctifs et marquants de cet humour: un mélange de meurtrissure
(surtout psychologique), de ranci (beurre noir) et de rancœur (terme qui a la
même étymologie que rance) qui caractérise le vécu quotidien des personnages
du roman. Nous avons affaire à un humour à prédominance linguistique, qui est
essentiellement un jeu de et sur les mots et leur homophonie. Le calembour beur/beurre
montre bien qu’il s’agit d’un humour épidermique, à la fois à fleur de peau
et de mots.
Mots clés : Begag, Beur, humour, stéréotypes,
langage.
Mark McKinney – It’s a Dog’s
Life: Azouz Begag’s Les Chiens aussi
Les Chiens aussi peut dérouter celui ou celle qui
s’attendrait à une autobiographie légèrement romancée, car des chiens anthropomorphisés
y ont partiellement supplanté la communauté franco-maghrébine
des deux premiers romans de Begag. Cependant, il existe une continuité entre
ce roman et les deux qui le précèdent (Béni ou le Paradis privé, et L’Ilet-aux-Vents),
dans le recours à l’allégorie et aux références animalières. L’allégorie d’un
prolétariat de chiens traduit l’aliénation causée par l’inégalité sociale et
le racisme. Begag invite donc le lecteur à déchiffrer l’allégorie, et ainsi
à redonner un sens à un monde qui l’a perdu. Par des références intertextuelles,
surtout à Germinal, l’auteur intègre son roman dans une tradition littéraire
française de contestation sociale.
Mots clés: Begag, allégorie, intertextualité, aliénation,
racisme.
Christine O’Dowd-Smyth – Writing Memory and Identity
in Azouz Begag’s Les Chiens aussi and The Falling Angels by John Walsh
Cet article propose une lecture intertextuelle de deux auteurs
diasporiques de la deuxième génération de l’immigration : Azouz
Begag, né en France de parents algériens et John Walsh, né
à Londres de parents irlandais. Quoique les deux écrivains viennent des milieux
sociaux et culturels très différents, à travers une lecture intertextuelle et
comparative de deux textes littéraires - Les Chiens aussi de Begag
et The Falling
Angels de Walsh - on peut constater les mêmes préoccupations,
telles l’entre-deux culturel, le sentiment de non-appartenance, tant par rapport à la société d’accueil
que par rapport à la culture d’origine, et le sentiment d’être perdu entre les
deux rives de la mer irlandaise ou de la Méditerranée. Les deux écrivains sont
en quête d’une nouvelle identité, une identité insulaire, c’est-à-dire complètement
ouverte. Cette identité, pour les deux écrivains, sera construite sur un travail
de mémoire afin de donner un sens à leur expérience et de créer un seuil de
possibilité pour toute cette génération diasporique.
Mots-clés: Begag, Walsh, mémoire, identité, diaspora,
exil, ironie.
Monique Manopoulos – Zenzela:
Tremblements de terre et écarts d’identité
Ce texte étudie comment dans Zenzela,
les différents « tremblements de terre » sur les deux rives de la
Méditerranée (à Sétif et à Lyon) et les « écroulements » qui s’en
suivent symbolisent différents écarts d’identité en mettant en parallèle
certains concepts abordés par Azouz Begag et
Abdellatif Chaouite dans Ecarts d’identité et le roman Zenzela… De plus, la connotation plurielle donnée
à « Zenzela » illustre le concept de différance.
En effet, de même que les tremblements de terre sont le résultat de chocs entre
deux plaques tectoniques, Zenzela cause des chocs circonstanciels entre les différentes
plaques culturelles qui entrent en contact, ouvrant ainsi les écarts créés au
blanc multiple qui s’oppose à toute fixité de la géographie culturelle.
Mots-clés: identités, différance, multiplicité,
tremblements culturels, espace.
Patricia Geesey – La Violence
et le Sacré: L’Algérie et Le Passeport
Cet essai propose une lecture giradienne
de ce roman policier d’Azouz Begag
qui se passe à Alger, en plein cœur des violences terroristes et politiques
qui touchent la population algérienne. Le personnage/narrateur Zoubir
est un policier dans la capitale. Au fur et à mesure qu’il plonge dans les enquêtes
de l’origine des actes de barbarie, Zoubir se rend
compte de son statut de bouc émissaire. Dans Le Passeport,
Begag démontre que la violence est un agent contaminateur qui infecte
les forces de l’ordre ainsi que les criminels. A la fois lyrique
et cynique, Le Passeport est un texte qui se range parmi les meilleurs
nouveaux romans algériens qui examinent la guerre civile des années 90.
Mots clés: Algérie, guerre civile, violence, roman
policier, bouc émissaire.