HISTOIRES(S)

 

Peter Dunwoodie – « Nos ancêtres les... » : Le roman algérien francophone de l'entre-deux-guerres

Pendant la période de l'entre-deux-guerres les contructions historiques tendancieuses et eurocentriques disséminées en Algérie sous le label « Afrique latine » ont été adoptée par Louis Bertrand et les Algérianistes pour légitimer le concept d'une continuité culturelle (européenne) exclusive. Cet article examine, à travers un échantillon de romans, comment les premiers écrivains algériens francophones se sont situé par rapport à ce concept, comment ils cherchent à le réorienter pur influencer l'actualité et faire comprender (à un lectorat européen) que les « évolués » ont un rôle majeur à jouer dans le decenur algérien. L'analyse montrera les limites de cette visée dialogique, persuasive signalées par le caractère ouvertement oxymorique des romans où les histoires racontées contredisent le projet assimilitioniste-critique prône par les narrateurs.

Mots-clés: Algérie, littérature francophone, roman algérien, École d'Alger, Algérianisme, assimilation.


Jeanne Fouet – La Fictionalisation de l'Histoire dans un article de Driss Chraïbi

Il s'agit ici de réfléchir au statut d'un texte de Chraïbi qui n'appartient pas au corpus de ses écrits de fiction mais à celui de ses articles de presse. Dans quelle mesure le récit d'un meurtre antisémite, perpétré en 1957 à Casablanca et dont l'auteur dit avoir été le témoin, s'apparente-t-il plutôt à une reconstruction fantasmatique qu'a un témoignage historique ? De l'autobiographie à l'autofiction, quels passages établir ? C'est par un recours à l'intertextualité que ce travail tente de répondre à ce questions, en montrant que l`´ecriture de deux romans et d'un recueil de nouvelles entretient des rapports féconds et ambigus avec ce qui par définition échappe à l'univers de la création poétique : l'Histoire « avec sa grande hache », comme le disait George Perec.

Mots-clés: Maroc, Juif, bûcher, intertextualité, autofiction.


Mustapha Hamil – History as Myth in Ben Jelloun's La Prière de l'absent and Chraïbi's Le Passé simple

La littérature marocaine d'expression française est traversée par une conscience polaire de l'histoire. Cet article se propose de dégager les modalités narratives ainsi que les limites idéologiques de cette conscience historique. La quète d'une origine immaculée (La Prière de l'absent de Tahar Ben Jelloun) et la poursuite d'un rêve hypothétique de l'être postcolonial : tourmenté par les absolus du passé et les incertitudes de l'avenir, l'être marocain - écrivain ou autre - se défendues et disséminées par la rhetorique officielle - politique ou religieuse. le retour en force d'une vision obscurantiste de l'histoire concrétise, désormais, l'échec intellectuel et idéologique du discours « postcolonial » au Maghreb.

Mots-clés: Maroc, histoire, mythe, écriture, psotcolonialité, origine.


Benjamin Stora – La Solitude des incomprises : La guerre d'Algérie dans les écrits de femmes européennes

Le travail d'investigation à partir de romans, ou d'autobiographies, qui évoquent une époque particulière n'est-il qu'un simple prétexte à réflexion historique, ou, devons-nous, comme Michelet, estimer que la littérature peut être un lieu de déchiffrement du sens de l'histoire ? Sans vouloir forcément trancher entre ces questions, voici une « promenade » personnelle, en solitaire, à partir d'une production « d'archives » très singulière : le livres écrits et publiés par des femmes pieds-noires pendant une quarantaine d'années (de 1962 à 2000). Qu'elles s'expriment sous l'angle de la révolte et de la mélancolie, ou de l'obsession d'un passé perdu, celui de l'Algérie française, la lente maturation du temps si chère aux historiens se donne partout à lire. Il est également possible de découvrir dans ces récits (la selection porte sur une centaine d'ouvrages) une connivence d'écriture entre femmes, Européennes des années 60 quittant à jamais leur sol natal, et Algériennes des années 90 fuyant leur pays en proie à une guerre civile.

Mots clés: Histoire, Algérie, guerre, femmes, pieds-noirs, exil, romans.


Michèle Bacholle-Boškovic – La Femme sans sépulture d'Assia Djebar ou une Historie pas enterrée

Le dernier roman d'Assia Djebar, La Femme sans sépulture, est construite sur un effacement : la disparition du corps de Zoulikha, montée au maquis en 1957, capturée et torturée par l'armée française. De cette voisine d'enfance, l'auteur fait résonner la voix et tisse l'histoire gràce aux récits de ses filles et amies. Repris après 20 ans (1981-2001), ce récit honore à travers la figure de Zoulikha les Algériennes qui se sont engagñees dans la lutte nationale, au prix de leur corps et parfois de leur vie. Derrièr la petite histoire se profile l?histoire; propres tortionnaires. Comme le suggère Djebar, l'Histoire ne se laisse pas enterrer.

Mots-clés: Djebar, guerre, Algériennes, torture, corps, viol.


Mireille Rosello
Rencontres et disparus chez Assia Djebar : Hantologie algérienne

Cet article se propose d'explorer l'émergence d'une parole « hantologique » écrite par des auteurs algériens qui sont sans cesse confrontés à la réalité de la mort violent, dans leur quotidien et dans leur passé. les exemples qui me serviront ici de point de départ sont deux textes récents d'Assia Djebar : Le Blanc d'Algérie et La Femme sans sépulture. En se mettant à l'écoute de ses « chers disparus », Djebar crée un nouveau genre littéraire qui donne la parole aux fantômes eta ux vivants et transforme l'histoire en fenre dissident et scandaleux dont la métaphore serait le corps « fertile » de la femme sans sépulture dont le corps pourrit au soleil. Genre littéraire situé à l'intersection entre la fiction et l'histoire, l'hantologie est hantée par des fantômes que l'histoire officielle ne parvient ni à faire oublier ni à commémorer.

Mots-clés : Djebar, Algérie contemporaine, histotiographie, deuil textuel.


Dominique D. Fisher
L'Anamnèse, histoire ou littérature en état d'urgence

Cet article exmine en quoi l'appel à l'anamnèse permet à Assia Djebar de réévaluer les distinctions établies entre discours factuels et fictifs. l'anamnèse permet d'autant mieux de souligner les limites du discours historique que, dans le cas de l'Algérie, nous avons affaire à une mémoire historique déficitaire. Djebar envisage ainsi dans Ces voix qui m'assiègent une contre-histoire qui s'écrirait à partir de l'anamnèse, des levées de silences, des levées de voile, et de la marche des exclues de l'histoire.

Mots clés : anamnèse amnésie, discours factuels, discours fictifs, contre-histoire, mémoire historique, voile.


Denise Brahimi – L'Histoire dans le roman : Quelle (dis)solution

Cet article utilise deux livres de fiction quie semblent très opposés dans l'usgae qu'ils font de l'histoire : il s'agit de Vaste est la prison d'Assia Djebar (1995) et d'Entendez-vous dans les montagnes.... de Maïssa Bey (2002). Djebar regroupe les épisodes historiques dans la deuxième parite de son livre qui en comprend trois, et elle leur donne un statut qui semble au contraire omniprésente et partout comme en suspension. Cependent elle y est grâce aux mémoires de deux personnages, qui sont différentes et même opposées, en sorte qu'elle doivent aler à la rencontre l'une de l'autre pour que l'Histoire émerge de leur fusion. Ces deux livres nous parlent d'une histoire occulte, enfouie, dont l'influence est pourtant incontestable, voire déterminante dans le présent de l'Algérie.

Mots clés: Histoire, fiction, mémoire, passé, présent, occultation.


Rosalia Bivona – Les Silences du palais de Moufida Tlatli : Quand les flots de la mémoire effleurent les pans de l'histoire

Cet article sur Les Silences du palais de moufida Tlatli se propose de mettre en relief le fil caché de l'historie là où il est consigné et déployé dans une voix qui parvient à donner une cohérence et une unité de sens. L'histoire pivote autour d'un personnage, Alia, et de son retour dans les pièces désertes du palais du Bey après dix ans d'Indépendance. Sa mémoire nous montre non seulement les événements, les grèves, les actions politiques et militaires filtrés par la radio, mais aussi la cohabitation de trois mondes : le sien , celui des Seigneurs et celui de la révolte. Moufida Tlatli semble n'avoir aucun souci historique, les événements interviennent de manière discrète, et pourtant ils permettent la profonde évolution à la fois des personnages et de l'espace-temps.

Mots-clés: Tunisie, indépendance, cinéma, mémoire, Tlatli, epsace-temps.


Rachel Borghi et Claudio Minca – Le lieu, la place, l'imaginaire : Discours colonial et littérature dans la description de Djemáa el-Fna, Marrakech

Dans cet article nous essaierons de découvrir certains des différents discours qui ont déterminé la signification et la perception d'un espace très particulier et très complexe : la place Djemáa el-Fna de Marrakech. Nous chercherons à montrer comment la construction du discours géographique sur un lieu particulièrement impregné de signifié, de la sédimentation de ses événements historiques et culturels, et des processus qui le concernent ctuellement, passe également par la contribution de la littérature. Après avoir décrit rapidement les rapports toujours plus intenses et riches entre littérature et géographie, nous réflichirons bièvement sur le sens du lieu et sur la trajectoire des discours hégémoniques qui ont contribué à transformer Djemáa el-Fna en ce mythe colonial et toursitique qu'aujourd'hui encore nous pouvons admirer.

Mots-clés: moderne colonial, littérature coloniale, perception, perspective, représentation, imaginaire.


Bénédicte Vauthier – Mémoire(s) d'Algérie : Balises pour une anthologie de littérature francophone – française et algérienne – au service de l'histoire

Récemment encore, chercherus et historiens dénonçaient le silence qui pèse sur certaines pages des manuels scolaires cnsacrées au passé colonial français. Les enseignants ont tendence à se réfugier derrière le flou des programmes pour justifier leur silence à ce sujet. La littérature francophone « algérienne » se révèle une voie de traverse idéales pour aborder, en les réinscrivant dans la longue durée, cette page douloureuse de l'histoire de France et de l'Algérie. De la même manière, la lecture de bon nombre d'écrivains « algériens » permet de mettre à mal l'idée d'un axe duel France/Algérie ou littérature francophoe/littérature araba. Après avoir remis en cause l'approche binaire de ces angles d'attaque (histoire, littérature et linguistique) au profit d'une approche triangulaire, nous jetons les balises d'une histoire plurielle et plyphonique de l'histoire de l'Algérie à travers sa littérature.

Mots clés: Algérie, dialogue, mémoire(s), littérature, histoire, idéologie.