RUPTURES/DISSIDENCES

 

Denise Brahimi – 68 au Maghreb : Sur quelques numéros de la revue Souffles

Cet article examine quelques numéros de la revue Souffles, parus dans le sillage des " événements de 68 " et comportant des articles consacrés à la culture révolutionnaire par des auteurs tels que Khatibi, Serfaty, Laâbi. On y trouve des réponses aux questions : Avec quoi s'agit-il de rompre ? La rupture est-elle négativité pure, sinon quelle positivité implique-t-elle ? Faut-il s'en tenir au Maghreb ou l'inscrire dans une problématique plus générale ? Leas auteurs n'ont pu éviter certaines contradictions inhérentes à la notion de culture populaire. Ils affirment la nécessité de nombreuses ruptures, mais aussi l'idée qu'on ne peut en rester au stade de la subversion négative.

Mots-clés: revue, culture, révolution, décolonolisation, contestation, nation.


Kathryn Lay-Chenchabi – Résistance ou intégration ? Le cas des auteurs d'origine nord-africaine en France

Les textes des auteurs français d'origine maghrébine sont caractérisés par une ambivalence et une dualité de perspective. propulsés souvent au départ par un désir d'intégration en France, ces auteurs, paradoxalement, partagent avec les évrivains maghrébins un fort besoin de résistance par rapport à l'ancien pouvoir colonial, accompagné d'un désir de créer de nouvelles manières d'expression. En examinant la violence de Mounsi, et la nouveauté de la langue hibride d'Azouz Begag et d'Akli Tadjer, cet article démontre comment cette écriture, poussée au départ par la quête identitaire, a fourni en même temps les moyens de renouer les liens avec le pays d'origine.

Mots-clés: beur, maghrébin, français, langue hybride, résistance, ironie.


Bernadette Ginestet-Levine – Violence, sexe, et ruptures dans Timimoun de Rachid Boudjedra

Rachid Boudjedraa placé l'intrigue de Timimoun dans la convention théâtrale d'un minibus qui emporte un groupe de toursites vers le désert. L'autoradio joue le rôle du messager qui apporte sur scène les nouvelles du monde extérieur. La narration s'articule autour des communiqués qui rapportent les attentats sanglants commis par les integristes. La transcription de la barbarie sur la page s'effectue par le biais d'une mise en évidence typographique. Cette convention spatiale/visuelle est elle-même enchâssée dans des champs lexicaux concentriques - liquides, puis désertiques - érigés en barrière, pour tenter de circonscrire l'insoutenable.

Mots-clés: Boudjedra, Timimoun, Algérie, Maghreb, désert, terrorisme.


Ouarda Himeur – Femmes et littérature : Les premières ruptures

Avant la conquète française, la représentation des Algériennes dans les textes littéraires est fortement soumise à l'influence de " l'orientalisme ". Les héroïnes, issues de la noblesse ou de la bourgeoisie, sont oisives, sensuelles, intrigantes et prises dans une quête inlassable de l'aventure amoureuse et de la transgression de l'ordre social et moral qui les opprime. Pendant la période coloniale, des considérations idéologiques, de domination, restent attachées à la mise en scène de ces femmes qui, quand elles ne sont pas carrément exclues des fictions, sont trnasformées tantôt en objet de spectacle et de désir, tantôt en sujet de pitié ou de compassion. À partir des années cinquante, les romanciers algériens de souche comblent les manques et redressent les déformations. Ils proposent, pour cela, des personnes et des lieux qui répondent mieux à la réalitñe et aux contradictions qui tiraillent leur société. Dans les quelques œuvres que nous avons retenues, nous avons décelé et les premiers accent du féminisme et les premoères ruptures ; par rapport à la fois aus écrits des prédécesseurs et de la tradition qui ne tolérait, et ne tolère, ni l'exhibition de l'intimité, ni le discours sur la femme, ni la remise en cause des normes ancestrales.

Mots clés: orientalisme, littérature algérienne, femmes, Feraoun, Dib, Djebar.


Bénédicte Vauthier – Regards croisés : Peintres dans leur(s) atelier(s), femmes dans leur appartement

L'œuvre narrative d'Assia Djebar, et plus particulièrement la nouvelle Femmes d'Alger dans leur appartement, servira de point de départ à une interrogation sur la conception de l'érotisme, et des rôles assignés aux hommes et aux femmes, maghrébins et européens, dans la littérature maghrébine et la peinture occidentale. Lue en regard des réflexions sur le ahrem de la sociologue Fatima Mernissi, cet article montre que la lecture djabarienne des toiles de Delacroix et Picasso est largement tributaire d'une vision occidentale de l'érotisme. Seule la mobilité de la guerrière Messaouda, dont le chant peut-être rapproché des contes de la Schéhérazade musulmane, puet faire justice à la vision de l'érotimse oriental. Celui-ci s'inscrit aux antipodes de la vision de la femmesoumise, passive et dénué de toute passion cérébrale, qui hante les harems imaginaires des Occidentaux.

Mots-clés: Érotisme, Schéhérazade, orient, Occident, Djebar, Mernissi.


Najiba Regaïeg
La Femme sans sépulture d'Assia Djebar : De l'écriture de la dissidence à la dissidence de l'écriture

Dès se premières œuvres, Assia Djebar s'est manifesté à travers sa voix du refus, à traver une rupture opérée continuellement dans son écriture. Son avant dernier roman La Femme sans sépulture témoignr plud que jamais de ce souci de s'inscrire dans ce genre d'écriture : il s'agit d'une écriture de la dissidence qui aboutit à une dissidence de l'écriture, à une remise en question de la source même de l'écriture qui s'efface au profit de diverses voix de femmes. Ces femmes, par leur oralité même, finissent par ressuciter l'héroïne principale Zoulikha qui incarne toutes les figures de femmes héroïnes de l'Algérie colonialisé ou de l'Algérie actuelle. Femmes combattantes pour la liberté et oubliées aussitôt l'independance acquise et femmes persécutées par le fanatisme des détenteurs d'une pretendue Tradition islamique.

Mots-clés : révolte, refus, oral-écrit, femmes, résurrection.


Mounis Benalil
Carnavalisation dans L'Amour, la fantasia d'Assia Djebar

Cet article propose une lecture de L'Amour, la fantasia d'Assia Djebar selon le vocabulaire de la carnavalisation textuelle développé par Mikhaïl Bakhtine dans ses monographies sur Dostoïevski et sur Rabelais. Dans se roman, le discours historique est soumis au jeu de la carnavalisation qui implique sa subversion et déconstruction-reconstruction continuelle par le discours de la fiction. Si cette nouvelle " tactique " de la lecture et de la réécriture de l'Histoire coloniale reste étroitement liée au projet féministe de l'auteure, elle nous renseigne sur la pratique romanesque chez Djebar qui se déploie dans la nécessité dialogique de conjuguer la forme avec le contenu.

Mots clés : Algérie, colonisation, caranvalisation, Histoire, méta-histoire, féminisme.

 

VARIA


Carole Edwards – Regards sur Le Dernier été de la raison de Tahar Djaout : Un cri pour l'Algérie postcoloniale

La persécution et l'assassinat des intellectuels est une réalité en Algérie. Dans Dernier été de la raison, Djaout rend hommage à la mémoire de ses ancêtres et à ses contemporains avant de lui-même succomber. À travers le personnage de Boualem Yekker, il évoque le refus d'une acculturation religieuse au cœur de l'Algérie postcoloniale. Cet articel se propose d'analyser le regard dans l'œuvre, rendu patent par les dichotomies du visible et de l'invisible, de la lumière et de l'ombre. L'économie des dialogues renforce pe pouvoir visionnaire des images. Concrètes et abstraites, extérieures et intérieures, elles donnent au libre un message pathétique de détresse et d'espoir. Entre Songe et réalité, le regard se transforme en forme d'action, unique outil de la resistance.

Mots clés: Algérie postcoloniale, Tahar Djaout, roman, regards, cri, résistance.


Milouda Louh – L'Odalisque sortie du cadre : L'écriture du moi dans L'Amour, la fantasia et Vaste est la prison d'Assia Djebar

Cet article se propose d'analyser les modes d'écriture du Moi et de l'Autre dans les deux premiers tomes de l'œuvre autobiographique de l'écrivaine algérienne Assia Djebar. Refusant tout cloisonnement entre ses deux héritages culturels, elle tente, à travers son geste autobiographique, de restituer la parole intime des femmes arabes cloîtrées et de réssuciter dans son écriture en langue française les voix ensevelies des morts de l'époque coloniale et de la guerre d'independance. Le Moi, en s'écrivant dans la langue de l'ennemi d'hier,s e fait violence, mais en même temps il se déprend des rets de la tradition ancestrale. Malgré le dévoilement par bribes éparses de son Moi intime, la narratrice, paradoxalement, se dérobe sans cesse et navigue aux frontières indécises de l'autobiographie, de l'Histoire et de la fiction.

Mots-clés: Djebar, Algérie, colonisation, autobiographie, bilinguisme, femme.


Virginie Lupo – L'Écriture féminine en Algérie ou l'écriture paradoxale

Depuis des siècles, les femmes en Algérie sont tenues dans le silence ; mensonges et hypocrisie entourent leur condition. C'est contre cela que Maïssa Bey décide de se battre : son écriture, du fait même de son existence, incarne la dissidence. Dissidence, mais également paradoxe car possibilité de vie et de mort : lécriture est en effet Vie, Création et Espoir mais les mots sont dans ce cas plus dangereux que les arnes ; ils dévoilent ce que l'on ne doit pas montrer., ils disent ce que l'on veut cacher. Témoigner, dire l'innommable, tel est le but de Maïssa Bey dont l'écriture est donc à la fois dissidence et paradoxe.

Mots-clés: Algérie, femme, écriture, silence, révolte, Bey.