Trois ânes - Livres - Limag
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Livre

SEONNET, Michel
Trois ânes


 
Lieu : Coaraze
Éditeur : L'Amourier
Année : 2009
ISBN : 978-2-915120-59-2
Pages : 126 p.
Type : Contes
Collection, autres éditions : Thoth,
Notations :

N'aie pas honte, Samir. N'aie jamais honte de pleurer. Surtout pas pour un âne.
Nous savions combien l'âne est une figure fraternelle et généreuse. Mais ce que nous découvrons dans le récit de Michel Séonnet, c'est qu'il est aussi porteur de mémoire. Un âne que l'on croyait si paisible va entraîner trois enfants derrière lui. En pleine nuit. A travers routes et montagnes. Ils ont rendez-vous avec l'histoire, celle de la deuxième guerre mondiale, dans laquelle se mêle le destin d'hommes, de femmes, d'enfants, et de trois ânes. A chacun des enfants il sera révélé comment cette histoire est aussi la sienne. Ce récit d'une grande tendresse concerne autant les adultes que les enfants.







Extrait



Imperturbable, l’âne tapait toujours dans la porte à grands coups de sabot. Que veut-il? se demandait Lino. Les mots d’apaisement qu’il murmurait par l’ouverture de la porte ne servaient à rien. Il allait bien falloir qu’il se décide. Ouvrir. Entrer. Essayer de comprendre ce que voulait Semper.
Il devrait ouvrir la porte tout doucement. La coincer du pied. Juste assez pour passer. Se glisser aussi vite que possible. Et refermer immédiatement. Ensuite il attraperait le licol. Et quand il aurait attaché l’âne à l’anneau au fond du hangar, il pourrait ouvrir la porte.
Lino se répétait les gestes dans sa tête. Un après l’autre. Il les voyait si bien que c’était comme si c’était fait. Alors il se décida. S’appuyant de l’épaule contre la porte pour ne pas qu’elle s’ouvre trop vite, il tira le verrou.
Tout alla très vite. Plus tard Lino se demanda si, tout ce temps, l’âne n’avait pas guetté ce moment-là. S’il n’avait pas prévu son geste et, de son côté, répété celui qu’il allait faire. À peine Lino eut-il tiré le verrou, que ce fut, de l’autre côté de la porte, une terrible poussée. Comme si l’âne, ayant pris son élan, avait foncé sur la porte avec la puissance d’un taureau. Sans cornes peut-être, mais un front tellement dur! Lino n’avait pas fait le poids. Sous la charge, la porte s’était ouverte d’un coup. Il avait été propulsé dans l’herbe, et, le temps qu’il se relève, Semper était déjà en train de trotter fièrement au milieu de la rue.
– Semper! Reviens! Reviens! Semper! Il n’avait plus qu’à lui courir après.