Cheurfi Achour, Mémoire algérienne : Dictionnaire biographique, Editions Dahlab, Alger, 1997

L’auteur Cheurfi Achour, journaliste algérien, se propose à travers cet ouvrage de retracer le parcours de toutes les personnalités qui composent le paysage culturel algérien de l’Antiquité à nos jours. Trois milles notices biographiques nous renseignent en effet sur les activités d’intellectuels et artistes de divers horizons : savants, soufis, philosophes, érudits, sociologues, juristes, historiens, essayistes, politiciens, poètes, romanciers, nouvellistes, dramaturges, comédiens, cinéastes, peintres, musiciens, chanteurs, etc.

Dans un texte liminaire, Cheurfi Achour situe les objectifs de son entreprise : « Ce dictionnaire répond à un double souci. Il fallait d’abord combler un vide. Depuis El Bostan d’Ibn Maryem ( 15è siècle) qui renferme 182 biographies de personnages originaires de Tlemcen et de ses environs et Taârif el Khalaf Bi ridjal As-Salaf (connaissance des prédécesseurs par les successeurs) d’EL Hafnaoui ( début du siècle), on ne peut guère noter de travaux de cet ordre à l’exception de ‘Alam el Djazaïr du Syrien Nuweihad et le Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française du Français Jean Dejeux. En outre, il n’y en avait aucun jusqu’ici qui englobât l’ensemble des activités intellectuelles, de l’antiquité jusqu'à nos jours. »(p.5).

Vingt siècles de culture renfermés dans un livre de neuf cents (900) pages sont un véritable défi que s’est lancé l’auteur et qu’il a, de notre point de vue, judicieusement remporté ; et ce, malgré les inévitables écueils qu’une telle entreprise ne pouvait manquer de rencontrer ne serait-ce qu’en matière de documentation relative à la période ancienne.

Cette encyclopédie culturelle algérienne est passionnante à lire et à relire parce qu’elle constitue un instrument de travail indispensable à tout chercheur quel que soit son domaine. Ainsi, à titre d’exemple, dans le champ alphabétique de la lettre « a », l’article « Aba Nourredine » (1921), poète, conteur, dramaturge, académicien, cotoie aussi bien celui d'Apulée( Lucius Apelius Thesius dit), savant, philosophe de Numidie (125-170), que celui d'Augustin (Saint), souverain spirituel de chrétienté, originaire de Souh Ahras (354-430), de la saga contemporaine de la musique populaire, les Ababssa, de Abbas Ferhat (1899-1985), pharmacien, célèbre pour ses activités politiques dès 1924, d’Aït Ahmed Hocine (1926), également homme politique célèbre surtout pour être le principal animateur du Front des Forces Socialistes (FFS) depuis des décennies, de Alloula Abdekader (1939-1994), dramaturge assassiné à Oran par des terroristes, de Ansari Ibrahim (1230-1291), poète et théologien, originaire de Tlemcen, etc.

Outre ces notices biographiques, que l’auteurs semble avoir confectionnées avec beaucoup de soins, le livre contient également un éphéméride précis des événements qui ont marqué l’Algérie « des origines à 1995 », une bibiographie des ouvrages auxquels il est fait référence et un index thématique.

La note de l’éditeur en quatrième de couverture souligne à juste titre que « ce travail monumental et non exhaustif nous restitue une grande partie de notre mémoire collective »(p.5). On comprendra que ce document, répertoire plus qu’appréciable de la vie culturelle algérienne depuis un passé très lointain, participe lui-même de cette mémoire dont il est l’une des balises.

Farida Boualit.