L’auteur Cheurfi Achour, journaliste
algérien, se propose à travers cet ouvrage de retracer le parcours de toutes
les personnalités qui composent le paysage culturel algérien de l’Antiquité à
nos jours. Trois milles notices biographiques nous renseignent en effet sur les
activités d’intellectuels et artistes de divers horizons : savants,
soufis, philosophes, érudits, sociologues, juristes, historiens, essayistes,
politiciens, poètes, romanciers, nouvellistes, dramaturges, comédiens,
cinéastes, peintres, musiciens, chanteurs, etc.
Dans
un texte liminaire, Cheurfi Achour situe les objectifs de son entreprise :
« Ce dictionnaire répond à un double
souci. Il fallait d’abord combler un vide. Depuis El Bostan d’Ibn Maryem ( 15è siècle) qui renferme 182
biographies de personnages originaires de Tlemcen et de ses environs et Taârif
el Khalaf Bi ridjal As-Salaf (connaissance
des prédécesseurs par les successeurs) d’EL Hafnaoui ( début du siècle), on ne
peut guère noter de travaux de cet ordre à l’exception de ‘Alam el Djazaïr du Syrien Nuweihad et le Dictionnaire
des auteurs maghrébins de langue française du
Français Jean Dejeux. En outre, il n’y en avait aucun jusqu’ici qui englobât
l’ensemble des activités intellectuelles, de l’antiquité jusqu'à nos
jours. »(p.5).
Vingt
siècles de culture renfermés dans un livre de neuf cents (900) pages sont un
véritable défi que s’est lancé l’auteur et qu’il a, de notre point de vue,
judicieusement remporté ; et ce, malgré les inévitables écueils qu’une
telle entreprise ne pouvait manquer de rencontrer ne serait-ce qu’en matière de
documentation relative à la période ancienne.
Cette
encyclopédie culturelle algérienne est passionnante à lire et à relire parce
qu’elle constitue un instrument de travail indispensable à tout chercheur quel
que soit son domaine. Ainsi, à titre d’exemple, dans le champ alphabétique de
la lettre « a », l’article « Aba
Nourredine » (1921), poète, conteur, dramaturge, académicien, cotoie
aussi bien celui d'Apulée( Lucius Apelius
Thesius dit), savant, philosophe de Numidie (125-170), que celui d'Augustin (Saint), souverain spirituel de
chrétienté, originaire de Souh Ahras (354-430), de la saga contemporaine de
la musique populaire, les Ababssa, de Abbas
Ferhat (1899-1985), pharmacien, célèbre pour ses activités politiques dès
1924, d’Aït Ahmed Hocine (1926), également homme politique
célèbre surtout pour être le principal animateur du Front des Forces
Socialistes (FFS) depuis des décennies, de Alloula
Abdekader (1939-1994), dramaturge assassiné à Oran par des terroristes, de Ansari Ibrahim (1230-1291), poète et
théologien, originaire de Tlemcen, etc.
Outre
ces notices biographiques, que l’auteurs semble avoir confectionnées avec
beaucoup de soins, le livre contient également un éphéméride précis des
événements qui ont marqué l’Algérie « des
origines à 1995 », une bibiographie des ouvrages auxquels il est fait
référence et un index thématique.
La
note de l’éditeur en quatrième de couverture souligne à juste titre que « ce travail monumental et non exhaustif nous
restitue une grande partie de notre mémoire collective »(p.5). On
comprendra que ce document, répertoire plus qu’appréciable de la vie culturelle
algérienne depuis un passé très lointain, participe lui-même de cette mémoire
dont il est l’une des balises.
Farida Boualit.