persistance  - 1 et 2 --------------------------------------
 
terre éclose entre nous herbe douce à nos lèvres
nous frôlons sans parole un ciel noir où l’absent
laisse l’espoir se taire entre nos mains de pierre
et dans nos yeux ruinés d’avance
                                                    la terre claire
où l’on ne mendie plus l’amour
                                                     la terre grave
l’orgue d’or du silence où l’oubli nous aveugle
 
maintes fois nous avons pris la mort pour visage
pour cet arbre innocent qui monte source étrange
source étrange au malheur du vieux taudis en ruine
où nous ne risquons plus que mort en terre froide
                                        pierre déserte et noire
de craie
de mort hirsute
d’espoir où nous lavions nos yeux
de nuit où nous brûlions nos peurs et nos fantômes
et nos légendes
au sang de fable
 
ah que se brise à l’aube
la pierre triste en nous qui vous servons d’asile
halte au miroir de pierre où sans visage un homme
récolte ombre sur ombre au chant de mort subtile
                                    et nous enseigne à vivre
 
*
 
neige entre nous secrète
herbe qui garde un astre au seuil de nos défaites
le bel espoir qui chante reste un oiseau de pluie
la nuit coule entre nous comme une eau de silence
 
la roue du temps cerne la veille
un ciel étrange en nous se cache
entrez en terre où l’on vous tue
                                     de boue
                                     de contorsions de haine
nuit de lumière en croix
nuit de brume en jachère
neige où mourir consume un dernier feu de braise
 
l’amour reste un espoir en peine
                                                un cri de pierre
un feu violent de source aube au fruit de lumière
où l’herbe monte à temps ancrer en nous le temple
où veille comme un astre au seuil noir du silence
un dernier feu de pierre
 
 
neige entre nous secrète
ombre où je luis en fête
juste à l’orée de l’aube au seuil grave de l’être
je passe
du lieu de neige hirsute
où sans espoir je saigne arbre en l’enclos du feu
qui monte en la poitrine d’ombre
                                                à fleur de terre
                                                à neige en larme
au lieu de grâce infirme
où l’arbre brûle humain sous la pluie des étoiles
qui sonde en mon vertige d’astre
                                                la grâce d’être
                                                au lieu de force
où l’herbe broie le crime
où l’herbe monte à notre taille
vivre à hauteur du siècle
 
 
d’être un arbre innocent dans la forêt des signes
d’être un arbre à parole au cœur grave du siècle
d’être un éclat de fleur hors de la nuit de glace
d’être un miroir en fête un grand feu de fontaine
d’être une vigne en sang au cœur de notre temple
nomme à nos yeux le monde où nous errons en fièvre
où nous pleurons l’azur que nous légua l’enfance
chant de lumière astrale aux salves de printemps
cris d’hommes vers l’issue de laine
                                                phrase en croix
nous errions dans la nuit nous errions sans visage
sans autre amour que vivre
boire au soleil
rendre à mon frère en peine
son chemin de fleur ivre au long du siècle en feu
ses mains en fête
contre la pluie de haine au vieux soleil en ruine
contre la pluie de ronce au fruit de sang vermeil
contre vous tous
renards chiens de démence atroce
                                                          vipères
tessons de cris infâmes
bâillons de suie
                        servage
 
*
 
pour territoire un astre et pour visage une ombre
pour songe un grand azur humain un arbre en fête
espoir sauvage et beau
                                    un âtre
                                    un arbre en joie
                                    couleur sur la rocaille
un coin de terre simple
 
des mains
pour empoigner le monde
dans la vigne où mourir console l’arbre humain
des feuilles de l’antan
absterge enfin la plaie
 
des mains
pour empoigner le monde
bercer de neige et de tendresse au ciel affable
un coin de terre simple
                                    luire
contre la nuit hagarde des chiens de la démence
ronger la pierre noire
qui brusque en nos images
 
l’amour
fleur de raison où notre amour ripaille
terre au soleil en croix terre où vivre nous ronge
terre froide où la haine arme en secret les fous
 
 
on tue
à perdre haleine
à perdre espoir et larme
à perdre ombre et visage
 
à perdre
ce qui s’orne d’enfance au goût de mûre fraîche
ce qui s’orne de grâce au goût de terre en fleur
 
à perdre
la fleur éteinte au temps où s’invente humain
sans autre âge que vivre
hors de l’amour
hors de la mort
mais dans la vigne où le vin chante
dans la couleur
dans la lumière
hors de la pierre aveugle
au temps de fleur éteinte où l’on s’invente humain
 
*
 
on tue
de mort secrète au ciel de fange
de nuit lugubre
on arme l’ombre
au vieux brasier du crime
on change en bête ignoble et plus rien n’a de sens
et plus rien n’est humain
 
*
 
je sais
que la fleur est parfaite où je m’énonce en armes
contre le poids de l’âge
et contre vous
captifs de l’ombre qui m’habite
 
*
 
je sais
que vous menez sous terre un destin d’herbe noire
que vous pleurez de rage au seuil de vos défaites
que vous rôdez
                        de haine en haine au soir de cendre
 
source en déclin
brutale ivresse où l’on s’insurge
contre vous tous
prisonniers de vos mains de votre ombre de chiens
captifs de votre triste algèbre
 
*
 
je sais
la rose explose à l’aube
le ciel se brise en mille éclairs
de grâce en fleur
la nuit reste un visage en loques
un rêve en cendre
un dernier pleur de rage
 
*
 
la terre où nous prenions visage
pour éclore au printemps contre la peur de vivre
contre la nuit de lèpre où nous cessions de luire
contre la plaie de honte au fruit de morne exemple
contre crime et servage
 
la terre où nous prenions visage
pour éclore au printemps
 
la terre hurle au carnage
la terre brûle
tessons de cris
soleil en larmes
neige offerte au malheur où l’innocent trébuche
science ignoble du crime
farce triste où je pleure
la rose éteinte à l’aube où j’ai planté ma force
 
*
 
o nuit de pierre
orgueil dans la santé de l’arbre
la peur ferme les rues de l’aube
et
malgré nos yeux troués de haine
la mort reste un oiseau de pluie
 
*
 
de l’aube au soir
                                    la mort
 
on tue la fleur dans la poitrine
on tue le chant qui nous éveille
on foule un astre sous la cendre
on brûle un homme au soleil libre
 
je suis le livre que l’on brûle
le ciel qui saigne sur la terre
la rose éteinte au grand minuit
la lampe morte hors de l’espoir
 
je suis le deuil des rues en fête
la nuit pourrie le soleil sombre
les jours gagnés de neige amère
l’ombre qui monte à notre taille
 
je vois des gens mourir de honte
taire l’envie d’être un visage
un cri de fleur sous la torture
un cri d’oiseau hors de l’hiver
 
je vois des gens au soleil juste
noyés sous un fardeau de ruines
errant de bouge en bouge en crime
en terre où nous étions sans être
 
je vois des gens au cri de source
feindre la mort mentir à l’herbe
au chant de la lumière en croix
à l’aube au ciel en transhumance
 
feindre la mort mentir au vivre
au rêve au vent qui nous emporte
je vois ciel que la mort consume
mourir un homme au soleil juste
 
ah plus de haine en notre vigne
plus de silence en notre veille
halte en l’amour d’être soi même
l’hiver est un printemps à faire
 
je veux que la pain sonne à l’aube
je veux au cœur de l’arc en ciel
boire en l’amour qui nous dénude
larme secrète hors de la fange
 
*
 
lors nous pouvions mourir astre en la source morte
l’oiseau que notre peine ancrait en nuit de nacre
pleurait vigne au soleil enfant clair qui se hâte
vers un soir de septembre au long piège d’asphalte
 
o mort luisante à l’aube face au dernier tumulte
mort où la nuit flamboie lave nous de notre ombre
lave nous du temps blême où nous taisons nos cris
éclat de source dans la pierre où nous passons
 
fantômes d’un autre âge autre que vivre en terre
ombre et spectre de sang haine naine et ciel noir
vous portez dans vos yeux votre opinion du monde
mais vous ne m’êtes plus que fleur nue de chagrin
 
vous ne m’êtes plus rien je suis un arbre en fête
herbe au printemps docile où vous passez sans être
je reste un vivre humain au lieu de neige intègre
où l’herbe pousse libre hors du grenier mystique
 
lors nous avions au corps ce feu de braise intense
qui hante encore en nous l’herbe noire et la mort
la pluie vierge du temps trouait la nuit de fange
et nous passions au loin vers un pus beau domaine
 
o cris de cendre inquiète vertige ombre sur ombre
nous naissons d’une fleur nous mourrons d’un nuage
et nous vivons sans halte hors de la peine d’être
l’amour que l‘on conspue sous le poids du chagrin
 
l’aube morte dans nos yeux éveille dans la pierre
tous les chemins du sang traqués d’ombre mystique
et brusque en notre amour l’eau stagnante du songe
qui nous ronge d’absence au plus fort de la houle
 
mais nous ne tairons pas l’espoir qui nous allume
entre la neige et l’âtre entre l’astre et la mort
nous ne tairons pas sous la cendre de l ‘aube
qui hante en notre vigne la joie d’être en visage
 
*
 
l’espoir traînait le pas dans la rue familière
le jour se gardait bien de luire en notre temps
nous étions sur le point de mourir de ciel noir
quand le vent se dressa contre haine et fumées
 
brume morte entre nous il n’est plus de silence
plus de parole éteinte en l’astre du printemps
le vers luisant ne s’éteint plus de peur parlons
que l’amour nous allume au cri de l’aube intense
 
aube intruse entre nous nous entre l’herbe et le nuit
entre l’herbe et la mort où branche de miel blanc
le jour devient ce fruit qui brûle entre nos soifs
ce qui nous reste à vivre sans lettre de franchise
 
l’aube au miroir brisé blesse un homme au visage
et plante en sa poitrine d’ombre et de mort noire
un morceau de ciel ivre où l’on surprend à peine
la grande étoile en sang qui orne en nous l’antan
 
 
l’oiseau qui nous éveille éclaire en nous à l’aube
les jardins du printemps de notre enfance altière
et nous sauve en secret de l’ombre qui nous veille
au plus noir de ce monde où nous crevons de faim
 
 
ah que de suie au front et de poussière en l’âme
découvrons nous soudain au seuil blanc du départ
où nous quittons au soir de grande neige hirsute
la fleur de nuit natale au cri de vigne en sang
 
vigne en sang où la peur saigne comme un couteau
un homme apprend à vivre un homme hurle au soleil
un homme au chemin bleu de givre ouvre ses mains
la nuit reste un couteau de givre et de printemps
 
fleur au verbe de pierre et de grâce où je m’éveille
quel oiseau pur miroite au fil de l’aube intense
et tranche d’un vol ivre en l’épaisseur du soir
de quoi vivre et mourir au plus haut de la fête
 
 
l’amour qui m’a surpris au tournant de la route
me poursuit de sa danse et m’abandonne au froid
d’être un spectre vivant au jour noir où mon frère
arme au seuil de la mort un voilier de beau temps
 
on égorge en pleine aube un secret de fleur libre
l’ombre marche sur nous corps que vrille la nuit
la nuit comme un vautour qui nous voile au soleil
destin de feuille morte dans la lumière en marche
 
nous restons ciel à vivre cœur que la nuit essore
verger clos de printemps eau stagnante où je meurs
fleur que la mort habite au grand matin de cendre
où l’astre comme un cri laisse en nous son silence
 
nous restons ciel à vivre un temps de source vive
malgré la nuit de sable où nous traînons le pas
vers quel siècle de haine ombre au soir de misère
restons nous à vivre où feindre mort nous tue
 
l’aube qui naît à fleur de terre et dans nos yeux
cheminait dans l’orgueil des esclaves de l’ombre
et se chargeait d’amour et fleurait bon la joie
la grande joie dicible au temps pris de silence
 
nous étions un ciel ivre un grand printemps de sève
nous habitions la neige une aube à fleur de terre
un temps de sable en fête au cœur noir du malheur
qui givre en notre espoir des mains de terre simple
 
ah quel fardeau de mort ruine la veille
qui tisse en notre cœur son secret de fleur libre
malgré le temps de givre où nous errions vers vous
en l’astre noir de suie qui nous hante d’effrois
 
je n’ai que feuille morte pour patrie en cendre
ombre où je meurs en croix faute d’être un visage
terre en fête au village un homme hurle au carnage
si près d’être un soleil que j’en perds la raison
 
 
fleur que la mort habite au grand matin de cendre
ombre sur nous au temple où nous quittons nos yeux
pour ne plus voir la mort brûler les rues de l’âme
où nous passons en peine étoile au front de morte
 
fleur que la mort habite au soir de rouge épreuve
fruit de lumière infecte au temps de source close
par main de crime atroce homme épris d’un visage
nous passons ciel humain que plus rien ne protège
 
rien d’autre pour ma soif que ce mourir d’eau pure
ce temps de pierre sèche au goût de nuit saumâtre
ce vivre au jour de craie qui veille sous la terre
rien d’autre pour ma soif que la mort en haillons
 
que ce corps sans visage en l’oubli de l’eau noire
mémoire aux cils brûlés de sable au cri de source
change un homme en statue hors de la ville en croix
où vivre est un naufrage où l’on est sans visage
 
 
herbe qui pousse en fête au jardin bleu de l’aube
cri de peur sous la neige effroi sous le gel noir
cri dans la nuit de fonte où nous errons sans arme
un homme au ciel chagrin entre dans notre cercle
 
un homme aux yeux troués me poursuit de mort noire
et brûle l’arbre humain qui nous servait d’asile
contre le froid de vivre herbe amère en la bouche
cet autre chant d’amour qui nous porte au soleil
 
un homme au ciel absent cesse d’être une étoile
oublie la fête où vivre est le plus beau scandale
oublie vivre en la haine au soleil froid la haine
que vous portez au cœur comme un mauvais visage
 
un homme au temps de mort pue de honte en la ville
il pleure un ciel absent un fruit de saison vierge
que le temps d’un visage au grand soleil en ruine
nous découvrons en nous au cœur de pierre infâme
 
 
il fait si froid ce soir au creux de notre veille
que l’on se sent mourir de grande lèpre hirsute
que le parfum lointain des rues de notre enfance
vibre en l’espoir tenace où nous hurlons de soif
 
quel amant de mort noire entre dans notre cercle
et nous disperse au soir où nous brûlons de froid
et nous laisse sans arme au cœur du long silence
où nous traînons le pas halte en l’ennui de vivre
 
halte en la pierre noire où germe l’arbre humain
halte en la source morte entre nos mains de terre
halte en la nuit de fange un homme ancre son ombre
dans la nuit sans patrie des gens vaincus d’avance
 
vous nous crevez les yeux un homme ancre son ombre
dans notre temps de grâce au cœur fou de l’éclair
où nous luisons de vivre au grand soleil de l’être
face au malheur sans nom que vous nommez patience
 
 
nous la mort consume au soleil de ses danses
nous trempons notre pain dans un vin de jour morne
mais nous avons au corps ardeur de steppe en armes
des légions de printemps au cri de fleur en transe
 
nous que la neige accable au grand matin de cendre
mort quotidienne au vieux langage au ciel de honte
lumière en ruine en nous au premier cri du monstre
entre l ‘aube et l’amour où nous pleurons nos yeux
 
 
ombre aveugle qui traîne au flanc noir du silence
ombre sur nous au temple et dans la rue de l’aube
ciel de mort sans pardon où je n’ai plus de place
hors de la ville en croix où nous trions nos peurs
 
la nuit comme une morte entre nos mains de honte
la peur comme un dernier visage un ciel en loques
des rues mortes de froid rues de frayeurs subites
dans la nuit grabataire au seuil de nos révoltes
 
 
quand on est sans visage au plus tendre de l’herbe
quand on est sans visage au plus fort de l’espoir
au plus clair de l’amour il n’est pas bon de vivre
hors de la soif d’extase hors de la neige en peine
 
 
hors de soi même en croix il n’est pas bon de vivre
d’être un homme de proie d’être son propre esclave
homme au chagrin de loup malheur sans âge esclave
soleil en deuil silence ombre à genoux au temple
 
cigogne claire au temps que sa mitraille annonce
la nuit fardée d’éclairs ouvre à l’aube son corps
de fleur vorace au goût de pierre au cri de source
qui nous emporte en fête au cœur secret du temps
 
sous n’importe quel ciel par n’importe quel vivre
rendre à l’aube son chant un nid à hauteur d’aigle
rendre à la source éclose éveil d’ailes sous terre
puis mourir sans question dans la nuit sans rivage
 
 
l’objet qui nous harcèle et nous garde en otages
ferme en nous la cascade et nous porte en servage
au plus triste de l’être au plus froid du malheur
terre camp de mort lente où nous gisons sans joie
 
j’ouvre fange et débris fruit de mort solitaire
c’en est fini du temps où nous étions sous terre
où nous parlons sans fin des neiges que l’antan
gardait comme un visage hors des ruines du temps
 
j’ouvre fange et débris deuil au chemin d’étoiles
silence herbe où la mort promène un lit de ronces
j’ouvre plaine au soleil pierre au nid de fantômes
ombre au soir de corail plaie de honte au visage
 
j’ouvre malheur tunnel de mort je m’ouvre au ciel
au monde où la couleur m’emporte où vivre chante
à fleur de terre en croix à neige ouverte au temps
où notre espoir viendra nous venger du ciel noir
 
la nuit vrille mon corps de son couteau d’ardoise
terre en fête au village où l’on écorche un homme
fête en deuil en la ville on sème au vent un corps
l’ennui essore un cœur surpris d’être une étoile
 
 
révolte au soleil morne en l’herbe que l’on foule
frisson de neige aveugle ombre où je luis sans fin
terre au soleil en peine entre les bras de l’aube
la mort frappe au visage un homme au cri de veille
 
veillons sur notre temps de grâce un homme simple
sème en nous ses éclairs clef de la source en fête
en nous astre au soleil en ruine espoir en peine
l’étang comme un miroir sans tain souille l’azur
 
je pleure un vol de grâce aigle à l’aube de soufre
je pleure un ciel absent un frère au soleil juste
gens que la suie dénigre cris d’enfer en la mort
la mort poursuit sa danse en notre temps de haine
 
la mort froisse un visage où je n’ai plus de prise
je vous parle d’un autre ordure au sang d’éclairs
qui s’ébranle sous terre et grimpe orner mes jours
des senteurs que la nuit délivre en notre veille
 
soif que l’amour étanche entre des bras de source
terre ferme où je veille astre au chemin de peine
corps que vrille la mort au soir de rouge épreuve
où la fleur sans défense entre au cœur du poème
 
mourir reste en la ville un printemps qui s’égare
un berceau d’azur tendre herbe au cri de vengeance
un dernier songe un cri contre la pluie de pierres
couleur morte au soleil qui chante en notre vigne
 
ma joie de pierre chaude un temps de libre orgueil
hors de la pluie de fange aux clous de peine amère
hors de la mort qui pèse en notre corps sa charge
d’arbre au soleil humain qui monte à notre taille
 
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à
 
Philippe Roy
 
l’arbre la nuit
en nous
la terre souffre
 
la mort promène aveugle
dans ses cages de haine
des hommes sans visage humain printemps de sable
ciel morne nous passons sans trace dans vos yeux
que nuit de pierre morte au chant pur de l’étoile
                                                l’étoile en peine
où nous naissions en fête un cri de joie au cœur
un cri plus tendre que la veille un oiseau libre
 
*
 
l’arbre écorche la nuit
en nous
la terre souffre
 
la mort cerne un enfant qui nous hante d’espoir
la mort hurle au soleil dans la nuit des villages
pluie de silence en arme hiver morne au vent noir
gel dur au cœur du temps neige en deuil de cyprès
 
entendez vous
                        la mort
moudre en la nuit du sang le grain noir du silence
ne fuyons plus le siècle qui se ferme en nos mains
et nous ouvre à l’espoir qui nous porte au soleil
brûlons la geôle ignoble où le malheur nous glace
 
*
 
neige en fuite en la mort au secret de fleur noire
la nuit germe sous terre et reste un mauvais lieu
un corps de haine infâme un temps de lèpre atroce
un jour grave où se taire ancre son ombre au corps
 
la nuit qui sue de honte entre au cœur de la ville
et nous désigne au crime et nous range en la pierre
au cœur du piège triste où nous mourons en croix
brûlons la mort qui ronge à coups de hache l’herbe
                                    à coup de hache l’arbre
                                    à coup de serpe d’ombre
                                    à coup de haine infecte
                                    à force d’ombre
 
brûlons la mort qui ronge homme au soleil de chair
                                    femme au soir de récolte
neige au temps de verdure âtre au feu de printemps
 
brûlons la mort qui règne sur nos corps de bronze
dans nos yeux au sel noir
sur nos mains sans repos dans la nuit sans rivage
où sans parole un astre explose
                                                   et nous aveugle
et ferme en nous le temple où nous puisions la force
d’être à nouveau l’amour
 
*
 
un homme égorge un homme outre supplice et larme
et ruine en nous la joie du vieux solstice humain
en terre où le printemps pris au piège de l’ombre
hurle au soir de chagrin sans pouvoir se défendre
 
un homme égorge un homme au soir de rouille triste
où l’herbe prie en peine en secret sous la pierre
deuil prisonnier du temps qui hante en notre vigne
un secret de ciel tendre au plus fort de l’espoir
 
un homme égorge un homme dans la nuit prolétaire
et brûle au sang la chair qui souffre dans sa joie
de jeune fille en croix dans la nuit sans pardon
qui rampe vers notre âtre au cœur sec de la steppe
 
un homme égorge un homme et sèche au cri de l’aube
et se cache en la pierre au feu clair de racines
comme un moineau se perd hors de la ville en crue
comme un arbre en fureur s’arrache au sol ancien
 
*
 
mais dans la nuit malade un homme au soleil juste
sort de l’ombre hypocrite ouvre sa main de graines
prend en charge l’étoile et nous enseigne un jour
plus sûr d’être un visage hors de la ville en crue
 
un homme au soleil juste enseigne en nous mystère
sa fable où nous dansions dans la frairie du peuple
sa neige en peine
au cœur des rues en deuil
silence où je m’exprime
nous affrontons la haine au cri de braise intense
la haine
ses mauvais yeux
son temps de lèpre atroce
sa pluie de mort subtile
sa nuit de ronce aveugle où nous souffrons de vous
gens de mort sans relâche aux yeux troués de givre
 
j’affronte mort et crime en terre d’ombre atroce
en terre où l’herbe monte
vers la lumière
où le printemps se nomme
neige au soleil
bonté de l’arbre humain
antre où je veille libre au front du siècle en feu
 
j’affronte mort et crime
 
je veille
l’arbre nomme un visage ombre hirsute et parole
 
je veille
je nomme un vivre humain au lieu de pierre infâme
je nomme un ciel étrange
neige habitable en terre au chagrin bleu de givre
ciel que la mort consume à pas d’ombre et haine
                                                fruit de lumière
                                                printemps agile
ordre de marche au soir d’écume au jour de larme
                                                au sang d’épine
et vous dénonce à l’homme juste
                                                qui vous égorge
et brûle en ses éclairs les hyènes de votre ombre
 
*
 
grande rose au ciel ivre o fleur discible au temps
secoue le vieux chagrin de fonte au feu de lèpre
secoue le vieux silence acarpe et ronge l’astre
où nous pleurons la mort des jours pris de silence
 
grande rose au ciel ivre annonce au jour de grès
annonce au temps de craie qui nous égorge en peine
en la fleur nue du vivre où nous saurons à l’aise
luire en la nuit de mort au linceul noir de givre
 
parle au temps de silence au cri de pierre infâme
parle au ciel sans espoir qui neige en notre peine
et nous masque au soleil et nous glace en la haine
qui rentre dans la ville où s’ébroue le printemps
 
je me souviens de l’aube où nous dansions l’amour
au ciel du vieux chagrin qui hante encore en nous
la neige claire où vivre éveille un oiseau libre
qui chante en notre ciel neige au cri sans visage
 
*
 
l’arbre écorche la nuit qui trouble en la mémoire
l’eau stagnante du songe où nous pleurons misère
eau pourrie de ciel terne encre putride et noire
morne alchimie du verbe où l’arbre humain délire
 
source éclose en la mort ma patrie fleur de givre
me poursuit de son ombre au cri de cendre infecte
et nous ronge en silence dans la nuit sans rivage
où nous errons en peine au creux du temps malade
 
ronce au visage un homme entre au bal de l’automne
et ruine en l’astre libre un vol de feuille morte
qui tournoie sans raison dans la mémoire enceinte
au creux des rues en fête en l’arbre de l’enfance
 
ah que ce temps est loin de nous du règne ignoble
au grand feu de récolte au ciel d’émeute en sang
où l’herbe brûle au soir de lèpre où sans visage
un homme entre en la joie qui nous peuple de fêtes
 
*
 
nuit tombée sur la terre où allions nous dormir
dans quel hiver de honte
dans quel givre de haine
dans quel hôtel de lèpre
solstice d’ombre aveugle
                                    où neige
                                    au cœur du siècle atroce
                                    en pluie de sang
                                                                la mort
                                    en peine d’astre
                                                                la peur
en croix de pierre infâme où l’on se tait de honte
au cœur noir de la ville
la vieille suie en peine au chant des lavandières
l’orgueil subtil du soir qui pleure en la fontaine
notre âge d’ombre atroce où le printemps en armes
naissait au soleil âpre
                                au chant
                                des orphelins de l’aube
 
*
 
nuit tombée sous la terre où allions nous dormir
neige impie sur la ville au ciel morne d’effrois
pluie de givre en la mort qui nous cerne de honte
la nuit vrille les corps perclus de brume infecte
 
dehors
la neige est sans excuse
la haine est sans visage
 
dehors
les orphelins de l’aube
sont un seul cri d’amour hors de la peine étroite
qui hante en notre temps de pierre et de feuillage
la source claire au cri de femme
qui ronge en nous le vieux silence
où l’herbe gicle hors de la pierre
où l’herbe danse au soleil juste
                        au grand miroir
au grand espoir où cendre amère
éparse dans l’automne en peine
qui rôde en notre veille au chant de nuit secrète
où nous tissons d’amour un siècle à notre taille
la nuit délire
 
*
la nuit délire
 
*
 
viendra le temps d’être un visage
jour soleil ivre
où fleur de grâce un homme
prendra le temps de luire hors de la cendre noire
où maintenant je pleure
enfance en peine
neige au soir de torture
candeur au cri de fange
perle d’eau vive en fête au grand secret de nacre
ciel que la nuit consume à pas d’ombre et de haine
 
je peine en terre
je peine en croix
je peine
 
*
 
au seuil du vivre humain que nous rêvons possible
au seuil du vivre
que nous savons d’argile tendre
un enfant clair se charge au cœur des rues en fête
d ‘un feu de chrysanthème pourpre
et monte
au grand soleil en armes
vivre en la mort perfide un feu clair de faucille
mille ans de jour fidèle au cri de source en peine
mille ans de neige amère en nos prodiges d’ombre
mille ans de terre au soleil juste
et pas une ombre au monde où nous parlions de soie
                                          où nous vivions de fable
où nous chantions la vie que nous rêvions possible
 
*
 
viendra le temps d’être in visage
d’être un secret que l’on confie
à l ‘arbre au soleil noir qui veille dans l’automne
                                                        en sang
au soleil noir qui germe en notre veille claire
et nous escorte hors de la ville
 
*
 
viendra le temps d’être un rivage
d’être un refuge à fleur de terre
un siècle dense où le printemps
humain
            des pauvres de ce monde
luira
hors de la fange au soleil jaune
au temps de suie
où l’on se ferme au monde simple
à l’herbe d’être un homme
au soleil jeune
un arbre qui s’enchante au soir
où le printemps se charge
de notre ivresse claire au long parfum d’armoise
chanson de pluie dans la verdure
au lieu de terre où nous passons
                                    courbés
                                    sous le fardeau de l’âge
lèpre au visage en ruine
honte au miroir de givre
silence où l’on égorge un homme
au soleil dense
un homme au temps de fleur sauvage
de source éclose dans l’automne
chemin de feuille morte au soir de rouille amère
souffle de forge dans la brume
je peine à vivre au jour étrange
je peine
 
*
 
viendra le temps d’être un visage
en l’eau morte des jours
où je m’indigne au soir de honte
d’être un fantôme errant entre vos murs de crasse
sous votre ciel de peine idiote
dans votre ville où l’on écorche
un homme au soleil rouge au cri de terre inquiète
en l’eau morte des jours
 
où je m’indigne au soir de sable
d’être un chemin de mort un homme au soleil jaune
qui tombe sous le nombre
                                    des nains de toute espèce
                                    des prédateurs
                                                                du vivre
où l’herbe vibre à notre taille
au soir de sable
où je m’indigne contre l’ombre
                                            du crime
qui brûle nos récoltes
et neige en suie
en pluie de sang sur nos villages
viol et carnage
 
*
 
je perds le sens du vivre
je perds le sens de notre veille
que l’on crible d’orgies en ce temps de ciel morne
où l’on oublie de vivre
 
*
 
la mort éloigne hors de la brume
un ciel étrange au jour de ronce
et nous apporte un soleil dense
un feu de source qui nous hante
 
la mort éloigne hors de la fange
l’étoile éteinte en notre danse
et nous enchante au seuil du rêve
où l’astre écrase un homme libre
 
j’avance au soir de neige absurde
où l’on invente un vivre étrange
au goût de pierre d’ombre au goût
de neige triste et de ciel vague
 
j’avance au soir de cendre amère
hors de l’ennui du bouge atroce
où l’on enferme au soleil jaune
un homme au ciel de mort ignoble
 
terre au miroir de peine sourde
terre au soleil de haine aveugle
un homme triste au cri de pierre
avance en croix en notre cercle
 
il nomme un vivre au cri de perle
un temps de grâce intègre un temps
où saigne triste en votre règne
le ciel ignoble au vieux miroir
 
demain se ferme hors de la ville
la mort qui rampe à fleur de terre
brûle nos corps à flanc de ruine
au cœur du givre où l’on se cache
 
 
neige en la mort au goût de haine
lèpre au visage un homme saigne
un homme saigne et nous reproche
d’être un hiver au soir de honte
 
neige où l ‘amour côtoie la mort
je parle d’astre au sang de fable
je parle au vieux visage en peine
neige en l’éveil au soleil grave
 
la nuit qui germe au ciel de fange
cerne la veille où je m’écorche
au vivre triste au jour de ronce
prés de l’abîme au cri de cendre
 
le soleil morne qui nous charge
brûle en l’étang de mort secrète
où nous passons si prés du vivre
que la vie reste un jour de nacre
 
l’aube se farde à fleur de terre
et vous dénonce au soleil morne
qui vous accuse d’ombre en sang
en terre ignoble au ciel de honte
 
le soleil rouge qui nous hante
décline en proie au doute acerbe
en proie au vent qui nous amasse
face au malheur au jour de glace
 
jour de terreur ongles du crimes
la nuit persiste hors de la ville
main de lumière en nous résiste
le soleil chante en ma poitrine
 
la fleur promise au ciel en fête
perce la pierre au jour de noces
et monte au soir de haine en sang
dire au soleil la gloire d’être
 
la fleur promise au vieux silence
brave en la mort la nuit de ronce
qui ronge l’être au soleil rouge
je monte éclore hors de ma vigne
 
la fleur promise au jour en armes
règne en la boue du vieil automne
et nous délivre au seuil du vivre
de l’aube morte au temps de fange
 
la roue qui grince en la mémoire
peine en la mort qui neige amère
hors de la ville au soleil triste
hors de l’humain au cri de haine
 
au jour de neige qui nous brusque
la terre froide au vieux mystère
change d’étoile au jour de grâce
et parle en nous du soleil grave
 
je perds le sens de notre veille
que vous criblez d’orgies de sang
le ciel se ferme au jour de peine
où l’on se parle au cœur du piège
 
*
 
viendra le temps d’être un visage
antre où la nuit se ferme au soir de doute étrange
où l’on se pleure à vivre d’ombre
en peine d’astre
où l’on se crée de fleur inquiète
au vieux miroir
le temps d’être un visage
 
*
 
l’autre
qui se terre en la pierre où je m’inscris funèbre
qui se cache en l’orgueil où nous prenons racines
qui ferme en nous le jour comme un cachot de mort
qui nous assiège d’ombre
qui germe en notre terre
 
l’autre
qui règne en notre temps de peurs au soleil terne
brise le cercle
et rampe vers notre âtre au cœur sec de la steppe
 
*
 
je suis un autre
un vieux visage au soleil terne
un long chagrin de fleur vorace
de pierre amère
terre triste en l’espoir où nous parlions de suie
de mort sauvage en terre ignoble
nuit de salpêtre
 
*
 
je suis un autre
loin de vos yeux pourris de rêve
loin de ma propre énigme en sang
givre au parloir neige en prison
le ciel se cache
minuit parle d’eau morte
ombre aux cris de soleil j’espère un arbre humain
malgré la pluie de glace
          la pluie de mort cruelle
la pluie funèbre
la fuite
hors de la nuit du temple en linceul noir de givre
hors du ciel qui me hante
dans l’instant du poème
hors du bétail des jours
 
*
 
j’espère un arbre humain
qui nous capture au soir d’ombre dicible au temps
qui nous ouvre au soleil hors de la nuit vaincue
la nuit vaincue se brise
 
*
 
je suis un autre
neige au soir de supplice ivraie
au cœur de suie au miel étrange
ombre où je luis
soleil en croix que je traverse
au jour de sable au soir jaune
 
*
 
je viens de loin
des neiges sans chemin où nous pleurons sans âge
des rues sans espérances aux arbres nus de froid
des haltes sans parole où l’arbre humain délire
 
je viens de loin
des craintes sans visage au grand pouvoir de suie
des siècles de mort noire au masque de pain blanc
des steppes sans rivage où nous étions de pierre
 
je viens de loin
du vieux désert funèbre au chagrin de ciel vague
des plaines sans enfance au jour gris de silence
du ciel blanc de vertige où nous errions sans feu
 
je viens de loin
du plus funèbre automne au ciel en transhumance
des nostalgies sans être où pierre noire en feu
nous luirons en silence au front des prédateurs
 
*
 
comme une vielle femme au seuil du temple morne
assiette grise en mains
                                    attend
que le passant s’effrite et crache son aumône
outrage d’ombre hirsute dans son âme en peine
comme un oiseau blessé par une flèche ardente
 
comme une plaie de nuit de neige en la mémoire
qui nous berce en secret de mornes nostalgies
comme une source noire où boire est une ivresse
bouche folle d’éclairs qui crucifie mon frère
 
patrie
que le silence égorge
au jour de la détresse où l’on perd son visage
dans les ruines du temps blessé de mort sauvage
 
patrie en peine
où s’engloutit mon être
où ma joie se blottit dans le creux de l’épaule
 
patrie
où l’herbe me comprend
où la douceur console un monde âpre et rocheux
fierté du sang sur nos rivages
où toute peine enfante un astre
 
l’arbre éloquent délire
la nuit brasse l’amour sous la mue des étoiles
silence vierge
 
prière
un homme triste écoute
descendre dans la mort couleur de nuit terreuse
le chant des rossignols aux yeux crevés de haine
 
prière
ôte à la nuit son dernier voile
ôte à la mort
sa grande face d’ombre
et porte nous
vers la douceur de l’aube verte
où nous pourrons fleurir contre menace et crime
porte nous vers la mer vers sa substance claire
vers ses rayons de chair où nous prenons visage
 
*
 
silence où la parole insulte
épreuve où la douleur exulte
 
patrie en peine
patrie souillée
rongée
par la lèpre du crime
prison de sel
où le temps noir dessèche l’âme
et tue
trace de l’être et fleur sereine
quelle odeur de café me poursuit de sa danse
quelle orange scintille dans la nuit d’exil
quelle laideur s’amasse au seuil de notre porte
 
que faisons nous ce soir sur l’asphalte du monde
                                                            perdus
cernés de pierre atroce aux confins de la haine
 
*
 
ah nous d’étrange peine
hommes de nuit nomade
crucifiés sous l’azur d’imputrescible ivresse
rongés de ciel mortel et de frayeurs brutales
 
*
 
ah nous d ‘étrange peine
brûlés de givre atroce
 
patrie en deuil
terre usurpée de nains brûlés de nuit démente
flamme tendre au visage espoir sans récompense
douceur prise d’effroi au grand silence acarpe
fleur de lumière serve au grand silence audible
 
ouvre la vieille porte au jour qui nous assiège
ouvre ton ciel humain au temps qui nous répète
 
patrie en deuil
 
*
 
que l’on vienne vers toi
chanter dans ta lumière
luire en ta chair nubile
le temps d’être un visage
source d’étoile en sang au long cri d’espérance
source de fleur sereine au long vivre de fièvre
 
que l’on vienne vers toi
nourrir la fable humaine où nous serons ensemble
astre en fleur et diamant
                                    parle
                                    douceur de neige à vivre
grande pierre où l’oubli des chemins de servage
saura vivre en ta vigne
au clair de lune étrange où l’ombre des fantômes
ne nous fera plus froid
 
*
 
que l’on vienne vers toi
vivre en la paix gagnée
au lieu de pierre agile
lumière arable
 
couleur
contre l’hiver absurde
la fange infecte que nous êtes
que nous saurons gratter afin que luise humaine
la fleur que nous savons plus libre que le sang
 
que l’on vienne vers toi
brûler de givre
la nuit démente
qui traîne dans les yeux sa grande ombre de louve
écharde atroce et vigne en sang
que nous portons au soir de nostalgique étreinte
comme un masque d’écume en l’ordre du printemps
 
 
*
 
je suis un autre
au lieu de vigne en sang où nous serons à l’aise
vous sauver de vos mains
vous rendre à la lumière stable
où l’herbe dense
croîtra dans la parole en armes
où nous saurons
ruiner visage et larme
                                    et luire
                                    face au désert moqueur
face au malheur étanche au mur de haine idiote
qui nous secoue parfois au soir de rouge émeute
qui nous colle au poteau face au dernier soleil
 
*
 
chez nous
où nous hurlons de soifs
de faims
de nuit démente
 
chez nous
où nous n’avons plus rien que l’espoir en partage
plus rien
que le plus noir silence
 
o deuil hagard
qui se prolonge en nous surpris d’espoir brutal
épris de graine d’astre
en nous
siècles de haine
siècles de songe en croix grande lumière arable
grand amandier en fleur au plus noir de l’hiver
 
*
 
je luis
je porte un nom coupable l’éclat de nuit martyre
qui veille sur les miens sur la geste innocente
où l’arbre teint de sang frissonne dans ma chair
 
je luis
entre errance et servage où je n’ai que mon corps
pour drapeau de silence au fruit de mort sereine
pour insulte au malheur qui me traîne en sa fange
 
je luis
neige en fête au soleil j’habite un astre libre
j’habite un nom de terre un feu d’armoise sèche
un nom de fable étrange où l’oiseau tisse un rêve
 
je luis
comme l’arbre sanglant que l’on érige en croix
pour crucifier mon frère au grand cri redoutable
qui nous assiège au soir de son automne en fête
 
je luis
les vexations du crime sont de suie à mon front
jour après jour la mort le sang la nuit de craie
jour après jour la boue le pain noir du silence
 
je luis
j’atteste que l’espoir ouvre au visage en transe
jour de nacre et d’amour prés de la rose éteinte
au creux dur de l’exil ou nous portons nos croix
 
*
 
patrie en peine
ouvre au soleil ta chair et ta neige au printemps
hisse un drapeau de sang dans la nuit sédentaire
ne laisse plus les nains faire en ton jour la loi
noircir de fange acerbe
                                    ton jour
                                                de neige arable
où le printemps verdoie contre le froid de vivre
contre la houille d’être
un jour sans récompense
contre la houille où les visages
perdent le sens de vivre
 
o peine d’être
l’effroi de la fontaine où nous perdons nos soifs
au jour blanc de vertige
 
*
 
berne
les vieilles stratégies du crime
 
parle
        jour de fronde en colère
la pierre vole au front des nains
des moissonneurs d’orage
l’herbe servile traîne dans les gourbis de honte
un feu infâme
retrouve vers ton règne d’astre
 
oublie
la vieille nuit de fange
et chante
ce qui nous reste à vivre au plus fort de l’espoir
 
*
 
je suis un autre
un deuil feu que la mort consume
mille ans de givre en ma ténèbre
mille ans de suie morbide en nous
chemin de ronces
homme à l’encan
homme au soleil en croix en armes
homme à l’étoile en sang en ruine
 
*
 
je suis un autre
un ciel de fleur que l’on torture
un temps de soie que l’on écorche
croix de misère au soleil triste
médaille infâme au jour de grâce
silence où nous prenions racines
au seuil du vivre en notre temple
 
*
 
je suis un autre
 
je parle
des jours vaincus de brume étrange
des jours vaincus de neige claire
des jours tressés de haine ignoble
 
je parle
de chair lardée d’ombres nomades
de mort possible en terre d’encre
de source morte en nuit d’algèbre
 
j’espère
un arbre au soleil dense
un feu d’argile
au jour de larme où l’astre chante
en notre veille
 
*
 
j’espère
jour de rencontre claire un jour de braise active
dans ma mémoire aveugle un jour précieux se hâte
au seuil de l’arc en ciel en ce soir de mort lente
vers quelle issue de feu au chant clair de racines
 
houle d’astre en rumeur dans la nuit qui parle
de sa patrie lointaine au jour blanc de sépulcre
de son peuple ce spectre errant à flanc de honte
dans l’ennui sans visage au ciel luisant de lèpre
 
le ciel pourri s’écaille outre larme et solstice
la rue se ferme au siècle où notre éclat trébuche
l’ombre quitte son antre au soir de rouille amère
il neige un temps de mort fruit de ruine mystique
 
il neige au soir de givre outre violence et larme
jeunesse au temps fermé sur notre danse d’astre
qui nous emporte au loin où nous convie la vague
qui nous ramène à l’aube au lieu de notre amour
 
*
 
j’espère
pour mon frère u chagrin de splendeur estropiée
pour le sang laborieux qui explose en la pierre
pour son espoir qui tue la nuit des exploiteurs
de toute argile humaine arquée face au malheur
 
pour toute neige simple où succombe un coupable
pour toute chance éclose en notre chance d’être
la source du printemps qui nous gardait là bas
dans ce coin de lumière où nous étions une ombre
 
un jeu fidèle au temps qui rayonne en nous tous
dans la clarté qui sourd de toute chose humaine
où nous perdons nos mains transparentes d’espoir
pour quel trésor d’amour candeur de l’aube mûre
 
pour demain qui viendra nous sauver de nos mains
laver nos yeux ternis de honte et de ciel noir
pour tout amour possible éclat de joie charnue
de rouille et de clameur aux roses surprenantes
 
*
 
j’espère
poème où l’on s’inscrit contre la mort violente
pour la rose où je veille en mon lieu de racines
douleur proche du vivre en l’arbre où se consume
un feu d’oiseau mortel au chant de fleur solide
 
dans la fuite où l’amour oublie d’être un soleil
nos pas de chaque jour vers un meilleur visage
l’oiseau pourrait chanter la fuite des gazelles
vers la lumière en transe où nous puisions l’amour
 
l’oiseau pourrait chanter la hantise de l’astre
et nous dire au printemps un feu clair de rivières
dans la rue de la ville où nous étions l’enfance
couleur de saison libre où l’astre nous consume
 
face au malheur luisant au soir bleu de fatigue
où nous parlons sans fin de notre ancien supplice
sans perdre dans la mort au soir de neige infecte
la trace en nous subtile où l’on se prend à vivre
 
*
 
j’espère
au temps où nous étions fleur de silence en croix
la nuit ancrait sa force en notre règne où vivre
luisait soleil en armes en l’arbre au soleil humain
qui nous creuse le corps en ce temps de mort noire
 
la trace humaine qui nous hante argile et larme
écrase l’ombre et rampe en notre espoir de pluie
qui sonne en la verdure claire où l’ombre saigne
au seuil blanc de la mort où la joie nous éprouve
 
vieil artisan de l’aube au chant clair de silence
souviens toi de l’argile aux flaques de printemps
la nuit veille ton corps ah tant de suie au cœur
que la couleur trébuche en nos jardins de pierre
 
que nous perdons le sens de notre clair lignage
que nous ne pouvons plus tracer de main sereine
le sillon du printemps qui songe en notre force
changer le jour en fête et la mort en solstice
 
*
 
j’espère
un siècle à notre taille un vivre humain de perle
splendeur u ciel en feu dans notre danse d’astre
sur demain qui s’éveille en l’oiseau sans espoir
qui nous emporte à l’aube outre violence et larme
 
reste jeunesse en terre où le printemps coudoie
la vieille nuit où neige dans l’enclos du silence
la joie d’être un visage un havre où l’on aborde
fou de rencontre claire un vivre humain de perle
 
à l ‘ancre un homme reste à l’ancre et nous raconte
sa chair brûlée par les embruns sa force en ruine
proie de l’hiver en peine au long chagrin de givre
un homme tombe en ruine dans notre cœur en sang
 
l’oiseau brise en l’absence un feu de neige éclose
et nous emporte au large ouvrir ombre et visages
par ce soir de septembre où la peur se prosterne
au pied de l’arbre humain qui nous invite au chant
 
*
 
j’espère
un arbre au soleil dense
un feu d’argile
au jour de larme où l’astre chante
au ceux de notre veille
 
                                        21 . 09 . 1997.
 
 
 
 
 
 

 

feu de racines  - 1 ---------------------------------------

Sans la vision d’avenir des voyants, des poètes,
des artistes, l’espèce homme ne deviendra jamais l’humanité.
 
 
silence
ombre et lumière en fête au plus secret de l’être
le jour luisant de givre
brûle en la pierre noire où nous nous sommes pris
la fleur qui nous attache au monde
où nous perdons nos yeux
 
ombre et lumière en fête au plus secret de l’être
le jour luisant de grâce
blesse l’extase infâme où nous cessons de vivre
ronge les corps
apprend de nous le chant de la tendresse en armes
son cri de fable intense
sa force claire
son jour arable
terre au cœur du verger fruit de neige multiple
antre aride où je veille
 
je nomme
un ciel absent
un temps sans crépuscule
un fruit de sang rebelle
un vivre intense
un ciel de chrysanthèmes
en joie
 
que la fleur nous répète à l’aube où naît l’espoir
que le temps malgré nous se transforme en légende
harpe et jet d’eau vivace
pierre noire où je meurs et renais au pain blanc
 
silence
un arbre clair enseigne
que les oiseaux en fuite au premier cri de l’aube
se font signe d’alliance en l’antre du printemps
 
un arbre clair enseigne
tant d’audace à cerner dans la pierre qui sonde
le couloir triste et nu de mon chagrin de fonte
tant de silence aveugle en ma prison d’étoiles
tant de clarté au monde de la chair qui saigne
                                    que l’on se tait de peur
 
*
 
j’explore dans la nuit marâtre
j’explore dans la boue infecte
 
j’endure un temps malade
un temps de givre atroce
de main griffue de haine
 
j’endure ombre au chemin de sang
prison de ronce
 
*
 
je règne
neige au cri de verdure
printemps à dire à tous en l’eau noire des jours
surprise d’être dans la pierre
un cri fertile
un astre libre
 
je règne
en terre où le printemps délivre
les oiseaux de mon cœur
en terre
où la nuit bleue récolte
perle d’eau vive au soir d’émeute
où l’âme saigne
où l’arbre humain délire
 
soif d’un visage à vivre en ce printemps de fable
en ce lieu d’herbe jeune où la nuit bleue récolte
les larmes de mon corps de terre et de phosphore
que neige amère et noire
soleil en ruine
l’hiver
glace en la nuit funèbre
en cris de givre
et crée
sa propre danse
 
soif d’un visage à vivre en un printemps de fable
 
*
 
j‘explore
astre et visage en peine
neige et chemin de haine
jungle du crime et loi mortelle et nuit de ronces
 
j’explore
le chagrin de la pierre où le soleil juste un homme
prend racine en l’amour contre haine et servage
couleur contre ces cris de haine et de violence
couleur de neige à vivre au seuil dur du silence
 
j’explore
terre où la mort me prend notre plus claire image
un grand vivre de perle dans un chant de cascade
que mon âme est en droit de reprendre au fantôme
 
j’explore
l’âpre temps que la mort ouvre au soleil nocturne
comme on ouvre un visage au grand soleil menteur
comme on attend la pluie outre augure et mystère
grave l’étang où stagne la peur d’être un visage
 
j’explore
des rues jointes de peur des yeux fermés de givre
air noir silence d’encre espoir nuit sans fenêtre
ordure au cœur du temps qui nous cerne de pierre
malheur d’être un visage infirme exclu du nombre
 
j’explore
la peur d’être un miroir où sont tombés les miens
je pleure un ciel absent je pleur une aube morte
un astre en fuite égorge un spectre blanc d’écume
et laisse en nous monter la fleur de l’impossible
 
j’explore
herbe sèche et noirceur
douceur d’être un rivage
 
silence
où je découvre
ombre et lumière en fête au plus secret de l’être
un jour luisant de givre
 
des gens
            de terre à vivre
            de neige à boire
            de nuit à fendre
 
des gens
            de pluie subtile
            de grâce intègre
            au règne d’astre
 
et je découvre
des corps cernés de mort des yeux troués de peine
un temps sans récompense où nous errons sans yeux
de cage en cage
au jour de perle éteinte où nous nous sommes pris
dans la nuit des tyrans dans la sinistre algèbre
où grand soleil en ruine un homme entre en vigueur
et parle
et vous dénonce
au jour noir de vengeance
qui vous livre à sa danse
 
*
 
couleur que le jardin délivre
douceur d’être un visage
ombre infâme où je meurs
 
espoir
la fleur surgit du temps
 
espoir
porte une étoile au front
 
la nuit remonte en croix entre l’ombre et nos yeux
et vous cris de fontaine au feu de feinte ivresse
 
distance où nous cessons de luire
courage où l’herbe tendre entre au palais du crime
linceul blanc du silence et grand espoir en loques
 
un arbre saigne et vous dénonce
 
*
 
chantez contre les nains
la nuit broie mon visage
 
*
 
dans la cohue des jours pétris de vieux silence
homme au feuillage clair
arbre au chemin de sang
ciel que mourir consume
 
*
 
j’agrée
la fleur de nuit confuse
la pierre dense
où l’eau veille sans loi
 
j’agrée
le printemps en tumulte
la neige claire
l’aube mûre où je veille
 
*
 
la nuit broie mon visage
je saigne comme un fruit
 
*
 
à peine naissions nous au temps bleu de fatigue
que l’ombre nous brûlait de son mortel silence
 
*
 
ce qui me reste à vivre en ce lieu sans racines
est un jour de jeunesse où la lumière en transe
brave la nuit sanglante
où l’on écorche un frère au chagrin de salpêtre
 
ce qui me reste à vivre est un jour de jeunesse
que je creuse en secret au plus noir du silence
 
où j’arde
contre la nuit de honte
qui erre entre nos corps de boue
anse atroce où je veille outre naufrage et mort
outre vertige et croix
 
où j’arde
contre la nuit du piège
la fange triste d’être
ce jour médiocre et noir où je trébuche aveugle
sur les signes du crime où je trébuche aveugle
sur les signes du crimes où l’ombre nue déchiffre
les nostalgie de l’être au plus noir du silence
 
où j’arde
étoile au front
contre la frange d’être
en l’aube morte
l’espoir sans récompense où nous traînons le pas
vers la dernière auberge
l’ennui
le temps de suie
la peur d’être un visage
 
la mort
des solitaires
 
la mort
verger d’oubli où neige aveugle
la vieille nuit
où l’on se tait de peur au plus noir du silence
 
croulez palais de marbre
 
*
 
verdure saigne
jeunesse avance au front où l’on nous tissons nos lois
jeunesse brusque à la frontière
les vieilles nostalgies du sang
et l’herbe
monte à l’assaut du vivre
où nous rêvions
de vigne et d’archipels en fête
au plus noir du silence
l’herbe monte au pouvoir entre au palais du crime
brise le spectre
brûle leur code et leur légende
et parle
à l’heure où je m’invente
humain et sans autre âge
                                     que renaître espoir juste
à l’heure froide et nue qui sourd de nos étoiles
pour éteindre en la peur les spectres des tyrans
 
homme pris de vengeance dans la vigne de l'aube 
j’avance
            à pas de vigne
            à pas de neige
            à pas de grand soleil
            chanson de pluie patiente et feu de source
en l' herbe
 
 
j’avance
je suis au rythme clair où je connais les miens
nuit vengée par un astre
                                    neige à vivre au soleil
douceur rebelle au crime
je saigne d’être
nuit de laurier morbide homme au soleil de torture
tourné vers le printemps où l’astre nous écorche
et nous énonce
 
couleur
que la douceur vendange
 
                                    j’éveille une aube morte
                                    un cri de source en fête
                                    des yeux
                                    que l’on croyait crevés
                                    des gens
                                    que l’on croyait partis
faire un dernier voyage outre crime et distance
 
je saigne
à l’heure où votre force aile puissante d’aigle
incruste dans mon corps ses ongles de jour noir
la nuit prend feu
en vous
en nous
 
un autre prend ma place
et mine en vain l’espoir qui me servait d’asile
 
*
 
et maintenant
j’invente au vivre noir où sont passés les miens
en feu violent de source
un ciel de grâce
 
j’éveille une aube morte
des gens surpris de mort au soir de rouge absence
où nous étions sans être
 
la fleur qui tue les gens neige au gré du silence
comme un sommeil de mort entre les bras de l’aube
qui dore
au jour clair de voyance
le temps d’être un visage
 
nous avons faim de terre
 
soif d’un visage à vivre en lutte contre un arbre
contre un règne de honte
contre des gens de haine
nous avons faim de vivre un siècle à notre taille
 
jardins clos de blés mûrs au jour de grâce intègre
où soleil sans frontière
l’aube se farde et parle
                                    de notre temps de pierre
 
-----------------------------------------------------------------------
 
2 –
 
l’absent
ruine l’arbre où la mort se constelle
 
en l’arbre où la chagrin
reste la pierre d’ombre au grand minuit de neige
la steppe
où l’aventure
travaille dans mon sang
et tisse
entre nous d’eux
sa fable
me reste à vivre l’ombre
où l’absent fait de nous front chargé de lumière
un absent dans la pierre
ce vieux silence
où je m’incarne
et règne
sur des loques sans joie
 
ah que ne puis je taire où s’est perdu l’absent
arbre au vertige tendre
vibrer guitare en peine en la nuit de mon frère
qui s’acharne à se taire
dans l’habitude d’être
ce grand feu souterrain pris de piège où l’amour
grande harpe d’eau vive
reste un visage à vivre
sur toute chose
outre frontière et larme où vibre étoile en sang
mon grand cri de révolte en tout vigne humaine
que le malheur vendange à l’heure de l’angoisse
et noie
de long chagrin
au temps fermé de brume
 
car dans la nuit fermée à ma douleur d’esclave
s’allume
journée sans crépuscule
un ciel de joie fertile
où le bruit le sang violent qui nargue mort fatale
et chante grave et beau plus haut du rempart
 
*
 
ah que ne puis je terre où s’est perdu l’absent
herbe au soleil fertile
fruit comestible et bon
douceur brûlée de soifs
tendresse nue pierre où veille une étincelle
veiller pour toi mon frère au refus indomptable
 
sortir de l’ombre froide où me parque le maître
chanter neige habitable au grand minuit de l’âge
où l’arbre flambe humain qui brûle en la fontaine
où sans perdre u oiseau et sans perdre un visage
l’eau vive boit le temps
où la douceur fait signe aux aigles du printemps
 
*
 
que suis je en ce verger où l’ombre sous vendange
où l‘on pourrit la joie qui explose au ciel grave
où l’on crache sur nous
aumône atroce
                        la mort
où le chagrin nous broie dans la cendre de l’aube
où l’herbe tresse un nom de larme un nom de fleur
un nom de vigne au sang mortel
 
un rêve
jour réfractaire
 
fleur d’écume et de rage en l’eau noire des jours
et que ne puis je luire
et puis
sortir de table un soir et vous laisser ma place
comme on quitte l’amour par un soir de septembre
 
*
 
ah que ne puis je enfin rompre la digue d’ombre
et voguer vers un monde où le printemps en joie
coudoie au creux des rues en fête
les gens
dépris du nombre triste
que l’éclair de mon sang au chant de fable amère
ruine au verger du temps où prime étoile en fuite
un enfant joue
parmi les chrysanthèmes
 
*
 
que suis je dans ce temps d’éclipse et de salpêtre
dans ce temps de couteau de peste et d’herbe noire
ô nuit de chanvre
vigne étrange
vigne étrange à ma terre
honte et linceul de glace
temps de haine arbitraire
 
silence
plus rien que le poids du silence
                l’envie d’être un nuage
plus rien que se nourrir d’écume
que taire en soi la vie
 
plus rien que nuit sur mon visage
que givre dense en nous
                        en vous
où l’herbe morte
prend à nouveau visage et chante
couleur du vivre où je vous aime
mais vous ne m’êtes plus 
                                        ô nains
que perle morte et nuit de fange
silence
où l’on se pleure
où l’on pleure un absent perclus d’être un cadavre
un enfant dans la pierre où nous dormions sans fin
 
la pierre
où nous étions de pierre
 
ils ne me sont plus rien les hommes sans luisance
plus rien
que perle morte et nuit de fange
terre au jardin de haine
                                    ô nains
vous ne m’êtes plus rien
qu’ongles crochus et ronce noire
scorpions fous de venin
et lande
où s’est perdue notre âme
 
*
 
ô nuit de chanvre
destin de feuille en feu au plus secret de l’être
 
*
 
comme une aube de neige aux flèches de printemps
où l’enfance était bleue sous la blanche cascade
il pleuvait dans la nuit astre fleur et chansons
et nous parlions parfois corps perclus de chagrin
 
nous parlions de la mort d’être un feu solitaire
nous parlions en secret des gens fous de distance
des nostalgies d’air pur du ciel fou de septembre
et nous vivions sans fin un autre âge où l’espoir
 
cheval fou de printemps dans la steppe en fureur
réveillait dans notre âme astre discible au monde
où pierre noire au cœur un homme au soleil âpre
avance à notre encontre et nous montre nos mains
 
nos mains pièges d’amour se sont fermées sans joie
sur l’ombre de vos corps de neige et de phosphore
en ce temps sans mémoire un temps fou de distance
où l’on trouait sans fin les corps pris de misère
 
comme un soleil en peine aux larmes de printemps
l’amour fleuri de neige ouvrait sa main patiente
et nous partions là bas vers la maison de pierre
creuser terre et légende en ce temps de pain noir
 
l’amour avait notre âge et nous étions sur terre
au creux de ce printemps qui brûlait dans la nuit
la perle morte au front des processions de haine
des nains pris de démence en ce temps de pain noir
 
veilleur pris de chagrin sous le poids du silence
moi sans âge que pierre et sans soleil que vivre
étoile en l’ombre sourde un cri brise en la pierre
givre où mourir me guette et distance où l’on tue
 
neige neige il est temps que la joie nous consume
l’amour garde notre âge et nous parlons du ivre
où nous pourrons glaner de distance n distance
notre temps de pin blanc au grand soleil de tous
 
comme l’herbe s ‘éveille au grand soleil de givre
pour se conter verdure aux yeux brûlés d’espoir
un coin de ciel en nous brise porte et fenêtres
et tue l’ombre du crime où la fleur s’épouvante
 
au front des gens brimés de brume et de ciel noir
un jour rebelle au crime ouvre en la nuit marâtre
son verger de pain blanc candeur qui nous répète
dans les taudis de faim où l’on meurt sans pardon
 
nous parlions de verdure aux arbres pris de froid
au temps noir du silence aux gens fermés au monde
et nous étions sur terre au ciel gris de septembre
un jour de source éclose au flanc du siècle en feu
 
nous vivrons un autre âge un jour plus nu que l’eau
douceur d’être un rivage où l’on oublie la haine
l’ancien mépris de vivre au plus bas de soi même
nous vivrons un autre âge au printemps sans rivage
 
comme un enfant traqué de suie et d’épouvante
s’arrête au bord d’un cauchemar et parle au vide
j’allais désert au cœur vers mon enfance en peine
pétrir de juste espoir les gestes fous de vivre
 
nous avions en commun la peur d’être un visage
la peur d’être un miroir au grand soir véridique
nous rêvions la distance où l’amandier en fleur
nous porte vers l’amour qui nous ramène au temps
 
où la couleur nous venge entre neige et verdure
des nains que nous avons surpris de juste extase
face au printemps serein qui nous change d’aimer
l’herbe neuve où la mort cesse d’être un supplice
 
nous rêvions la distance au soir de pluie subtile
et nous gardions pour nous neige au cri de verdure
le fruit d notre espoir la joie d’être un visage
la joie d’être un miroir au grand soir véridique
 
comme un cri de fontaine au plus cru de l’enfance
nous remontions le temps vers la source de chair
vers la grâce des blés vers la mer sans relâche
au cœur mouvant du jour où le chant nous reprend
 
 
distance
distance entre notre espoir de fable
entre nos mains de chair
 
distance
à fleur de terre
dans notre danse
ombre ecchymose et larme
eau stagnante où je meurs d’être une eau solitaire
qui descend vers la nuit
vers le froid du silence
prendre racine et vivre
neige qui s’ouvre au feu de ce printemps si grave
que nous cessons de luire
 
je saigne
dans les taudis de faim
je saigne d’être
ce corps troué d’espoir au temps de mort altière
 
chaque fleur que je vois laisse en moi sa lumière
chaque terre où je passe
                                    laisse en moi sa verdure
 
*
 
je viens
des jours perdus
des jours glanés dans le silence
des jours vécus dessous la terre
des rues mortes de froid
 
je parle
je ne crains pas de vivre
                        de luire
au plus triste de l’être
 
je parle
 
terre au soleil de chair dénoue la nuit de cendre
dénoue tes mains de joie ton grenier de sel blanc
 
ouvre au jour qui se lève
routes de nacre au clair de lune
routes de givre où l’on se pense
homme au soleil en ruine
soleil en terre
jour troglodyte
 
je parle
j’interdis que l’on tue
que l’on porte au soleil le temps des yeux crevés
que l’on oublie le chant qui nous suscite à l’aube
 
j’interdis que l’on tue
que l’on mène en servage
l’homme qui rêve d’astre
la fleur qui use l’ombre
herbe qui monte et fleur de grâce
enfance au ciel de nacre au goût de mûres fraîches
au cri de source
 
*
 
enfance
rebelle au crime
au feu noir des scorpions
 
enfance
où nous dansions l’amour
 
*
 
j’interdis que l’on tue
braise qui parle sous la cendre
au soir violent qui nous incise au cœur sa nuit
sa peine d’astre
honte à vivre sous terre au cri de source inquiète
mort promise au soleil de nos vingt ans de grâce
mort pour un nom de fleur
orange en fuite au large
 
*
 
la boue conspue un astre
 
*
 
homme en fuite en la mort parle au dernier soleil
 
*
 
merci vivre est ce chant qui nous mène à la terre
à l’arbre
au chant natal
chanson de pluie martyre heure morte à l’horloge
un train est en partance hors de la nuit de lèpre
 
prenons y place
 
vivre est ce chant mortel qui nous porte au soleil
 
 
*
 
comme au soir de fatigue où les miens sont restés
comme un peuple de nains dans la nuit sans parole
comme une étoile en sang dans la nuit sans rivage
comme une perle au front
aube où je meurs en fête
rose qui s’ouvre au soir de notre automne d’encre
fleur de misère en croix
comme un matin de cendre
comme un miroir sans âge
comme on se tait
comme on se noie
de peur d’être un miroir
de peur d’être un visage
l’espoir perd son pouvoir de lumière et de roses
de tendresse et de pain
 
*
 
la peur entre en vigueur
la mort rougeoie
l’aube se farde
et l’oiseau qui s’éteint nous laisse dans la nuit
où nous crevons de froid de rage et d’impuissance
à flanc d’abîme
ordure au cœur
comme au soir de fatigue où l’hiver nous attaque
 
 
*
 
source d’ombre et miroir au plus secret de l’être
je saigne sur l’asphalte où la mort nous enivre
je saigne dans ces corps de chair et de beau temps
dans ces corps de soleil que l’on foudroie de peur
 
*
 
j’ignore
quel cri d’azur me hante
 
pour miroir un ciel ivre et pour faste une étoile
 
j’ignore
quel cri d’azur me hante
 
*
 
 
3 –
 
parole
à toute pierre où veille
un feu fragile
un feu
où se crispe une enfance
dans la rue sans pardon où se dresse un coupable
adulte
d’être silence et larme où gît puissance d’aigle
l’amour qui nous énonce hors de la nuit de craie
où tente d’être humain au plus bas de l’horreur
le songe vrai de vivre au grand ciel de l’amour
 
parole
pour le splendeur future qui me mange à ma table
pour la couleur subtile où notre espoir de vigne
délivre un oiseau clair au jour où l’on trébuche
au seuil pur de l’amour qui nous invente une âme
un verbe à vivre
 
parole
au long chagrin de pluie
qui veille au dur miroir où luit le cierge absent
qui nous captive en clair
et nous conte en secret son beau visage en cendre
 
parole
pour la mer qui commence à chanter notre errance
au grand ciel sédentaire où l’amour nous égorge
 
parole au jour présent qui marque d’une étoile
l’âge simple où je vois dans la rose essentielle
un temps de neige douce
surprendre en mon espoir de vigne
                                                    le ciel chagrin
                                                    la mort hirsute
qui chante en la hauteur où je veille en silence
le temps
où nous saurons planter nos gentes lois
 
parole
contre la fange ignoble où traîne en l’aube sale
un mendiant sans visage auprès du temple aveugle
en nous
que le vent tue
de sentir dans le soir passer ce froid lugubre
 
 
parole
 
je traîne en vain ma soif dans ce désert d’épines
où ma force est ce temps que tourmente une étoile
où je m’invente humain
parmi la pierre
où gît l’éclair de sang que notre âge de plomb
comprime comme un cri d’augure
où la joie nous éduque et nous livre au soleil
 
parole
qui se glisse entre nous au plus triste du songe
aux lèvres de l’intruse
 
parole
où j’interroge une ombre
fantôme aux ongles noirs de sang
pour la source où je bois sous la pierre d’ennui
la peur fatale
d’être une aube d’oubli au grand miroir de haine
où l’amour nous remplace aux lèvres de l’intruse
la femme
au dur chagrin de pierre
qui enlace un squelette au cœur noir de l’hiver
et pleure auprès du feu qui monte à son secours
et nomme
ton cœur de chêne altier
 
parole
reste un visage où vivre nous console en silence
des plaintes de l’absent qui erre dans nos rues
en notre vigne
dans les vergers spoliés par la crapule en armes
 
ah quelle odeur d’orange
brise ma nuit de chanvre
en mille éclats de songe
en mille éclats de perle
où je m’oublie en l’âtre
des nostalgies du temps
 
*
 
j’entrevois dans la nuit
des spectres dont le nom m’échappe
corps rongés de salpêtre
dans la mort fratricide
 
ô temps de lèpre
où j‘entrevois des gens mordus de faims étranges
                                              de soifs démentes
d’azur en fièvre
 
                                          des gens
                                          fruit de colère étrange
                                          surpris de haine
 
où sont les miens ce soir
                                        dans quelle ombre de sang
                                        dans quel piège d’ordures
                                        troublés par quelle idole
                                        rongés
                                                    par quelle étoile
 
où sont les miens ce soir
 
de quels siècles de haine avions nous donc besoin
 
la nuit parle d’énigmes
la nuit délire
 
 
*
 
dans la fuite de l’astre au soir pris de violence
la mort saccage un homme au ventre froid de faim
 
on tue
l’oiseau serein
de notre claire enfance
 
enfance
qui savait que leur nuit pouvait mordre le chant
 
un homme
un grand visage
qui chante dans la ville aux arbres nus de givre
éclaire en nous
la seule issue où vivre est un printemps à faire
 
*
 
mais vous pressez le pas vers un lieu sans excuse
dans la rue sans fenêtre
                                    où vivre
                                    est un monceau de glace
cendre de l’aube en ruine où je n’étais personne
 
dans la rue sans mémoire où je travaille à vivre
où l’ombre nue foudroie
les spectres de gel noir traqués de nuit cruelle
je ne peux plus me taire
 
je ne peux plus me taire
face au soleil sournois qui se glisse entre nous
comme écharde où la mort tisse en secret son nid
 
je ne peux plus me taire
un homme
aux yeux crevés de haine
chante au coin de la rue
pour prouver que l’espoir
est un feu sous la neige
où nous
martyrs de l’âge ignoble
qui nous combla de honte
creusons la nuit de cris
 
que faisons nous ce soir sur l’asphalte du monde
 
dans le dernier silence
un cri cherche le monde où nous souffrons de vous
orges noirs de l’enfance au travail de mort noire
que je croise en secret dans la nuit démentielle
où nous traquons le dire
à ton exemple
mère agile de tendresse
 
mais l’herbe du silence où nous restons de pierre
porte un éclair de mort qui nous assigne un songe
un songe au lent travail de grenaisons où l’astre
nous assigne en la haine où se défont les pièges
un lieu de pierre atroce où les miens sans espoir
sont nus d’effroi mortel
                                    crispés
                                    blessés de neige acarpe
                                    vaincus de lune étrange
un songe
de houille en larme noire où l’ombre s’épouvante
 
*
 
je chante porte ouverte aux hommes nus d’effroi
je suis né dans un temps de mépris et d’insultes
j’ignore
dans quel hiver sordide se sont perdus les miens
dans quel antre de haine se sont brûlés nos âges
dans quel feu de révolte nous avons pris au monde
                                    le droit
                                    d’être un visage en fête
un chant de transhumance
                                     qui pleure nos partances
et nous raconte au monde entre la neige et l’âtre
 
l’ombre éparse en la vie qui nous colle au visage
ruine d’absence un corps au cri de rouille infâme
et mord l’amour de givre
 
ô corps surpris de brume
au grand matin de cendre
où nous perdions
le sens
de la couleur des choses
 
*
 
j’échange
outre nos soifs d’étrange
un oiseau blanc de givre contre un siècle de haine
contre un miroir de fange
en terre
où le printemps se nomme
fruit de mort coutumière au grand soir de révolte
sans ce poids de frayeur où le temps en poussière
reste une plaie de lèpre
 
 
4 –----------------------------------------------------------------
 
un homme
ouvre sa main de graines
et parle
 
paix au soleil en cendre
 
paix au soleil qui naît dans le printemps en fête
 
ah que vivre est mortel en ce temps de ciel noir
dans cet hiver si morne que ma force s’effeuille
 
paix à la fleur astrale
ombre au cri sans rivage
la mort berce un oiseau qui nous habite d’ombre
et nous passons de rêve en rêve
au monde simple
où vivre est un visage au ciel pris de couleur
 
paix au peuple en voyage dans les ruines du temps
qui nous mange nos mains nos cris et nos légendes
et nous range en la nuit de son troupeau servile
 
paix au soir de vendange
grand courage qui saigne au rythme de ses danses
beau chant qui se résume à l’instant du scandale
astre au cri incendiaire
qui brûle dans le cœur l’ennui pesant du vivre
et les chardons châtiés à l’aube
dans la joie de nous dire astre au cri de revanche
 
paix au sommeil de l’arbre où s’invente un oiseau
qui chante outre l’amour le long siècle de peine
où pierre d’ombre en l’âme nous pleurons sans fin
grâce et neige où l’antan ouvre nos jours fermés
 
paix au sommeil de plomb du travailleur hirsute
qui saigne dans la nuit de glace
et passe
rongé
par les étoiles
au nœud coulant du vivre une espérance en croix
 
paix à l’homme en chemin qui explore en silence
l’humain
le plus grand continent
l’humain
que trouble toute chair qui nous révèle au monde
un homme qui s’absente dans la forêt des signes
 
un homme est en chemin des armes dans les mains
pour guérir de la haine et de mourir sans trace
à l’heure où les oiseaux se font signe au soleil
chanson
à rendre flamme et joie au bloc de pierre noire
que nous devenons tous dans l’oubli des étoiles
 
paix au feu qui travaille un cœur de vendangeur
comme au fruit lumineux de la plus haute branche
qui luit loin de ma soif de voyageur sans astre
beau fruit de givre noir qui tombe dans ma main
par un jour de vent âpre où le peuple s’invente
 
paix au visage en croix pris de torture infecte
qui regarde à travers les mains de son bourreau
l’aube grandir
et luire au loin la source claire
où nous aurons le temps de nous laver de l’ombre
 
paix au peuple frileux surpris d nuit violente
qui crache en l’aube mûre un sang de mort vécue
dans la poussière amère où l’arbre sans défense
rejoint dans la douleur ses vieux frères brûlés
 
paix juste
où vibre astre en voyage
l’espérance au combat qui se dresse en la ville
et monte vers la place au plu haut de la joie
où l’accueille le peuple aux vertes certitudes
 
où la douleur prend feu
et s ‘affirme en la nuit
douceur possible à tous les âges
où l’homme est ce destin qui ordonne le monde
 
paix à toute herbe jeune à toute fleur de sang
à toute gloire en fête
à toute joie terrestre
à toute fleur d’amour
à tout homme sur terre
qui se décide à vivre au plus haut de soi même
 
paix au soleil qui naît sous la poussée du sang
orgueil simple et fragile enfance et nouvel âge
chanson de pluie à vivre
dernier mystère à rendre
clair à chanter ce monde
premier chant de racines
où l’innocent grandit sans nul outrage d’ombre
et scande
au rythme du meilleur espoir
un jour de neige à vivre où prie un oiseau bleu
 
paix au soleil qui monte arbre au vertige humain
où vibre étoile en acte
l’oiseau qui se répète enfance
dans la journée lucide où chante un travailleur
 
paix au soleil qui naît malgré le sang l’ordure
la peine d’être
que laisse en son chemin le bourreau sans visage
de ne plus être au soir où le peuple se crispe
l’éclair atroce et bleu qui ronge notre espoir
dans les ruines du crime
 
je grandis dans un geste
 
je chante en verger clair l’âpre désert de vivre
et donne
terre fertile au siècle
qui s’abreuve en nos yeux gagnés de jour utile
et résonne en tout lieu de neige et de justice
où le peuple a franchi les frontières du crime
 
terre fertile au siècle
soleil
que son travail suscite au plus haut de sa geste
où le ciel est plus clair que la blanche cascade
qui ruisselle en sa main et se change en lumière
 
paix au travail de tous
journée rugueuse à vivre
terre armée de confiance
travail
que brûle un maître froid pourri de mort infecte
je meurs triste habitant d’une étoile en déroute
 
paix à la ville claire au ciel fou d’hirondelles
je reste
éclair de sang
la joie des lendemains aux spectres fous d’azur
qui s’éveille en vous tous dire la nuit nuptiale
et vous colle à la peau comme un reste de lèpre
 
que la mort reste au loin cendre la bouche nue
et que l’herbe se nomme herbe au printemps serein
il passe en moi fébrile
la peur d’être un fantôme
la peur
où nous perdons le signe
le sens du signe qui nous nomme
peuple au soleil blessé de grande lune étrange
qui partage avec l’aube
le pain chaud de la joie et nous somme en secret
de luire
hors de la mort néant triste et confus
pour prouver que l’amour est le meilleur partage
 
paix à la source amère au long chagrin de pierre
qui sourd de ma démence d’arbre au vieux tumulte
et pleure en nous sa joie
grande flamme en charpie où notre ancêtre pleure
d’être larme et silence
oiseau lucide et franc
fleur à sauver de l’ombre au refrain de couteau
où notre astre luisant entre des mains de fable
reconnaît le printemps qui saigne à la fenêtre
 
espoir
jardin surpris de givre
délivre
un chant d’oiseau mortel qui multiplie nos mains
dans la promesse d’être un faste à notre taille
 
paix à la vigne en sang où nous dansions l’amour
comme herbe sous le vent au cri d’étoile en sang
où la couleur nous parle en l’arche du printemps
des grâces que l’amour nomme au jour qui se lève
 
paix à vous bonnes gens que la lumière espiègle
enferme dans son cercle où l’arbre humain côtoie
mille étranges démons jaillis des steppes noires
où nous errions sans halte au temps de notre peur
 
terre à vivre en silence ouvre en nous son matin
 
paix à vous bonnes gens corps surpris de silence
qui rentrez dans la nuit où l’espoir vous allume
vous qui parlez de nous au soir de transhumance
où l’ombre ennuie le sang dans le jour troglodyte
 
paix à vous bonnes gens que l’on traque de haine
que l’on tue sans regret au flanc du siècle noir
ombres de neige humaine au grand espoir de fable
vous qui parlez de nous dans l’herbe du printemps
sans croire à la laideur qui nous masque de brume
en ce temps de ciel noir où l’ombre tue le chant
 
tissons
tissons d’amour un songe où n’entre pas la haine
ô neige qui nous brûle au soir de feinte ivresse
où l’on saigne de peur prés de la source éteinte
 
tissons
tissons d’amour un songe où n’entre pas la haine
qui rôde autour de nous comme un spectre de sang
 
paix à l’herbe engourdie dans la nuit sans rivage
paix à la ville en croix sous le sac et la cendre
paix à l’abeille en joie au miel heureux de vivre
 
la fleur brise la pierre
la fleur gicle du nombre
 
la vie gronde en la houle
qui nous emporte au large
 
l’enfant cherche sa mère
engloutie dans son ombre
 
la suie perd son courage
j’écris vivre en la mort
 
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