La mémoire parle :
à propos de La Mémoire des temps de Bouthaïna Azami-Tawil. 

 

 

L’historien de la littérature a souvent eu recours aux périodisations par datation afin de situer dans le temps l’émergence d’un phénomène littéraire. En ce qui concerne la littérature maghrébine de langue française, les périodisations ne manquent certes pas [1]. Ce sont les critères des périodisations qui ne prennent pas toujours en compte l’autonomie (ou l’indépendance, selon les points de vue) du champs littéraire par rapport aux autres champs. La date de publication d’un texte littéraire, par exemple, ne peut être un critère suffisant pour « dater » la naissance d’un phénomène littéraire. Cependant, elle est primordiale dans un recensement bibliographique qui permettra de déterminer les moments où un phénomène littéraire a pu franchir le seuil des institutions et, par conséquent, acquérir une reconnaissance institutionnelle. 

La naissance de la littérature féminine au Maghreb n’est pas forcément liée au premier texte publié par une femme maghrébine. Le militantisme, fort louable, de la cause féminine ne doit pas se confondre avec un « maternalisme » (ou paternalisme) qui intègre dans le littéraire toute parole féminine sans se soucier de sa littérarité. C’est surtout le regretté Jean Déjeux qui faisait de la publication des textes écrits par des Maghrébins un critère concluant à la naissance de la littérature maghrébine. C’est ainsi que l’auteur date la naissance de la littérature féminine au Maghreb avec Taos Amrouche par son premier roman Jacinthe noire écrit entre 1934 et 1939, mais publié en 1947 [2]. Bien qu’elle soit en accord avec Jean Déjeux sur l’année de publication du premier roman féminin de langue française au Maghreb, Christiane Chaulet-Achour souligne qu’il s’agissait d’abord de Djamila Debêche avec son premier roman Leïla, Jeune fille d’Algérie paru en 1947 et qui sera suivi en 1955 d’un deuxième roman, du même auteur, intitulé Aziza [3]

Cette brève allusion à la périodisation de la littérature féminine au Maghreb, montre que des voix de femmes étaient présentes au Maghreb, surtout en Algérie, pendant la période coloniale. Ce qui dément le discours politique algérien qui veut récupérer ces voix pour en faire une oeuvre de l’indépendance.  

De l’inconvénient d’être femme. 

Notre objectif n’étant pas l’analyse de ce discours, mais plutôt l’analyse d’un roman féminin, le travail qui suit sera davantage axé sur la difficulté d’être du personnage féminin dans La Mémoire des temps [4]. Ce roman retrace la vie d’enfant et de jeune fille de la narratrice. Il s’agit d’une petite fille qui passera par différentes épreuves dans son parcours. Elle servira de bonne, d’amie, de prostituée. Elle sera violée dans son corps et sa mémoire. Mais elle trouvera dans le personnage de Sarah, la petite fille de la Maîtresse de la maison où elle travail, l’autre versant du monde. Un monde de pardon et de douceur : l’opposé de l'univers cruel où elle a vécu. 

La petite « bonne », qui s’est faite en quelque sorte « l’ombre » de Sarah, suscite à chaque fois des « présences » pour permettre à sa parole de se dire. La présence des autres, souvent par procédé analeptique, permet à la petite « bonne » de représenter l’univers de la fiction où le dedans et le dehors ne fonctionnant plus selon une démarche dichotomique, mais selon des paramètres analogiques. Autrement dit, le dedans et le dehors sont imprégnés d’hostilité dans leur configurations chronotopiques. L’évolution de la narratrice se fait dans la passivité puisqu’elle subit le temps des autres et se trouve entraînée dans leur univers spatial. Elle n’a pas son espace à elle. Elle n’arrive pas à le délimiter malgré ses tentatives. Alors son univers se construit en convoquant la mémoire des autres notamment celle de Mère Légende qui, sur le plan onomastique, est déjà surdéterminée comme machine narrative productrice de fictions. Dans le roman, son rôle est justement la narration des légendes qui constituent des micro-récits sous forme de digression par rapport au récit premier.  

Aux seuils était la mémoire.

Le récit s’ouvre dès son titre sur l’indexation de la mémoire dans sa relation aux temps. Le pluriel n’est pas fortuit car les temps qui jalonnent le texte renvoient à la narration, à l’histoire de la narratrice et aux contes relatés par Mère Légende. Ces contes s’inscrivent dans un temps transhistorique où toute détermination sur l’axe temporel est impossible. Quand Mère Légende raconte, elle commence par la formule rituelle « il était une fois » qui renvoie à un temps mythique où le commencement est insaisissable et la fin indéterminée..

L’espace du titre inscrit une dimension pléonastique où le temps est doublement évoqué : d’une part, par pluriel comme la photographie de couverture nous présente le pluriel d’une chevelure vue de derrière, sur laquelle des doigts indéterminés s’agrippent comme pour l’arracher. L’iconographie de la première de couverture, ajoutée au titre, nous renvoie d’entrée de jeu à l’arrachement que vit la narratrice par rapport à son enfance saccagée, kidnappée [5]. La convocation de la mémoire n’est pas fortuite car il s’agit d’un territoire qu’on ne peut délimiter [6]. D’où la sélection nécessaire qui s’opère lors de la narration. Sélection qui n’échappe pas à la censure de l’inconscient. Mais c’est justement à travers cette mémoire sélective que la narration devient une entreprise possible pour la narratrice dont l’enfance féminine a été saccagée. Ses liens avec l’univers (de la fiction) sont profondément marqués par le contenu de cette mémoire. Mémoire mutilée qui produit un sujet morcelé, clivé, en quête de la complétude et de l’éternel (p.103). cette quête se fait à travers son parcours narratif où interviennent des acteurs comme Sarah -à laquelle la narratrice s’identifie parfois-, Mère Légende -substitut de la mère biologique-, le fils de l’épicier -objet de désir avorté- et le bordel -espace où la relation sujet/objet s’établit à la marge de la Norme et où la découverte de soi se fait dans la marginalité. La mémoire sélective évoque donc les marges non dites de la société [7]

La phrase-seuil prolonge le titre, en restant toujours dans le paradigme du temps, à travers le lexème « souvenirs » et met en relief cet arrachement évoqué ci-dessus : « Je ne me souviens plus du visage de ma mère. Juste de ses larmes le jour où on est venu m’arracher à la chaleur de son sein fatigué » [8]. L’évocation des souvenirs donne à la narration une allure intimiste qui mime l’écriture de soi puisque la narratrice s’attache à relater les événements quotidiens qu’elle avait vécus dans son enfance. Elle n’est pas seulement sujet de l’énonciation, mais aussi -à travers une poétique de l’aveu- spectatrice de son propre vécu. Le je de la narratrice devient par là même point d’origine et objet en même temps [9]. la relation de ce vécu se fait au présent bien que la narratrice convoque des événements du passé. Elle cherche, à travers l’usage du temps présent, à « séjourner dans le présent » [10] pour mieux oublier la mémoire blessée et l’usure de son corps : « j’ai beaucoup de mal, aujourd’hui encore, à penser cette période de ma vie où j’ai laissé tant d’hommes user de mon corps sans plaisir ni dégout, avec une totale indifférence » [11].Cette «conscience du temps» permet de faire revenir les événements dans leur passé révolu, en accentuant l’écart entre l’immédiateté de la narration et le temps passé des événements vécus. Ainsi la narratrice (jeune fille) tente, en vain, de structurer son discours narratif sous l’autorité de sa voix émergente.  

La voix et le Moi. 

Ce personnage féminin cherche à être sa propre voix ; ce qui donne une dimension ontologique à son aventure narrative qui n’est jamais localisée dans un espace référentiel, contrairement à ce que la littérature maghrébine, en général, nous a habitué. Ce roman a réussi la maîtrise de l’échec de la femme dans sa tentative de positionnement comme voix à part entière dans un espace « phallocentrique ». L’échec est toujours souligné dans le roman par l’inachèvement des projets de la petite « bonne » (projet d’une liaison durable avec le fils de l’épicier, par exemple). Face à cet inachèvement des projets vient s’interposer l’écriture comme inachèvement. Ce qui est perçu comme perte chez le personnage devient un gain pour l’écriture car il n’est pas question de parler d’échec de l’écriture puisque l’inachèvement du roman devient une valeur compositionnelle de l’oeuvre. Les productions discursives incomplètes dans le roman se transforment en valeur positive car le récit qui est donné à lire est truffé de phrases inachevées qui marquent que « l’usage personnel et idiomatique importe plus qu’une langue utopiquement moyenne et parfaite » [12].Cependant, l’usage de la parole, qui met le je de la narratrice au devant de la scène, ne s’accomplit que dans un rapport d’altérité au point que la voix crée un semblant de dialogue quand il lui fait défaut [13].  

En effet, dès que la mémoire de l’autre se résorbe, la narratrice manque d’un espace de communication. Elle tente alors de produire des simulacres de lieux d’échange, comme le bordel, où la communication entre hommes et femmes est flouée, voire impossible en dehors d’une érotique dégradée des corps muets. La parole de la narratrice « vient constater un défaut, elle fonctionne comme une cure ; mais d’autre part, elle n’est que fiction : c’est elle-même qu’elle a en vue, elle invente sa matière sans arrêt » [14]. Cette parole lui permet d’aller à la quête de son enfance comme espace/temps de réconciliation avec soi. C’est le territoire à partir duquel elle tente de constituer sa voix en reconstituant sa mémoire. Or, à chaque fois, elle est frappée d’une sorte d’aphonie car sa voix négocie difficilement sa place dans le texte. La narratrice se donne, à travers son énonciation, comme un sujet « dispersé ». Quand elle a vécu une perturbante expérience de viol, la rencontre avec son moi s’est avérée problématique, voire impossible. D’où cette « inquiétante étrangeté » qui ramène le sujet de l’énonciation à se voir autre que soi : « je me suis immobilisé, la tête plaquée au sol, le souffle coupé par la surprise. Je me suis laissé faire ; je n’étais plus là, je n’étais plus moi » [15]. La conscience du sujet brouille la liaison des affects. Elle cesse de les réguler car l’angoisse est telle que le moi ne réagit plus par conversion face à l’agression. 

Le sujet de l’énonciation participe à la dramatisation (au sens aristotélicien du terme) de l’énonciation romanesque à travers un jeu qui met le moi face à l’autre et permet, à chaque fois, de générer le récit par la convocation de cet autre. Mère Légende est une figure qui ponctue le roman à travers les différentes légendes qu’elle raconte à la marge (au sens même typographique du terme) du récit principal. Ainsi la narration se trouve décentrée par ces intrusions marquant la marginalité d’une parole qui se met à reconstituer le malheur de son enfance et de sa vie de jeune fille. De ce point de vue, le récit suit un ordre chronologique.  

Oralité et socialité du conte. 

L’oral vient ici par sa dimension incantatoire, familière à la littérature maghrébine, suppléer aux insuffisances de la culture de l’écrit. Plus encore l’oralité du conte remonte à une généalogie (c’est la grand mère qui raconte les légendes) qui renvoie à l’origine, à la reconstitution de la mémoire où la mère prend une place importante. Non seulement comme « génitrice » biologique, mais aussi comme productrice du langage qui a parlé la narratrice avant sa naissance. Mais comme toute naissance est inénarrable par le moi concerné, elle a été tue dans le texte qui commence par un souvenir de visage aux yeux noirs d’où des larmes coulent. Ces larmes qui coulent fonctionnent doublement. D’une part, elles nous renvoient, par métaphore aquatique, à la scène de naissance et d’avant la naissance où l’enfant baigne dans le liquide et connaît le monde par « perte des eaux ». D’autre part, ces larmes indiquent la matière du désespoir (G. Bachelard) [16] car, dans le contexte énonciatif, la tristesse de la narratrice est mise en relief par une rhétorique du pathos assez dominante dans le roman. 

Ce pathos, qui imprègne par ailleurs les contes de Mère Légende, se manifeste dans la posture énonciative adoptée par la narratrice. Celle-ci est davantage portée sur la parole qu’elle adresse à sa mère dans un pseudo-dialogue où le « je » simule s’adresser à la « maman » pour reconstituer la « mémoire des temps » vécus dans la socialité imaginaire du texte : « Maman, j’ai tant pensé à toi cette première nuit où je me suis dit que peut-être je n’aurais jamais dû grandir » [17] ; ou encore cet extrait où Mère légende et la mère de la narratrice se confondent : « Mère légende, ma mère. Je te chercherai, je te retrouverai... » [18]

Cette reconstitution se fait à travers son vécu d’enfant certes, mais surtout par le biais du monde des contes dans lequel Mère légende la plonge. Ces contes participent à « la conjoncture existentielle » de la narratrice puisqu’ils lui dispensent, à travers une énonciation orale, un savoir implicite. Ces contes qui entrecoupent le récit principal aident la narratrice à établir une « cohérence dans le tumulte de ses sentiments » à travers « le spectacle des aspects tangible du bien et du mal » [19]. En outre, la narratrice arrive, par son activité d’écoute, à établir un contact de parenté imaginaire avec Mère légende qui, comme nous l’avons souligné dans l’extrait cité ci-dessus, est « assimilée » à la figure maternelle. 

Ces contes servent aussi de « laboratoire social » car ils renvoient à la condition féminine au Maghreb. Là encore l’importance de l’événement dans la littérature maghrébine se lit aisément. Nous irons jusqu’à dire qu’il constitue un élément définitionnel de la littérarité des oeuvres littéraire du Maghreb. Nous savons par ailleurs que la littérarité, telle que définie par Jakobson et les textualistes, n’est plus de mise aujourd’hui. Le textuel à lui seul ne peut définir la littérarité. D’autres éléments extratextuel (contexte social, fonctionnement du champ littéraire et, dans le cas du Maghreb qui nous intéresse ici, le référent historique social et politique) participent à une définition globale de la littérarité. Il s’ensuit que les contes relatés par Mère légende dans La Mémoire des temps commencent toujours par l’inscription de la femme dans le contenu narratif. Ces contes mettent en relief la difficulté d’être femme dans un contexte social phallocratique. Citons en guise d’exemple les extraits suivants : « Il était une fois, il y a bien longtemps dans la nuit des temps, un couple de pauvres gens qui avait deux filles, au grand désespoir du père qui avait cessé d’espérer l’arrivée du garçon qui assurerait la pérennité du nom et surtout un peu plus de pain dans la maison » [20] ; ou encore cet extrait qui met en scène les femmes quand elles sont loin du regard de l’homme et qu’elles sortent de leur soumission : « A l’abri des regard des hommes, le petit muet voyait les femmes tabou devenir soudain femmes liberté, et il s’étonnait de cette liberté avec laquelle elles faisaient fuser les mots et bouger leurs corps. Elles n’étaient plus ni femmes démons ni femmes bénies mais femmes, tout simplement, regards miroirs, femmes reflet dans un regard de femme loin des regards prison » [21] ; ou, enfin, le début d’un autre conte dans le roman qui annonce la dysphorie de la naissance féminine : « Il était une fois une petite fille qui naquit sous de mauvais cieux » [22]

Ces contes produisent du sens à partir du « déjà-là du monde ». Ils renvoient, par la morale qu’ils véhiculent sur la condition féminine, à la société où l’homme chosifie la femme et refuse de reconnaître sa capacité d’être autonome. Dans le premier conte un époux dit à son épouse qu’elle serait incapable de se débrouiller mieux que lui pour gagner de l’argent : « la réaction de son homme ne se fit pas attendre : -Et comment t’y prendras-tu, pauvre folle ? Crois-tu pouvoir faire mieux que moi ? » (p.16). 

Le choix des lexèmes qui désignent l’époux changent selon la posture énonciative adoptée par le « couple ». Quant l’épouse interpelle son époux pour lui dire qu’elle chercherait à gagner de l’argent, Mère légende désigne l’époux par le lexème « mari ». Mais quand celui-ci s’adresse à son épouse, la désignation change en « son homme ». Ce changement de désignation est intentionnel car l’époux adopte effectivement une attitude qui, par la force illocutoire de son énonciation, le place dans une situation supérieure par rapport à son épouse. Ainsi, l’extrait ci-dessus montre le regard infériorisant porté sur la femme : Le système phallocratique ne peut concevoir que la femme puisse être et faire mieux que l’homme. La fonction du discours produit par l’époux assigne implicitement à son épouse « une place dans le système social des places » car « en accomplissant un acte de langage (...) le locuteur dit aussi à l’interlocuteur (et tente de lui faire accepter) ce qu’il est pour lui et ce que lui l’interlocuteur, doit reconnaître que le locuteur est pour lui » [23]

L’intrusion du conte est doublement fonctionnelle. D’une part, en tant qu’élément structurellement autonome par rapport au récit principal, le conte permet ici de participer au projet idéologique du texte : il inscrit la prise de parole de la femme sur la femme. D’autre part, il situe l’écriture du roman dans cette tradition littéraire maghrébine qui mime l’oralité du conte. Le texte s’inscrit, par là même, dans un rapport direct avec le lecteur puisque la médiation écrite semble camouflée. Ce camouflage permet la surdétermination du récit par les traces de cette oralité qui interpelle son destinataire. 

 

Loin de se positionner dans l’univers du récit, la voix excommuniée de la narratrice vit de sa marginalité. Le clivage de cette voix tente de trouver remède par la convocation de la mémoire : celle de la narratrice et des autres personnage du roman, notamment Mère Légende. Il y a certes la mémoire narrative avec son stock de souvenirs, mais aussi la mémoire culturelle. L’intrusion du conte dans le roman est révélatrice à cet égard. Elle permet de modéliser un système artistique oral dans la culture de l’écrit, en l’occurrence le roman. L’oralité du conte rejoint donc la voix de la narratrice qui fait parler sa mémoire et celle des autres. Non seulement les personnage, mais aussi l’autre du roman : le discours social qui se veut comme murmure à la marge du discours officiel. C’est ainsi que le conte, et au-delà le roman, sert de laboratoire social où le réel est esthétisé par l’expérimentation de divers mondes possibles dans la fiction. 

Khalid ZEKRI

 



[1] Abdelkebir Khatibi, Le Roman maghrébin, Paris François Maspero, 1968 (réédité en 1979 chez SMER à Rabat) ; Jean Déjeux, Maghreb, littératures de langue française, Paris, Ed. Arcantère, 1993 et  Christiane Chaulet-Achour, Anthologie de la littérature algérienne de langue française, Paris, ENAP-Bordas, 1990.

[2] Jean Déjeux, La Littérature féminine de langue française au Maghreb, Paris, Karthala, 1994, p. 22.

[3] Anthologie de la littérature algérienne de langue française, op. Cit, p.39. Voir aussi un autre travail, fort intéressant,du même auteur intitulé Noûn, Algériennes dans l’écriture, Biarritz, Atlantica, 1998.

[4] Boutheïna AZAMI-TAWIL, Paris, L’Harmattan, 1998.

[5] Ce thème est commun aux écrivais du Maghreb femmes et hommes, francophones et arabophones. Pour les romanciers de langue arabe, voir Mohamed Zefzaf, Bai’at al-ward, ,Rabat, Ed.Okad, 1996(Texte non traduit en français. Le titre peut être traduit par La fleuriste) ; Mohamed Choukri, Le Pain nu, Paris, François Maspero, 1980 et Le Temps des erreurs, Paris, Seuils, 1994(ces textes sont traduits de l’arabe respectivement par Tahar Ben Jelloun et Mohamed El Ghoulabzouri) ; Ahlam Mestaghanemi, Dhakirat al-jassad (La Mémoire du corps), Beyrouth,  Dar Al-adab, 1998 et Fawda Al-hawass (Le Désordre des sens), Beyrouth , Dar Al-adab,1998. Pour les auteurs francophones on peut évoquer Taos Amrouche, Tahar Ben Jelloun, Assia Djebbar, Malika Mokadem, Rachid Boudjedra,Brick Oussaïd...Voir aussi l’étude de Nefissa Zerdouni, Enfants d’hier,Paris, François Maspero, 1979.

[6] Sur une approche des configurations sémantiques de la mémoire, on peut consulter avec interêt Jean-Yves et Marc Tadié, Le Sens de la mémoire, Paris, Gallimard, 1999.

[7] Cette marginalité n’est pas étrangère à la littérature maghrébine, en l’occurrence tangéroise. Notons que l’auteur est par ailleurs née à Tanger. Cette ville a donné des noms comme Mohamed Choukri, Mohamed Mrabet et Driss Ben Hamed Charhadi(pseudonyme) dont les textes ont été analysés par Marc Gontard, Le Moi étrange, Paris, L’Harmattan, 1993. Il faut dire que la littérature, en général, est un banquet de la Marge.

[8] La Mémoire des temps, op. Cit., p. 19. Soulignons que la présence (qui sera dans le roman une omniprésence) de la mère « fondatrice » dès le début du texte se situe aux antipodes de l’omniprésence du Père dans les romans maghrébins écrits par des auteurs hommes. Il serait peut-être hâtif de voir là les traces d’un « oedipe féminin » !

 

[9] Un  livre récemment publié développe cet question par rapport à l’écriture autobiographique dans une perspective philosophique : Louis Marin, L’Ecriture de soi, Paris, Puf, 1999.

[10] Eric Marty, L’Ecriture du jour : le journal d’André Gide, Paris, Seuil, 1985, p. 13.

[11] La Mémoire des temps, op. Cit., p. 134.

[12] Dominique Rabaté, Vers une littérature de l’épuisement, Paris, José Corti, 1991, p. 23. A propos de l’inachèvement comme valeur, voir Claude Duchet, « Notes inachevées sur l’inachèvement »  in Leçons d’écriture (Textes réunis par Almuth GRESILLON et Michaêl WERNER), Paris, Lettres Modernes MINARD, 1985, pp. 241-255.

[13] C’est aussi le cas de Sarah qui de temps en temps « tournaient la tête, fixant toujours le même point, vers un interlocuteur imaginaire »(p.100). C’est nous qui soulignons.

 

[14] Vers une littérature de l’épuisement, op. Cit., p. 33.

[15] La Mémoire des temps, op.cit., p.92. C’est nous qui soulignons.

[16] Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod, 1992, p.106 (l’édition originale : Paris, Bordas, 1969) et Malek Chebel, Le Corps dans la tradition au Maghreb, Paris, PUF, 1984, pp. 102-104

[17] La Mémoire des temps, op. Cit., p. 13.

[18] Ibid. p. 176.

[19]Bruno Bettelheim , Psychanalyse des contes de fées, Paris, Robert Laffont, 1976, p.16.

[20] La Mémoire des temps, op. Cit. P. 14.

[21] Ibid;, p. 44.

[22] Ibid., p. 59.

[23] Jean-Jacques Lecercle, La Violence du langage, Paris, PUF, 1996, p. 259.