Mourida Akaïchi : Quête
et théâtralité à travers les
romans de Mohammed Dib et Gassan Kanafani
Doctorat Nouveau Régime, Université
Lyon 2, 24 novembre 2000,
Directeurs de recherche : Charles Bonn et Floréal Sanagustin
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Conclusion, Bibliographie,
Annexes
Conclusion, Annexe et bibliographie
les romans de Dib et de KanafŒn¸ qui font l’objet de cette étude, incarnent la quête et la théâtralité
jusque dans leurs écritures. Les différentes étapes nous ont montré que tout
s’organise autour de ces deux thèmes. Les personnages dans leurs actions et
leurs réactions vont vers une quête, ils participent aux techniques dramatiques
par leurs déplacements, leurs gestes et leurs intonations. Tout l’art des deux
auteurs est mis en oeuvre pour l’illustration de ces deux thèmes. Celui de Dib
crée ces différents mondes de désir qui retiennent les personnages et les
incitent à s’engager dans plusieurs quêtes. D’une cité mobile, à une ville
merveilleuse, et à une fosse mystérieuse, l’auteur montre qu’il maîtrise cette
impulsion qui pousse à chercher et à aller jusqu’au bout de la recherche.
KanafŒn¸, lui, part d’une
situation et d’une réalité vécues pour inciter un peuple au changement et à
l’action. Son écriture privilégie le militantisme pour appeler à la révolte non
seulement le peuple palestinien, mais tout peuple opprimé. Les idées
libératrices de l’auteur, la blessure, la révolte, la lutte, la pensée, et
l’art d’écrire, tous ces éléments se rencontrent dans son être pour mener une
quête brûlante et imaginer une théâtralité qui porte l’éveil et le
changement.
En portant ainsi la quête, les deux écritures visent
la destruction des “ huis clos ”. Pour Kanaf¸n¸, ce “ Huis clos ” symbolise le silence et l’attente de son
peuple, alors que pour Dib, il représente les obstacles qui jouent contre toute
transparence du monde. Et si tout est teinté de théâtralité, comme l’a montré
cette étude, la destruction des “ Huis clos ” fait découvrir les
scènes où s’accomplissent tous les jeux
dont les plus significatifs sont la quête d’un sens pour Dib et celle d’un
affranchissement pour KanafŒn¸.
La spatialité et la temporalité ont une présence
essentielle dans les deux oeuvres. L’espace est, dans sa perte et son
occupation, à l’origine des deux écritures.
Sa représentation poétique chez KanafŒn¸ a pour origine dans l’amour et l’attachement que l’auteur et son
peuple éprouvent envers leur patrie.
Chez Dib, elle est plutôt inquiétude comme la quête
elle-même. Si l’espace dans la première partie de l’œuvre était en attente de
libération, dans le deuxième il figure comme lieu de solitude, de désarroi et
de condamnation. Plus problématique et plus douloureux, il ne cesse de
renouveler la douleur et incarne l’errance et la perte. La temporalité est elle
aussi spécifique à chaque œuvre. Dans les romans de KanafŒn¸, le passé et le présent s’entremêlent, mais l’écriture les porte en vue
de s’ouvrir sur un futur meilleur. Dans les romans de Dib, le temps révèle la
nature de la quête, et incarne sa durée et son inassouvissement.
La scénographie et la portée dramatique manifestent en
profondeur le côté théâtral du roman. La scène, qu’elle soit didactique,
divertissante et purifiante, ou encore tragique, affecte le personnage et agit
au niveau de ses actions et ses réactions. Elle offre aussi au roman son côté
représentatif et donc, une présence théâtrale. Et le discours est la composante
qui lui permet le caractère “ polyphonique ” et lui ouvre la voie du
dialogue. Créée par une quête insistante et douloureuse, la dramaturgie
engendre souvent une théâtralité tragique.
Ces différentes parties nous ont amené à une dernière
phase de l’étude qui voit le passage du roman à la scène. L’écriture
romanesque, jusque là mêlée de techniques et de composantes dramatiques, se
pénètre de théâtralité en reposant sur le rêve et l’illusion.
Ainsi, la quête demeure en attente d’un aboutissement
chez KanafŒn¸, et s’avère chimérique chez Dib. L’écriture dibienne
s’échappe non pour le geste même, mais dans l’attente d’une réponse et d’un
sens. Cette attente présente d’ailleurs un point de rencontre des écritures des
deux auteurs. L’écriture de KanafŒn¸ porte l’attente de l’action révolutionnaire qu’elle commence à
entrevoir, et par suite l’affranchissement aussi bien du peuple palestinien que
celui de tout autre peuple opprimé. Celle de Dib reste dans désir d’une réponse
fondamentale et originelle : celle qui touche le mot, le langage et
l’écriture.
La théâtralité célèbre en quelque sorte l’œuvre des
deux auteurs - le militantisme se fête chez KanafŒn¸ comme se fête la quête chez Dib - cependant, elle dépasse l’oeuvre
chez KanafŒn¸ pour toucher la vie et la fin ; et qu’y a-t-il
de plus théâtral que cette disparition tragique à la fleur de l’âge ?
KanafŒn¸ meurt en effet assassiné, déchiré, morcelé, les
membres de son corps dispersés. Toute sa vie trouve sa représentation ultime
dans cette disparition tragique. Comme sa vie, ses actions se sont mises en
scène à travers son écriture, sa disparition elle aussi se donne à voir, et
incarne la tragédie. Comme s’il voulait lui-même devenir théâtralité fatale.
Comme si son itinéraire quêteur nécessitait une fin scénique, comme si la
théâtralité de l’œuvre n’était qu’une préparation théorique et suspendue,
comme si l’écriture et les scènes
décrites ne lui suffisaient pas, n’assumaient pas sa philosophie et son
discours en attendant la vraie théâtralité. La disparition de KanafŒn¸ incarne le théâtre de tout son peuple, comme s’il aspirait à cette
ultimité où les militants finissent par rejoindre sur scène les martyrs !
Cette œuvre qui le tue et le ressuscite à la fois,
porte son destin et sa disparition comme si la théâtralité de l’écriture
exigeait une représentation plus concrète, plus puissante et plus tragique en
engageant sa personne même. KanafŒn¸ ne revient ni sur la scène de la vie, ni sur celle de l’écriture, mais
son œuvre continue à le représenter, à l’honorer et à mener sa quête à travers
le lecteur qui sait la déchiffrer.
Les œuvres de Dib et de KanafŒn¸, leur militantisme, leurs vies, et la mort de §assŒn KanafŒn¸ demeurent des
itinéraires où se mêlent la quête la plus puissante et la théâtralité la plus
tragique.
Dans
cette mise en scène, nous voulons montrer la manifestation de la quête et la
théâtralité à travers les épisodes les plus significatifs dans les deux
oeuvres.
La
rencontre de Sa“¸d, Safiyya, Myriam et «aldán/Dov dans De retour à HyfŒ[1], et le
dialogue qu’elle engendre, est le lieu d’une quête et d’une théâtralité que
nous choisissons comme “ toile de fond ” où nous ferons appel à
d’autres discours qui expriment l’itinéraire quêteur et théâtral.
“ Et
de la rue, montait un bruit de moteur, Myriam entra brusquement dans la pièce,
le visage décomposé ; c’était presque minuit, et la petite vieille femme
s’approcha à petits pas de la fenêtre ; elle écarta doucement les rideaux
puis annonça d’une voix tremblante : - C’est Dov. Il arrive !
Habel :
- Depuis deux soirs que je débouche du métro, que je me plante à ce carrefour,
que j’attends. C’est le deuxième soir. Que j’attends de voir ce qui va se
passer.
Les
pas sur l’escalier paraissaient ceux d’une jeune personne fatiguée ; Sa“¸d, nerveux, percevait ces pas un à un dans l’escalier,
depuis qu’il avait entendu claquer le portail en fer et glisser le pêne dans un
silence assourdissant, un long moment s’écoula, tel un silence chargé d’un
bruit insupportable jusqu’à la folie. Puis, il entendit le bruit de la clé dans
la porte, et c’est seulement à ce moment-là qu’il regarda Myriam et vit - pour
la première fois - qu’elle était assise là, tremblante et pâle. Il n’avait pas
le courage de regarder Òafiyya, il dirigea alors son regard vers la porte, et sentit la sueur
s’écouler brusquement de toutes les parties de son corps.
Le
bruit des pas dans le couloir était étouffé, et en quelque sorte dépité, puis
une voix hésitante se fit entendre comme affaiblie appelant “ Maman ”.
A ce même carrefour. Les
mêmes choses. Oui. Oui. Depuis trois jours que je m’amène ici. Depuis trois
soirs.
Myriam
trembla un peu, et frotta ses mains pendant que Said écoutait sa femme
sangloter, radieuse, d’une voix à peine audible. Les pas s’arrêtèrent un
instant comme s’ils attendaient quelque chose, puis la même voix se fit
entendre une autre fois, et lorsqu’elle se tut, Myriam commença à traduire
d’une voix tremblante et à peine audible :
- Il
demande pourquoi je suis au salon à cette heure tardive ?
Et les
pas se dirigèrent vers la salle, la porte était entrebâillée ; et Myriam
dit en Anglais :
-
Vient là Dov, il y a ici des invités qui veulent te voir.
La
porte s’ouvrit lentement, et au début on ne le voyait pas car la lumière était pâle
vers la porte. Mais le grand homme s’avança. Il avait un habit militaire et un
chapeau à la main. Sa“¸d sauta comme s’il était éjecté de son siège par un
courant électrique, il regarda en direction de Myriam et dit d’une voix
nerveuse :
-
Est-ce bien la surprise ? est-ce la surprise que vous nous réserviez
?
Òafiyya se tourna vers la fenêtre, couvrant son visage
de ses mains et on l’entendit sangloter d’une voix audible. Mais le grand homme
resta fixé devant la porte, regardant les trois autres avec inquiétude ; à
ce moment-là, Myriam se leva et dit lentement au jeune homme avec un calme
artificiel :
- Je voudrais te présenter tes parents....tes vrais
parents.
Le grand jeune homme avançant d’un pas lent, changea
brusquement de couleur et parut avoir perdu sa confiance en lui-même. Puis il
regarda son habit, puis Sa“¸d qui était debout devant lui en train de le fixer. Et
enfin, il dit d’une voix basse :
- Je
ne connais pas une autre mère que toi, en ce qui concerne mon père, il a été
tué à S¸naï voici onze ans, et je
ne connais pas d’autre parents que vous.
Sa“¸d recula de deux pas, puis regagna sa place et prit la
main de Òafiyya entre les
siennes ; il fut surpris - au fond de lui-même de voir comment il avait pu
retrouver son calme aussi rapidement. Et si quelqu’un lui avait dit cinq
minutes avant qu’il serait assis là avec ce calme, il ne l’aurait pas cru, mais
maintenant tout avait changé.
De
longs instants passèrent où tout était complètement calme. Le grand jeune homme
s’avança lentement : trois pas vers le milieu de la chambre, trois autres
vers la porte, puis de nouveau vers le milieu de la chambre. Il posa son
chapeau sur la table qui parut alors quelque peu incongru à côté du pot de
fleurs et les plumes de paon, voire comique. Brusquement, Sa“¸d eut une impression assistait à une pièce répétée
antérieurement. Il se souvint de scènes dramatiques incroyables vues dans des
séries B insipides.
Le
jeune homme s’approcha de Myriam et lui dit d’une voix qu’il voulait tranchante,
sans appel, pesant ses mots :
- Que
viennent-ils faire ? Ne me dis pas qu’ils voulaient me récupérer !
Et Myriam ajouta sur le même ton : - demande-leur.
Il se
tourna d’une seule pièce comme s’il exécutait un ordre, et demanda à Sa“¸d : - - Que voulez-vous, Monsieur ?
Sa“¸d garda son calme, ce que lui parut à ce moment-là
être une simple carapace cachant un bouillonnement intérieur. Et d’une voix
basse, il dit :
-
Rien. Rien....c’est simple curiosité, comme vous le savez.
Un
brusque silence régna alors que les sanglots de Òaffiyya s’élevaient encore comme s’ils parvenaient du
siège d’un spectateur bouleversé. Le jeune homme regarda Sa“¸d, Myriam, puis son chapeau sur le vase et il recula
comme s’il était poussé avec force vers la chaise près de Myriam, il s’assit :
- Non,
dit-il, cela est impossible, incroyable...
Et Sa“¸d demanda d’un calme surprenant :
- Tu
es soldat ? qui combats-tu ? pourquoi ?
Le
jeune homme sursauta brusquement :
- Tu
n’as pas le droit de poser ces questions. Tu es de l’(autre côté).
-
Moi ? je suis de l’autre côté ?
Il
éclata de rire et sentit qu’il se libérait à travers ce rire de tout le
chagrin, la nervosité, la peur, et l’affliction qui l’accablaient.
Il
voulut brusquement rire et rire jusqu’à ce que le monde soit bouleversé, ou
dormir, ou mourir ou se précipiter vers sa voiture, mais le jeune homme
l’interrompit sèchement :
- Je
ne vois pas ce qui vous fait rire.
- Moi,
je vois.
Et il
rit pendant un petit moment, puis se tut comme il avait explosé, et cela dans
son siège, appréciant le calme de nouveau, puis prit une cigarette dans sa
poche.
Le
silence régna longtemps et Òaffila, qui avait finalement retrouvé son calme, demanda d’une voix
basse :
- Ne
sens-tu pas que nous sommes tes parents ?
Personne
ne savait à qui elle s’adressait. Myriam n’avait sans doute pas compris, pas
plus que le grand jeune homme ; Sa“¸d ne répond pas ; il venait de finir sa cigarette
et se dirigeait vers la table pour l’éteindre. Pour cela, il était obligé
d’écarter le chapeau de sa place, il fit cela en souriant ironiquement et
regagna sa place.
A ce
moment-là, le jeune homme dit d’une voix totalement altérée :
-
Parlons comme des gens modernes.
Sa“¸d rit encore une fois :
- Tu
ne veux pas négocier, dit-il. N’est-ce pas ? Tu viens de dire que nous
sommes l’un et l’autre sur des rives opposées. Veux-tu discuter ou quoi ?
Òafiyya lui
demanda, émue :
-
Qu’a-t-il dit ?
-
Rien.
Le
jeune homme se leva, et parla comme s’il avait préparé ses phrases depuis
longtemps :
- Je n’ai
su que Myriam et IfrŒt n’étaient pas mes parents que depuis trois ou quatre ans . J’étais
juif depuis mon enfance. J’allais à la synagogue, à l’école juive, je mangeais
cacher et j’étudiais l’hébreu. Lorsqu’ils me dirent que je n’étais pas à eux,
rien ne changea. Et de même, lorsqu’ils me dirent plus tard que mes vrais
parents étaient arabes, rien ne changea. Non, rien ne changea. C’est sûr.
Finalement l’homme est une “ cause ”.
- Qui
a dit cela ?
- Dit
quoi ?
- Qui
a dit que l’homme est une “ cause ” ?
- Je
ne sais pas, je ne me rappelle pas...pourquoi demandez-vous ?
-
Pour la simple curiosité, en vérité, c’est parce que je pense à cela, à cet
instant.
- Que
l’homme est une “ cause ” ?
-
Exactement.
-
Alors, pourquoi vous êtes venu me chercher ?
- Je
ne sais pas. Peut-être parce que je ne
savais pas cela, ou pour en être plus sûr. Je ne sais pas, de toutes les
façons, pourquoi ne continuez-vous pas ?
Le
jeune grand homme marcha en croisant les mains dans son dos : trois pas
vers la pore et trois autres vers la table. Il semblait à cet instant avoir
appris une longue leçon par cœur, et lorsqu’il était interrompu au milieu, il
ne savait plus comment finir, se remémorant la première partie pour pouvoir
continuer,:
-
Après avoir su que vous étiez arabes, dit-il brusquement, je me demandais
souvent comment un père et une mère pouvaient-ils abandonner leur enfant de
cinq mois et s’enfuir ? Et comment d’autres peuvent l’adopter et l’élever
pendant vingt ans ? Vingt ans ? Avez-vous à ajouter, Monsieur ?
- Non,
dit Sa“¸d, laconique en l’invitant à continuer :
-
J’appartiens aux réservistes, je n’ai pas eu l’occasion de combattre pour te
décrire mon sentiment, mais peut-être, dans l’avenir prouverai-je ce que je
vais te dire :
- Je
suis d’ici, cette dame, c’est ma mère, et vous, je ne vous connais pas et je
n’ai pour vous aucun sentiment propre.
- Vous
n’êtes pas obligé de me décrire vos sentiments. Votre premier combat pourrait
être contre un soldat qui s’appelle «Œlid. «Œlid, c’est mon fils, j’espère que vous remarquerez que
je n’ai pas dit qu’il est votre frère. L’homme est comme vous l’avez dit une
“ cause ”, et la semaine dernière, «Œlid a rejoint lesFidŒiyy¸n. Savez-vous pourquoi nous lui avons donné pour nom «Œlid et non «aldán ? Parce que nous pensons vous retrouver, même après vingt ans.
Mais, cela n’est pas arrivé ; nous ne t’avons pas retrouvé : et je
crois que nous ne te retrouverons pas.
Sa“¸d se leva lentement. C’est à présent qu’il sentit qu’il était fatigué, et que sa vie s’était
écoulée en pure perte. Ce sentiment le conduisit à la mélancolie inimaginable.
Il sentit qu’il allait pleurer, car il savait qu’il avait menti et que «Œlid n’avait pas rejoint les FidŒyy”i¸n. En réalité, c’était
lui qui l’en avait empêché, et il l’avait même menacé de le renier s’il ne
l’écoutait pas et s’engageait dans la résistance. Les quelques jours passés lui
paraissaient un simple cauchemar qui se transforma en une vision terrifiante.
Était-ce lui qui menaçait son fils «Œlid de le renier quelques jours avant ? Quel
étrange monde incroyable ! Maintenant, il ne trouve rien pour se défendre
devant son reniement par ce grand jeune homme, sinon sa fierté de sentiment à
l’égard de «Œlid.
C’est «Œlid même qu’il avait empêché de rejoindre les FidŒ”iyy¸n à l’aide de cette autorité futile qu’il nommait paternité ! qui
sait, «Œlid pouvait profiter de son absence, et fuir à ©ayfŒ... Ah, s’il l’avait fait ! Quelle déception face aux valeurs
existentielles de rentrer à la maison et trouve «Œlid en train de l’attendre. Sa“¸d fit deux pas, et se mit à compter les cinq plumes du
paon qui étaient dans le pot de fleurs. Il regarde Myriam pour la première fois
depuis que le grand jeune homme était entré dans la salle,:
- Il se demande, dit-il lentement, comment des
parents peuvent laisser leur bébé dans le lit et s’enfuir... Vous ne lui avez
pas dit la vérité, madame. Et lorsque vous la lui avez dite, c’était trop tard.
Est-ce nous qui l’avons laissé abandonné ? Est-ce nous qui avons tué cet enfant
près de la synagogue de Bethléem dans le HadŒr ? Cet enfant dont le cadavre, comme vous l’avez dit,
était la première chose qui vous a choquée dans ce monde qui ignore et humilie
quotidiennement la justice. Peut-être que cet enfant était «aldán ! Peut-être ce petit être qui mourut ce malheureux jour, était «aldán. Si c’était lui, vous nous avez menti, c’est «aldán, il est mort, et celui-là n’est qu’un orphelin que vous avez trouvé
en Pologne ou en Angleterre.
Le
jeune homme se replia sur lui-même, écrasé sur sa chaise.
- Nous l’avons perdu, se dit Sa“¸d, mais sans doute, il est perdu lui-même après tout
cela, et il ne sera jamais comme il était voici une heure.
Cette conviction lui donna un sentiment ambigu de
soulagement inexplicable, et l’avait poussé vers la chaise du jeune
homme ; il se planta devant lui et lui dit :
-
L’homme est finalement une “ cause ”, c’est comme ça que vous avez
dit, ce qui est vrai, mais quelle “ cause ” ? C’est la
question ! Réfléchissez bien. «Œlid est aussi une cause, ce n’est pas parce qu’il est
mon fils. En réalité... Mais laissez ces détails de côté. Quand nous
rencontrons quelqu’un, cela n’a rien à voir avec le sang, ni la chair, ni
l’identité, ni les passeports... Pourriez-vous comprendre cela ?
Bien,
imaginons que tu avais accueillis comme nous l’avons rêvé pendant vingt ans -
avec les embrassades, les baisers et les larmes... - Cela aurait-il changé
quelque chose ? Si tu nous as accepté, t’accepterons-nous ? Que ton
nom soit «aldán, Dov, ou Ismaêl ou quelque chose d’autre. Qu’est-ce
cela change ? Pourtant, je ne ressens pas d’humiliation envers toi, tu
n’es pas le seul en tort, il est possible que ce tort commence à présent à
devenir ton destin, mais auparavant ? L’homme ne serait-il pas le fruit de son
éducation jour après jour et année après année ? Si je regrette cela,
c’est parce que je croyais le contraire vingt ans durant.
Il
revint d’un pas lourd vers sa chaise en
essayant de montrer qu’il était plus calme qu’il ne l’était vraiment, et rejoignit
sa chaise. Cependant les choses lui parurent à travers ces quelques pas vers la
table nacrée, différentes de ce qu’elles avaient été lorsqu’il était entré dans
cette salle pour la première fois quelques heures auparavant. Brusquement, il
se demanda : qu’est-ce la patrie ? Et il eut un sourire amer, se jeta
dans son siège comme quelque chose qui tombe d’elle-même. Òafiyya le regardait inquiète, l’interrogeant du
regard, et c’est seulement à ce moment là qu’il voulut discuter avec
elle :
-
Qu’est-ce que la patrie ? lui demanda-t-il.
Elle
recula stupéfaite en le regardant comme quelqu’un qui ne croyait pas ce qu’il
venait d’entendre ; puis lui demanda avec une douceur mêlée de
doute :
-
Qu’est-ce que tu as dit ?
- Je
demandais : qu’est-ce que la patrie ? Je me demandais cela avant un
instant.
Oui,
qu’est-ce que la patrie. Est-ce ces sièges qui sont restés dans cette pièce
vingt ans ? La table ? Les plumes du paon ? L’image de Jérusalem
accrochée au mur ? Le verrou de cuivre ? Le châtaignier ? Le
balcon ? La paternité ? la filiation ? Qu’est-ce que la
patrie ? «aldán ? Nos illusions
autour de lui ? Pour Badr al-Libda, qu’est-ce que la patrie ? Est-ce
la photo de son frère accrochée au mur ? je demande simplement.
Ed[2] :
- Comme lui, je ne me lasse pas de chercher le mot de l’énigme, de cette énigme
qui me nargue depuis le jour où j’ai posé le pied sur ce sol, tout en étant mis
régulièrement sur la touche, et alors j’ai l’impression de me battre contre des
fantômes,- le vide : de quelque côté que je me tourne.
Ed :-
Et la fosse, me suis-je fait du souci à son propos ! Je me demande bien
pourquoi, ce qui m’a excité en elle à ce point.
Ed :
- Au cours de ma précédente reconnaissance j’avais songé : “ Des
reptiles ? ça ne se peut pas ”. Mais à présent ? A présent si bêtes
il y a, elles se fondent admirablement dans la pierre et la preuve ne sera pas
facile à faire.
Ed :
- Des questions sans réponse, évidemment. Qu’est-ce qu’il a, cet endroit, sacré
nom, pour vous déranger ainsi, pour vous occuper le cerveau, et finir par
prendre toute la place ?
Òafiyya pleurait encore une nouvelle fois, et essuyait
ses larmes avec son petit mouchoir blanc. Sa“¸d se demandait en la regardant :
-
Cette femme a vraiment vieilli, elle avait passé sa jeunesse dans l’attente de
cet instant sans savoir qu’il est effroyable.
Il
regarda Dov, et il lui parut impossible que ce jeune homme puisse être le fils
de Òafiyya, il essaya de
trouver une ressemblance entre «Œlid et lui, mais il n’en trouva aucune. Bien plus, il
perçut un contraste entre eux, presque une opposition. Et il s’étonna de perdre
tout sentiment envers lui, et imagina que tous ses souvenirs de “ «aldán ” n’étaient qu’une poignée de neige sur laquelle avait brillé
brusquement un soleil brûlant qui l’avait fait fondre.
Il
regardait encore Dov lorsque celui-ci se leva brusquement et se tint devant Sa“¸d, martial comme s’il commandait un escadron de
soldats embusqués, et s’efforça de garder son calme :
- Cela
n’aurait pas pu arriver si vous vous étiez comportés comme doit le faire
l’homme moderne et conscient.
-
Comment ?
- Vous
n’auriez pas dû sortir de ©ayfŒ. Si cela n’était pas
possible, vous n’auriez pas dû laisser à tout prix un bébé au lit. Et si cela
était encore impossible, vous auriez dû essayer toujours de revenir...
Diriez-vous que cela était aussi impossible ? Qu’est-ce que vous avez fait
pour récupérer votre fils ? Si j’étais à votre place, je prendrais une
arme pour cela. Existe-t-il une raison plus forte ? Impuissants ! Impuissants !
Vous êtes enchaînés par ces lourdes chaînes d’arriération et de
léthargie ! Ne me dites pas que vous avez pleuré pendant vingt ans !
Les larmes ne ramènent pas les disparus ni les égarés, et ne créent pas les
miracles ! Toutes les larmes de la terre ne pourraient pas porter un petit
esquif, les parents chercheraient leur enfant égaré... Et vous avez passé vingt
ans à pleurer... C’est ce que vous dites maintenant ? c’est votre arme
futile et émoussée ?
Sa“¸d recula, stupéfait, blessé, il eut un haut-le-cœur,
tout cela pourrait-il être vrai ? (Ne serait-ce pas un simple rêve,
interminable et un cauchemar glauque s’emparant de lui comme une pieuvre
effrayante ? Il regardait Òafiyya dont l’hébétude tournait à la profonde déception, et ressentit
pour elle un profond chagrin. Et pour ne pas paraître sot, il se dirigea vers
elle et lui dit d’une voix tremblante :
- Je
ne peux pas discuter avec lui.
-
Qu’a-t-il dit ?
-
Rien. Si. Il a dit que nous sommes lâches.
Òafiyya demanda d’un air innocent :
- Et
c’est parce ce que nous sommes lâches, qu’il devient ainsi ?
Habel[3] :
- Qui tout nu affronte de nouveau la solitude, la férocité.
Une
espèce de nausée l’accablait. Un haut-le-coeur qui n’avait pas fini de lui
retourner l’estomac, et qui lui donnait l’impression d’avoir été déjà souillé.
Comme sa volonté souillée, son plaisir souillé, son amour souillé.
A ce
moment-là, Sa“¸d se tourna vers lui, il était encore debout, bien
droit ; les plumes du paon semblaient appartenir à un grand coq marron qui
se serait tenu là. Cette vue lui donna une stimulation inattendue, et il
dit :
- Ma
femme demande si notre lâcheté justifie ton comportement, et elle, comme tu
vois, reconnaît innocemment que nous sommes lâches. A partir de là, tu as
droit, mais cela ne justifie rien, deux erreurs ne font pas une vérité. Et s’il
en était ainsi, ce qui est arrivé à IfrŒt et MyriŒm aurait pu être raisonnable. Mais quand est-ce que
vous cesserez de considérer la faiblesse et les erreurs des autres ?
Ces
anciennes idées se sont usées, ces équations mathématiques bourrées de fautes.
Une fois, vous dites que nos erreurs justifient les vôtres, une autre fois, que
l’injustice ne se résout pas par l’oppression de l’autre. Vous utilisez la
première logique pour justifier votre présence ici, et la deuxième, c’est pour
éviter la punition que vous méritez. Il me semble que vous manipulez très bien
ce jeu subtil, et te voilà une autre fois, en train d’essayer de faire de notre
faiblesse le cheval de bataille que tu montes.. Non, je ne te parle pas en te
considérant comme arabe, et maintenant, je sais plus que tout autre que l’homme
est une “ cause ”, et non sang et chair que les générations héritent
comme échangeraient le vendeur et le client de la marchandise. Je te parle en
considérant que tu es finalement une cause. Juif, ou sois-tu ce que tu veux.
Mais il faut que tu perçoives les choses comme il faut... Et je sais qu’un
jour, tu comprendras ces choses, et tu comprendras que le plus grand crime que
tout homme puisse commettre, c’est de croire, même pour un instant que la
faiblesse et les erreurs des autres qui justifient son droit de vivre à vos
dépens et ainsi que ses erreurs et crimes...
Il
s’interrompit un instant, et regarda Dov dans les yeux :
- Et toi,
crois-tu que nous continuions à nous tromper ? Et si nous cessons un jour
de nous tremper, que te restera-t-il ?
Umm Sa“d[4] :
- Chacun dit maintenant : “ Je n’avais pas
l’intention ”.. . Pourquoi tout ce qui arrive, arrive-t-il ?
Pourquoi tu n’avais pas
l’intention ?
Et il
sentit maintenant qu’ils devaient se lever et partir, car tout était fini, et
il ne leur restait rien à dire. Il sentit à cet instant une nostalgie étrange
pour «Œlid et aurait voulu s’il pouvait s’envoler vers lui, le serrer, l’embrasser
et pleurer sur son épaule en échangeant les rôles du fils et du père d’une
manière singulière qu’il ne pouvait pas expliquer : - C’est cela la
patrie ? Il se le dit à lui-même et sourit, puis se tourna vers sa
femme :
-
Sais-tu ce que c’est la patrie Òafiyya ? La patrie, c’est que tout cela n’advient pas.
Sa
femme lui demanda, un peu inquiète : - Que t’arrive-t-il, Sa“¸d ?
-
Rien. Rien du tout. Je m’interrogeais simplement. Je cherche la vraie
Palestine. La Palestine qui est plus qu’une mémoire, plus qu’une plume de paon,
plus qu’un fils, plus que les gribouillages d’un crayon de papier sur le mur de
l’escalier. Et je me disais : - Qu’est-ce que la Palestine ? Il ne
connaît pas le vase, ni la photo, ni les escaliers ni Al-©al¸Óa, ni «aldán et malgré cela elle est
digne que l’homme prenne les armes et meure pour elle. Et pour nous, toi et
moi, c’est la recherche de quelque chose enfui sous la poussière de la mémoire,
et regarde ce que nous avons trouvé sous cette poussière, ... de la poussière encore
! Nous nous sommes trompés lorsque nous avons considéré que la patrie c’est
l’avenir et c’est là que se fit la divergence, et c’est comme ça que «Œlid voulut prendre les armes.
Ed :
- Je ne sais plus en effet sur quoi me rabattre, je ne sais plus quoi signaler
en haut lieu, je souhaite aussi revoir Orsol, qu’on me rende ma ville, que je
puisse rencontrer des visages qui me parlent, des visages dont je puisse faire
le tour, comme on fait chez nous pour le plaisir de la promenade le tour des
remparts, comme on boit du thé à l’ombre des platanes, comme on court au-devant
de la mer, affronte de la poitrine cette mer miterreinne notre vacillant sous
le poids du soleil, et ferme les yeux dans une obscure attente, puis reçoit le
choc de la vague.
Ed : - Il me reste Orsol s’il ne me reste plus de
famille et j’attends . Comment retrouvai-je Orsol après ces années
d’exil ?
Habel : - Mais ne vous trompez pas, nous sommes encore
en compte, vous et moi, la liquidation ne fait que commencer même. J’ai émigré,
mais vous ai-je quitté, Frère, ou quitté notre maison et ceux qui en seront
toujours l’âme ?
Ed :
- Rayonnante de blancheur immaculée ainsi que telle cité de légende dans toute
sa présence remémorée, ma bonne ville ne me semble pourtant pas pouvoir être
plus lointaine. Elle me manque.
Sa“¸d :- Des milliers d’hommes comme «Œlid ne s’arrêtent pas aux larmes versées pour des
hommes qui recherchent dans la profondeur de leur défaite les débris de leurs
cuirasses. Ceux-là regardent l’avenir, et c’est pour cela qu’ils corrigent nos
erreurs et celles du monde entier. Dov est certes notre honte, mais «Œlid est l’honneur qui nous reste. Ne t’avais-je pas
dit dès le début que nous ne devions pas venir... Et que cela nécessitait une
guerre ? Allons !
Abá Qays[5]
: - Je te dis qu’il ne reste plus de place pour un nouveau clou dans le mur de
mes illusions sur lequel je peux accrocher une promesse des voix que je n’ai
jamais entendues. Je me suis créé des oreilles pour entendre le monde, alors que
toi, tu n’es qu’un champignon tombé par hasard dans un marais des gens
vaincus...
Habel :-
Huit soirs de suite. Rien ne s’est passé. Et rien ne se passera probablement
jamais. Donner rendez-vous à sa propre mort. C’est peut-être ça, la première
erreur. L’erreur que je n’ai pas su éviter huit soirs de suite.
Sa“¸d : - «Œlid a compris cela avant nous... Ah, Òaffiyya.. Ah.. Il s’interrompit brusquement. Òaffiyya, sceptique, s’arrêta à ses côtés en pressant
son mouchoir, et Dov resta assis, abattu. Son chapeau était posé contre le vase
et paraissait pour une raison ou une autre, totalement comique. Myriam dit
lentement :
Myriam :
- Vous ne pouvez pas partir ainsi, nous n’avons pas suffisamment parlé à ce
sujet.
Sa“¸d dit : - Il n’y a rien à dire. En ce qui vous
concerne, ce fait était peut être un événement malheureux, mais l’histoire
n’est pas ainsi. Lorsque nous sommes venus ici, nous allions à contre courant,
je le reconnais, lorsque nous avons quitté ©ayfŒ, mais tout cela n’est que momentané. Savez-vous quelque chose
Madame ? Il me semble que tout palestinien payera un prix, j’en connais
plusieurs qui ont payé leurs enfants. Et je sais maintenant, que moi aussi,
j’ai payé un enfant d’une manière étrange, mais je l’ai payé comme prix... Cela
était ma première part, et c’est quelque chose qui est difficile à expliquer.
Il se
tourna, Dov était toujours replié dans sa place prenant sa tête des deux mains,
et lorsqu’il franchit la porte, Sa“¸d dit :
- Vous pouvez rester pour l’instant dans notre maison,
car c’est une question qui nécessiterait une guerre pour être réglée.
Il descendit les escaliers, fixant les objets, ils lui
paraissaient moins importants que quelques heures auparavant, et incapables de
provoquer une quelconque émotion en lui. Et il entendait derrière lui le bruit
des pas de Òaffiyya. Plus fermes
qu’auparavant. La rue était presque déserte. Il se dirigea vers sa voiture et
la laissa rouler, moteur éteint, puis au virage, il la mit en marche et se
dirigea vers la rue du roi FayÓal.
Il demeure silencieux le long du trajet et ne dit un
mot que lorsqu’il arrive aux terrasses de Ramallah ; à ce moment-là, il
regarda sa femme et dit :
- J’espère que «Œlid sera parti...durant notre absence.
- Umm
Sa“d : - Il reviendra
lorsque sa blessure sera cicatrisée. Il m’a dit qu’il ne faut pas que je
m’inquiète, car il me voit souvent là-bas.. Que veux-tu que je lui dise ?
Je lui ai dit : que Dieu t’aide et te protège.
Ed :
- Mais il y a ce repère du diable, comment l’oublier ? Il ne va pas avec le
reste, avec tout ça, il ne cadre pas et je ne peux pas faire (penser, me
comporter) comme s’il n’existait pas.
Habel :
- Encore ici. A ce carrefour. J’y reviens comme un assassin sur les lieux de
son crime... Depuis quatre jours. Plutôt quatre soirs. C’est le quatrième soir.
C’est le Quatrième soir et (j’en oublie Sabine ; Lily aussi) s’il n’est
pas du tout question d’assassin, il est au moins question d’un qui aurait pu y
laisser sa peau, je dirais même : aurait dû. Et qui attend.
Abá Qays : - J’ai fait de toi un homme malgré
toi ; je t’ai ôté de mes illusions comme un enfant qui enlève sa dent. Je
me suis délivré de toi, je t’ai vaincu, je t’ai rendu une poignée d’obscurité
que j’ai jetée dans un feu violent.. Je t’ai cassé sous un bâton sur lequel je
m’appuyais, j’ai passé ma vie dans l’espoir qu’il me donne l’impossible, je ne
te veux plus comme armure ni navire ni promesse.
“‹mir[6] :
- Tu étais une illusion, et tu es né illusion et tu as fini comme illusion. Me
voilà rendre mon sort et je le sens sur mes épaules...
Ed :
- Je ne bouge pas de mon fauteuil. Avec ce fantôme, cette idée de lui-même
qui lui fait face, il peut errer sans fin dans les solitudes glacées, courir
sans fin, puis je me lève.
Habel :
- Comme un assassin qui retourne invariablement sur le théâtre de ses forfaits,
sans être l’assassin. Comme un assassin, en me disant : les mêmes choses
aux mêmes endroits. Je reviens à ce carrefour, je rôde, je me plante comme cet
assassin, soir après soir. Rien n’arrive, rien ne se passe. Mais je suis là,
mais j’attends. Attends de voir ce qui va se passer. Et le fait apparent que je
me retrouve simplement dans mon quartier n’y change pas grand-chose, ou ne
devrait pas, d’abord parce que je suis plus souvent dans le quartier de Sabine
que dans le mien.
Ed :
- Mais il y a les nuits sans sommeil, les réveils en sursaut et en sueur, le
cauchemar avec son cortège de spectres, monstres, vampires buveurs de sang et
j’en passe.
Habel :
- Qui attend. Qui expose de nouveau sa vie.
Ed :
- Je suis retourné là-bas à la suite de cette conversation. J’y ai couru,
aucune force n’aurait pu m’arrêter.
Habel :
- C’est le dixième soir. On attend même quand il n’y a rien à attendre. On
attend sans attendre. Mais pas deux fois au rendez-vous. Et encore moins trois,
encore moins sept, encore moins dix. Aucune fois : une fois la chose, la
rencontre, le monstre, le phaéton maudit, passés. Je ne suis pas allé attendre.
Il n’y a rien à attendre.
Ed :
- J’y retourne, je ne peux pas y tenir, je cours à la fosse comme si je devais
encore m’assurer de sa réalité...
Habel :
- Je suis revenu. Je suis au même endroit. Les mêmes choses. Oui, oui. Les
mêmes choses aux mêmes endroits. C’est moi qui disais ça. Il n’y a rien à
attendre mais je suis revenu ce soir comme avant, comme les autres soirs.
Ed :
Retourner à la fosse ? Un jeu qui me paraît encore plus futile, plus
misérable que les autres désormais, je n’en vois soudain plus l’intérêt.
Habel :
- Je n’y suis pas retourné, ce soir. Je ne suis pas allé attendre. Il n’y a
rien à attendre. C’est la neuvième nuit. On attend même quand il n’y a rien à
attendre, quand on n’attend plus.
Ed :-
Et toujours pas de réponse. Ne plus savoir qui on est. Ne plus savoir son nom.
Habel :
- Questions sans réponse, réponses qui ne répondent à aucune question. Phrases,
phrases... Je m’efforce d’écouter ce verbiage.
Ed : - Même le nom que tu portes, ce n’est pas
ton nom. Vous le savez tous, hein, que votre nom n’est pas votre vrai nom, que
vous en avez un autre, que vous en avez un tas que vous vous donnez en dedans,
en cachette et qui sont vos vrais noms, mais pas celui qu’on vous donne, et ces
noms-là vous ne pouvez pas les dire.
Habel :
- ... Le monde parle toujours trop, s’épuise en paroles. Le monde, lorsqu’il
parle, se croit tenu de parler, ce n’est ni pour se faire comprendre, ni pour
se confier, ni pour détourner un danger, ni même pour dire quelque chose, mais
seulement pour parler. Habel : Parler en se cachant la figure. C’est ça
réfléchir : on voudrait que la parole se parle elle-même, libérée de
toutes ses chaînes et même du nom qu’elle porte, même du corps, même de la
voix.
Ed :- Et sans nom, me dis-je, ou si elle a un
nom, il doit être perdu, imprononcé, dans une arrière mémoire elle-même
retraite d’oubli.
Habel :
- Ce n’est pas arrivé. Rien n’est arrivé. Depuis six soirs. C’est le sixième
soir. Ce n’est pas arrivé. Et rien n’arrivera probablement jamais. Moi non plus
je n’ai pas su éviter l’erreur. Donner rendez-vous à sa propre mort !
- Sept
soirs d’affilée que je donne rendez-vous à ma propre mort, à ce carrefour. Sept
soirs. Ça aussi, il faut que vous le sachiez, Frère. Il faut que vous sachiez
tout. N’êtes - vous pas l’aîné et le plus sage, le plus avisé ? Ne
l’avez-vous pas montré en toute occasion, affaires de famille, affaires
d’autrui, et en toutes votre jugement ne s’est-il pas toujours révélé le
meilleur, une raison jamais prise en défaut, une chose tellement reconnue,
dite, répétée qu’il n’y a plus rien à ajouter ? Plus rien... Silence et
approbation ! Vous me comprenez, Frère.
Abá Qays : - Sais-tu Abd al-“ŒÕ¸ ? Il faut que nous fassions quelque chose, toi
et moi. Il ne faut pas que nous restions ainsi, nous ne pourrions pas continuer
même si nous le voulions. Il faut que nous fassions quelque chose.
- Nous
pouvons détruire la tombe du Saint, arracher son arbre et nous nous vengeons.
Nous pouvons frapper MusÕfŒ et l’obliger à se marier
avec Z¸na. Nous pouvons faire un
discours devant les foules des réfugiés qui font la queue pour prendre la
nourriture. Nous pouvons faire cela et plus... Nous pouvons regagner Ôayra... Ne pouvons-nous pas ?
Habel :
- Je suis à ce carrefour. J’attends. C’est le deuxième soir. Sabine aussi. Elle
attend aussi Au plaisir des coeurs, ce bistrot
où... Où je n’irai pas la rejoindre. Ma vie est peut-être arrivée là où elle
était attendue depuis longtemps. Depuis toujours. Je suis là. Tout n’a été
qu’attente : ce qui s’est produit dans l’intervalle , ce qui m’est arrivé,
ce qui dure encore et durera même un temps plus long ; ce temps, ce passé,
cette vie consommée. Seule la cassure, étoile invisible, a poursuivi sa route.
Sans doute va-t-elle se lever maintenant, apparaître dans toute sa fixité.
Avec
ses seules caresses, avec ses seules étreintes. Sabine compte le forcer dans
ses derniers retranchement avec sa seule ardeur, sa seule avidité, sa seule
dévotion, sa seule folie.
Ed :
- Je pense : quoi, la fosse ? Je suis condamné à la fosse ?
Umm Sa“d : - La vigne a bourgeonné, cousin, elle a
bourgeonné !.
OEUVRES FAISANT L’OBJET DE CETTE ETUDE
I.
ROMANS DE DIB
- Qui
se souvient de la mer. Paris, Seuil, 1962.
- La
Danse du roi. Paris, Seuil, 1968.
- Cours
sur la rive sauvage. Paris, Seuil, 1964.
- Habel.
Paris, Le Seuil, 1977.
- Les
Terrasses d’Orsol. Paris, Sindbad, 1985.
AUTRES OEUVRES DE DIB CITEES
Romans
- La
Grande Maison. Paris, Le Seuil, 1952.
- L’Incendie.
Paris, Le Seuil, 1954.
- Le
Métier à tisser. Paris, Le Seuil, 1957.
- Dieu
en Barbarie. Paris, Le Seuil, 1970.
- Le
Maître de chasse. Paris, Le Seuil, 1973.
Recueils
poétiques
- Formulaires.
Paris, Le Seuil, 1970.
- Omnéros.
Paris, Le Seuil, 1975.
- Feu
beau feu. Paris, Le Seuil, 1979.
II. ROMANS DE KANAFANI
Romans
RijŒlun fi al-Ðams (Des
Hommes dans le soleil). dans Al-”ŒÕŒr al-kŒmila, Beyrouth, Mu”assasat al-abªŒ× al-“arabiyya, 1963.
MŒ Tabaqqa Lakum
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Umm Sa“d (La
mère de Sa“d). dans Al-”Œ×Œr al-kŒmila, Beyrouth, Mu”assasat al-abªŒ× al-“arabiyya, 1969.
“‹”id ilŒ HayfŒ (De retour à ©ayfŒ). dans Al-”Œ×Œr al-kŒmila, Beyrouth, Mu”assasat al-abªŒ× al-“arabiyya, 1969.
Al Acma Wa al-”ÕraÑ (L’Aveugle
et le Sourd). dans Al-”Œ×Œr al-kŒmila, Beyrouth, Mu”assasat al-abªŒ× al-“arabiyya, 1972.
Al “‹Ñiq (L’Amant).
dans Al -”Œt׌r al-kŒmila, Beyrouth, Mu”assasat al-abªŒ× al-“arabiyya, 1972
AUTRES OEUVRES DE KANAFANI CITEES
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